Aller au contenu

Guerre belgo-néerlandaise

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Guerre belgo-néerlandaise
Description de cette image, également commentée ci-après
Le siège d'Anvers, en 1832, peinture d'Horace Vernet réalisée en 1840.
Informations générales
Date
(3 ans, 2 mois et 24 jours)
Lieu Belgique
Casus belli Révolution belge
Issue Victoire et indépendance belge
Belligérants
Drapeau de la Belgique Belgique
Royaume de France
Drapeau des Pays-Bas Royaume uni des Pays-Bas
Commandants
Drapeau de la Belgique Léopold Ier Drapeau des Pays-Bas Guillaume Ier

Batailles

Campagne des Dix-Jours
Bataille de Louvain (1831)
Siège de la citadelle d'Anvers (1832)

La guerre belgo-néerlandaise est un conflit qui opposa la jeune Belgique au royaume uni des Pays-Bas entre 1831 à 1833, à la suite de la révolution belge qui mena à la déclaration d'indépendance du pays le .

Elle débute par les émeutes du à Bruxelles à la suite de la représentation de la pièce de théâtre La Muette de Portici au théâtre de la Monnaie. Malgré un armistice imposé par les grandes puissances européennes de la conférence de Londres le , les combats reprennent le lors de la tentative du roi des Pays-Bas, Guillaume Ier, de reconquérir ses territoires lors de l'épisode de la campagne des Dix-Jours. Elle se conclut par la signature de la convention de Zonhoven le qui met fin aux affrontements officiels[1].

Naissance du royaume uni des Pays-Bas

[modifier | modifier le code]

Après la révolution française de 1789, les troupes révolutionnaires de la Première République envahissent, entre autres, le Benelux actuel (composé grosso modo des Pays-Bas autrichiens, de la principauté de Liège et des Provinces-Unies). Les territoires sont intégrés à ce qui devient rapidement le Premier Empire français sous Napoléon Bonaparte qui y créé des départements, notamment les neuf départements réunis qui forment les territoires de la Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas.

Toutefois, après de la défaite française lors de la bataille de Waterloo le , l'Empire est démembré et les puissances européennes victorieuses (Royaume-Uni et Prusse en tête) décident de créer un nouvel État sur les anciens territoires conquis par la France. Celui-ci devra être assez puissant pour contrer les éventuelles nouvelles ambitions françaises sans toutefois dépasser la puissance des états vainqueurs. Ils choisissent donc de regrouper les anciens différents territoires sous une monarchie dont le souverain sera Guillaume Ier de la maison d'Orange-Nassau.

Le , le congrès de Vienne ratifie la création du royaume uni des Pays-Bas.

Révolution et indépendance belge

[modifier | modifier le code]

Cependant, le mariage entre belges, luxembourgeois et néerlandais ne se passa pas comme prévu. Les deux premiers, majoritairement catholiques, se sentirent opprimés par les « hollandais » majoritairement protestants, notamment sur le plan politique, alors qu'ils représentaient la majorité de la population. De nombreuses discordes virent le jour, révélant de profondes disparités entre les deux peuples.

Le contexte révolutionnaire est également présent à l'étranger : la Grèce vient de se révolter contre l'Empire ottoman et d'obtenir son indépendance le . Plus proche, en France les 27, 28 et 29 eurent lieu les « Trois Glorieuses », révolution qui remet au pouvoir Louis-Philippe Ier dans ce qui sera appelé la monarchie de Juillet.

En Belgique, l'étincelle qui mit le feu aux poudres eut lieu le à Bruxelles, lors de la représentation de la pièce de théâtre la Muette de Portici de Daniel-François-Esprit Auber au théâtre de la Monnaie, le jour du cinquante-neuvième anniversaire du roi Guillaume Ier. En effet, cette pièce met en scène plusieurs protagonistes lors de la révolte de la république de Naples contre le joug espagnol en 1647. La petite république gagna son indépendance face au grand royaume. Il n'en fallut pas plus pour attiser la foule et les premières émeutes dans la capitale, puis bientôt dans d'autres villes belges.

Après les premiers combats et le début de la guerre, l'indépendance de la Belgique est proclamée le par le gouvernement provisoire. Après un premier plan de partage rejeté, l'indépendance du nouveau pays est reconnue par la conférence de Londres le 20 décembre de la même année.

