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Hans Aumeier

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Hans Aumeier
Hans Aumeier

Naissance
Amberg, Allemagne
Décès (à 41 ans)
Cracovie, Pologne
Origine Allemagne
Allégeance  Allemagne nazie
Arme Schutzstaffel (1933-1945)
Grade SS-Sturmbannführer
Commandement Camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau i

Complexe concentrationnaire de Kaufering

Conflits Seconde Guerre mondiale

Hans Aumeier (né le et mort par pendaison le ) était un officier allemand de la Schutzstaffel (SS) au grade de sturmbannführer, impliqué dans les crimes nazis commis durant la Seconde Guerre mondiale par son rôle de commandant du camp de concentration Auschwitz I, de Vaivara et du complexe concentrationnaire de Kaufering.

Né à Amberg, il a tenté en vain de rejoindre la Reichswehr, puis devenait membre du parti nazi en , avant de gravir les échelons des sturmabteilung (SA) et des SS.

Après la guerre, Aumeier fut capturé, jugé à Cracovie, condamné à mort et exécuté par pendaison en .

Avant la Seconde Guerre mondiale

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Les premières années

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Né dans la petite ville bavaroise Amberg le , Hans Aumeier grandit dans un contexte de bouleversement politique et marqué par la Première Guerre mondiale ainsi que ses répercussions socio-économiques.

C’est ainsi qu’après quatre années d’école primaire (de à ) et trois années de secondaire, en , qu’il met un terme à son parcours scolaire. Sans qualification, il suit le même itinéraire que son père, il devient apprenti tourneur et ajusteur dans la manufacture de fusils locale[1].

En , Aumeier quitte la manufacture locale pour commencer à travailler dans une plus grande usine d’armement à Munich.

Au travers de la crise économique

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Deux ans plus tard, en , il tente en vain de s’engager dans la Reichswehr.

Il retourne alors à l’usine d’armement, à Munich. Il ne parvient toutefois pas à s’y installer, et, après avoir occupé des postes similaires dans d’autres usines d’armement à Berlin ou Cologne, il se retrouve au chômage.

Entre et , il enchaîne des emplois à un autre, parfois partiel, qui lui permettent à peine de subvenir à ses besoins. Cette période de précarité est due à la crise sociale et économique qui secoue l’Allemagne nazie[2].

Au sein du parti

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En , il adhère au parti nazi (sous le numéro 164755)[3] et rejoint la sturmabteilung (SA) dans la foulée (en ). Il devient alors chauffeur au siège du parti[4].

Il rejoint la schutzstaffel (SS, no 2700) en , même s’il ne correspond pas aux « standards de recrutement » ; par son apparence, Aumeier est petit, non éduqué, à une démarche négligée, une voix gutturale et des manières grossières[4]. Dès son intégration à la SS, il travaille au garage comme chauffeur et fait partie intégrante de l’équipe du reichsführer Heinrich Himmler[3].

Ses services lui permettent de gravir les échelons : en il est nommé oberscharführer et en , hauptscharführer[5].

Le , il rejoint la Totenkopfverband et est envoyé à « l’entrainement » pendant trois mois au camp de concentration de Dachau[4],[6]. À nouveau, il gravit les échelons et est nommé untersturmfürher, en obersturmfürher et en hauptsturmführer[3],[4],[5].

Durant l’été , il est affecté au camp de concentration de Flossenbürg, aux activités de garde et de surveillance. Alors que la guerre est à l'horizon, il tente de se faire transférer vers le front, dans une unité combattante, mais ses requêtes sont refusées. Il est contraint de rester dans son rôle au sein des Totenkopfverbände[4].

Pendant la Seconde Guerre mondiale

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Pré Auschwitz I

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Après avoir servi au camp de concentration de Flossenbürg de à , où il est responsable des opérations de surveillance et de gestion du camp, Hans Aumeier est transféré à Auschwitz I, où il va jouer un rôle central dans l'administration du camp.

Auschwitz I

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Le [7], Aumeier est transféré à Auschwitz, en tant que commandant du camp principal d'Auschwitz I, sous les ordres de Rudolf Höß.

Dans cette fonction, Hans Aumeier joue un rôle prépondérant dans l’instauration de la terreur au sein du camp numéro un en développant le recours aux méthodes les plus brutales contre les détenus et se distingue par sa brutalité et son zèle répressif, et est connu pour sa violence physique envers les détenus ; Aumeier introduit une atmosphère de peur dès les premiers jours de son mandat n'hésitant pas à ordonner des exécutions arbitraires, que ce soit par pendaison ou fusillade, appliquant des punitions, souvent de manière arbitraire.

« Aumeier instaura un régime à l'encontre des prisonniers qui était bien pire que celui de Fritzsch, bien que ce dernier ne manquât pas de cruauté non plus. Alors que Fritsch ne battait jamais lui-même les prisonniers, Aumeier le faisait et se promenait avec un fouet. »[8]

— Maliszewski Stefan

En plus de son rôle répressif quotidien, Hans Aumeier est personnellement impliqué dans de nombreux assassinats sommaires en supervisant et exigeant l'exécution de détenus. Aumeier se distingue par son zèle à appliquer la violence, même au-delà des attentes de ses supérieurs. Il est directement responsable de l'assassinat de 144 femmes fusillées le et de 168 prisonniers le .

« Le , se produit un événement exceptionnel à la compagnie disciplinaire.

Une révolte avec tentative d’évasion à la faveur d’un instant de confusion créée par une brusque averse. Revenus de leur surprise, les SS ouvrent le feu et, secondés par les kapos, tuent 13 détenus ; neuf réussissent néanmoins leur évasion.

Au cours de l’enquête qui suit, 20 sont mis à` mort par Hans Aumeier et Franz Hössler, et les 320 derniers sont finalement envoyés en chambre à gaz.

De nouveaux effectifs les remplacent aussitôt. »[9]

— Fondation pour la mémoire de la déportation, Mémoire Vivante

Le 18 août 1943[10], Aumeier est reconnu coupable de corruption et de vol d'or aux victimes du gazage[11] et est évincé d'Auschwitz sur ordre du commandant Rudolf Höß.

Après Auschwitz I

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Selon un rapport d'interrogatoire[4], Aumeier déclare qu'en mai, juin , alors qu'il est encore attaché à Auschwitz, il reçoit l'ordre de se présenter au chef supérieur de la SS et de la police « Ostland », l’obergruppenführer Friedrich Jeckeln.

Il est rattaché à la brigade de construction SS du 5e corps de panzers SS. Cette unité est chargée de construire des fortifications dans la région d'Oranienbaum-Leningrad et est placée sous le commandement de l'Organisation Todt.

Aumeier commande une unité de construction juive de quelque 7 000 hommes avec pour ordre de construire le camp de concentration de Vaivara en Estonie. Il en est nommé commandant jusqu'en [12],[11]. Sous Aumeier, la direction du camp a procédé à des sélections dont ont été victimes des hommes, des femmes et des enfants[13].

Après l'évacuation du camp, il est transféré, le , au groupe de combat (en allemand : Kampfgruppe) Friedrich Jeckeln, qui opère dans les environs de Riga. Il y fait sa seule expérience de combat sur le front, sur laquelle on ne dispose d'aucun détail.

En , Aumeier est envoyé au rapport auprès du gruppenführer Richard Glücks à Oranienburg, au camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen. Il est ensuite nommé responsable du complexe concentrationnaire de Kaufering, une série des camps annexes au camp de concentration de Dachau.

Hospitalisé en raison d'une ancienne blessure à l'œil, Aumeier ne peut rejoindre son ancienne unité et sa famille à Dachau. À sa sortie de l'hôpital, en , il est muté en Norvège, comme responsable d'un nouveau camp de concentration à Mysen. Il semble y avoir fait preuve d'une attitude totalement différente de celle qu'il avait à Auschwitz, en collaborant avec la Croix-Rouge et en libérant les prisonniers, le .

Arrestation, procès et exécution

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Aumeier est arrêté le [14] et extradé vers la Pologne en . Il y est jugé par le Tribunal suprême de Pologne à Cracovie, lors d'un procès qui se déroule du au . Au cours de celui-ci, il affirme que ni lui, ni les hommes sous ses ordres, n'ont jamais tué personne à Auschwitz et qu'il n'a jamais eu connaissance de l'existence des chambres à gaz[14] : il estime être jugé en tant que bouc émissaire de l'Allemagne.