Chronologie

[modifier | modifier le code]
L'arrivée du Corps franc liégeois à Bruxelles le , mené par Charles Rogier.
Sabotage de la canonnière de Jan van Speijk (nl) sur l'Escaut, pour éviter sa prise par les révolutionnaires belges le .
La campagne des Dix-Jours regroupe les principales batailles de la guerre, ici la bataille de Louvain, le .
Bombardement de la citadelle d'Anvers lors du siège de 1832.
De Franse Kroon (nl), à Zonhoven, où eut lieu la signature de la convention de Zonhoven, qui mit fin à la guerre.
  •  : Nouvelle convention de Londres qui rétablit les pourparlers entre les deux belligérants et lors de laquelle Belgique et les Pays-Bas s'engagent par convention à prolonger indéfiniment l'armistice, à respecter le statu quo et à garantir la libre navigation sur les fleuves.
  •  : Début des négociations de paix entre les deux pays à Zonhoven.
  •  : Signature de la convention de Zonhoven qui met officiellement fin à la guerre par la reconnaissance du royaume uni des Pays-Bas de la déclaration d'indépendance de la Belgique. Les forteresses de Maastricht et de Luxembourg restent toutefois occupées par des garnisons néerlandaises.

Après 1834

[modifier | modifier le code]
Le traité des XXIV articles, signé le .

Conséquences

[modifier | modifier le code]

Plusieurs places fortes stratégiques restèrent aux mains des néerlandais qui y maintinrent une garnison. Parmi elles, la citadelle d'Anvers, la forteresse de Luxembourg et la forteresse de Maastricht[9]. Alors qu'Anvers fut reprise en 1832 grâce à l'intervention de l'armée française, Maastricht resta un bastion néerlandais isolé (puisque le Limbourg était alors entièrement belge jusqu'à la signature du traité des XXIV articles, le ), entraînant de fréquentes incursions des soldats en territoire belge et de vives discussions lors des négociations de la convention de Zonhoven qui mit fin à la guerre. Luxembourg, quant à elle, devint membre de la Confédération germanique et la forteresse de la ville devint alors une « forteresse fédérale ». À cet effet, le roi des Pays-Bas (qui était également nommé grand-duc du Luxembourg) et la Prusse en partageaient l'administration. Alors que le roi Grand-duc restait pleinement souverain, la Prusse avait le droit de nommer le gouverneur de la forteresse et la garnison était composée d'un quart de soldats néerlandais et de trois quarts de soldats prussiens.

Territoriales

[modifier | modifier le code]
Au lendemain de la révolution belge de 1830, les frontières initiales du Royaume, incluaient l'actuel grand-duché de Luxembourg et l'actuel Limbourg néerlandais, jusqu'au avant le traité des XXIV articles signé le .

La frontière entre les deux nouveaux pays évolua via deux traités :

Le Grand-Duché de Luxembourg

[modifier | modifier le code]

Après avoir été annexé à la Belgique dès le , le Grand-duché de Luxembourg fut scindé en deux lors du traité des XXIV articles, signé le et sa partie orientale, de langues germaniques, fut rendue au grand-duc de Luxembourg, Guillaume Ier (également roi des Pays-Bas). Sa partie occidentale, de langues romanes, appelée le « quartier wallon » fut conservée par la Belgique et forme, depuis lors, la province de Luxembourg.

Scission du Limbourg

[modifier | modifier le code]

Autrefois province du royaume uni des Pays-Bas, la province de Limbourg, traversée par la Meuse, fut initialement belge de la révolution de 1830 jusqu'au Traité des XXIV articles de 1839 qui contraint le jeune royaume à rendre le grand-duché de Luxembourg ainsi qu'une partie du Limbourg.

La province belge du Limbourg, telle qu'elle existe aujourd’hui fut donc créée sur le territoire occidental de la province, tandis que sa partie orientale fut léguée à la Confédération germanique sous la forme d'un nouveau duché. Celui-ci sera ensuite rétrocédé aux Pays-Bas lors de la dissolution de la confédération en 1866 et devint l'actuelle province néerlandaise de Limbourg.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « La convention militaire de Zonhoven. », sur persee.fr
  2. « Bulletin trimestriel Le Marcheur de l'Entre-Sambre-et-Meuse, 45e année No 176,Juin 2005. », sur armfesm.be
  3. André Lépine, « Frasnes-lez-Couvin - Notes d’histoire. La paroisse », Cercle d'Histoire de Cerfontaine, no 363,‎
  4. « Affirmation de l'indépendance luxembourgeoise, 1815-1919. », sur cere.public.lu
  5. « La chute de la Citadelle de Liège en 1830. », sur 1830.be
  6. « Le Palais provincial luxembourgeois. », sur gouverneur-luxembourg.be
  7. « Biographie de Nicolas Mulledorf. », sur luxemburgensia.bnl.lu
  8. « Le Traité des XXVII articles du 15 novembre 1831. », sur mjp.univ-perp.fr
  9. « La Révolution belge a 185ans. », sur arch.be
  10. La convention militaire de Zonhoven, E. PANNEELS, page 2