Le , Aumeier est condamné à mort pour crime de guerre. Il est exécuté par pendaison dans l'enceinte de la prison de Montelupich[15] le .

Notes et références

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Références

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  1. (en) « Maj. Hans Aumeier (1906-1948) - Mémorial Find a grave » [« Maj. Hans Aumeier (1906-1948) - Mémorial Trouver une tombe »] Accès libre, sur fr.findagrave.com, (consulté le )
  2. André Orléan et Marie-Bénédicte Vincent, « À vos marks ! 1923, l’hyperinflation ruine l’Allemagne » Accès libre, sur France Culture (Radio France), (consulté le )
  3. a b et c (en) « Report on interrogation of prisoner: no. 211 Stubaf. Aumeier, Hans » [« Rapport sur l'interrogatoire du prisonnier : no. 211 Stubaf. Aumeier, Hans »], National Archives, Washington DC: RG.319 - IRR - XE.003245 Hans Aumeier (déclassifié pour Mr Irving, 24 avril 1993). Accès libre, sur Focal Point (fpp.co.uk) (consulté le )
  4. a b c d e et f (en) « Report on Interrogation of PW LD. 1135 Stubaf Hans AUMEIER » [« Rapport sur l'interrogatoire du prisonnier de guerre LD. 1135 Stubaf Hans AUMEIER »] Accès libre, sur Focal Point (fpp.co.uk), (consulté le )
  5. a et b (en) « Samurai Police 1109 : The deputy commandant of Auschwitz: Hans Aumeier (August 20, 1096 to January 28, 1948) » [« Samurai Police 1109 : Le commandant adjoint d'Auschwitz : Hans Aumeier (du 20 août 1096 au 28 janvier 1948) »], sur Samurai Police 1109 (soldierexecutionerprolifer2008.blogspot.com), (consulté le )
  6. Fondation Auschwitz & Mémoire d'Auschwitz, « Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz : N° 86 - janvier - mars 2005 » Accès libre [PDF], sur Fondation Auschwitz & Mémoire d'Auschwitz (auschwitz.be/), (consulté le )
  7. Certaines sources détaillent qu'il serait arrivé à Auschwitz le
  8. Supreme National Tribunal, « Vers la liberté - les évadés d'Auschwitz-Birkenau » dans « Témoignage dans le cadre d'une procédure judiciaire/pénale » (Dossiers dans l'affaire pénale des anciens membres de l'équipe SS du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau), Institute of National Remembrance, 05 juillet 1947, pp. 101–106
  9. Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, n°41
  10. Certaines sources parlent du 16 août.
  11. a et b (en) Tom Segev, Soldiers of Evil : The Commandants of the Nazi Concentration Camps [« Les soldats du mal : les commandants des camps de concentration nazis »], Grafton (réimpr. 1990), 304 p. (ISBN 978-0-586-20728-4)
  12. (en) Meelis Maripuu, « EHRI Personalities: Hans Aumeier » [« Personnalités de l'EHRI : Hans Aumeier »] Accès libre, sur European Holocaust Research Infrastructure (EHRI), (consulté le )
  13. Enzyklopädie des Nationalsozialismus [« Encyclopédie du national-socialisme »], vol. 2 : Lexikon (Lexique), Munich, Hermann Weiß (Deutscher Taschenbuch Verlag GmbH & Co KG, éditeur de poche allemand), , 4e éd., 777 p. (ISBN 3-423-33007-4)
  14. a et b (en) Juliette Desplat, The National Archives, « To those who forgive and forget too quickly… » [« A ceux qui pardonnent et oublient trop vite... »] Accès libre, sur The National Archives blog (blog.nationalarchives.gov.uk/), Richmond (Kew), (consulté le )
  15. (nl) « Aumeier, Hans » Accès libre, sur Trace of War (tracesofwar.nl) (consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Jeremy Dixon, Commanders of Auschwitz : The SS officers who ran the largest Nazi concentration camp, 1940-1945 [« Commandants d'Auschwitz : les officiers SS qui ont dirigé le plus grand camp de concentration nazi, 1940-1945 »], Atglen (Pennsylvanie), Schiffer Military History, , 256 p. (ISBN 978-0-764-32175-7, OCLC 1023277061).