Danaé (Blanchard)
Artiste |
Jacques Blanchard |
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Date | |
Type | |
Technique |
Huile sur toile |
Dimensions (H × L) |
93 × 130 cm |
Propriétaire |
Dépôt de l'État |
No d’inventaire |
1990-71 |
Localisation |
Danaé est une huile sur toile peinte par Jacques Blanchard (1600-1638) entre 1631 et 1633 et conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon en France. L’œuvre mesure 0,93 mètre de hauteur et 1,30 mètre de largeur. Ce tableau, dans l’objectif de Jacques Blanchard est destiné à un public d’amateur.
Historique de l'œuvre
[modifier | modifier le code]Il a été acquis par le musée des Beaux-Arts de Lyon en 1990 grâce à un achat dans le commerce d’art.
Thème
[modifier | modifier le code]Ce peintre a peint beaucoup de nus. C’est le cas de cette toile, où il reprend les caractéristiques des nudités mythologiques sensuelles. Ce tableau reprend le mythe de Danaé. Danaé a été emprisonnée dans une tour d’airain par son père, Acrisios, puisqu'un oracle lui a prédit qu’il serait tué par son petit-fils. Mais Zeus, parvient à pénétrer dans la tour sous la forme d’une pluie d’or. De cette union naîtra un enfant, Persée.
Danaé ne pourra dissimuler cet enfant à son père Acrisios qui, furieux, l'enfermera elle et son fils dans un coffre qu’il jettera la mer. Arrivés sur les rives de Sérifos, ils seront secourus par le roi Polydecte qui voudra épouser Danaé. Voyant Persée comme un danger, le roi l’envoie combattre la gorgone Méduse. Persée réussit à vaincre Méduse et revient vers sa mère. Il ramène la tête mortelle de la gorgone avec laquelle il changera le roi en pierre et réussit à ramener sa mère à Argos. Persée finira par tuer accidentellement son grand-père, Acrisios, réalisant ainsi l’oracle.
Description
[modifier | modifier le code]Le tableau de Jacques Blanchard traitant de Danaé rend compte de la beauté féminine et du désir du peintre de représenter la beauté féminine. Dans ce tableau, il y a l’évidente sensualité de Danaé qui est mise en avant ainsi qu’une part d’érotisme notamment grâce à la position du corps de Danaé et à sa tête penché en arrière. Mais aussi par le contraste entre le corps pâle de Danaé et le choix de couleur (les tons de rouge) des draperies sur lesquelles elle est allongée. Cela rappelle le travail de Jean Daret (1613-1668), peintre français.
Ce tableau a aussi un effet décoratif avec les draperies rouges aux liserés dorés et les couleurs chaudes qui donnent un effet somptueux. Ce tableau rappelle les peintures vénitiennes avec la composition en frise. Il est aussi empreint d’une évidente influence de Titien (Danaé, musée de Vienne), avec notamment l’accumulation des nuages et le profil de Jupiter surgissant dans les nuages. Mais, en même temps, il s’en démarque en plaçant de façon exactement antithétique la servante présente sur le tableau : derrière les jambes de Danaé.
De plus, Jacques Blanchard reprend l’ancienne tradition iconographique de la Renaissance en faisant apparaitre l’amour (l’ange), comme nous pouvons le voir dans l'œuvre de Rembrandt nommé Danaé. Cette toile fait partie d’un courant d’œuvres à caractères décoratifs et mythologiques.
Une autre version de Danaé de Jacques Blanchard existe au musée du Palais à Pouchkine (Moscou) mais c’est une version « plus habillé » de Danaé. Il y a aussi une légère différence au niveau de l’agencement des draperies. Jacques Blanchard aimait répéter ses compositions, c’est pourquoi d’autres versions de Danaé existent mais elles ont disparu et certaines ont été représentées en gravure par De La Court comme Danaé présente à Paris à la Bibliothèque nationale.
Contexte
[modifier | modifier le code]Pendant le XVIIe siècle il y a deux courants artistiques, l'art baroque et l'art classique :
L'art baroque se développe à Rome au début du 17e siècle. C'est l'art de la contre-réforme catholique. L'art devient un moyen d'exalter la foi catholique et une arme de reconquête contre le protestantisme. Toutes les formes d'expression baroques cherchent à produire une émotion sur le spectateur. Il produit un effet de spectacle, une prolifération excessive de formes, une richesse exubérante des coloris qui, pour provoquer l'émotion, ne recule pas devant les effets illusionnistes. Il privilégie la matière colorée et les formes en mouvement, les courbes, les métamorphoses. Il ne fait qu'indiquer des directions[1].
Il fait ressortir la lumière de l'ombre. En architecture, la profusion et la richesse des formes veulent impressionner et faire sentir aux fidèles la splendeur du royaume de Dieu et de son Église. En sculpture et en peinture, les artistes recherchent le mouvement en utilisant les courbes et les diagonales. Ils laissent libre cours à leur imagination. Ils veulent exprimer les sentiments et les passions par l'intensité des expressions et l'utilisation de couleurs chaudes. L'art baroque souligne le fait que le monde est inconstant, que le temps s'écoule et change les autres. Parti d'Italie, l'art Baroque s'étendra surtout dans les états catholiques d'Europe centrale des Flandres, en Espagne et au-delà en Amérique latine[2].
L'art classique se développe en France en réaction contre la démesure et l'extravagance de l'art baroque. Ordre, rigueur, équilibre, discipline, en sont les principes directeurs, aussi bien pour la littérature comme Boileau, Corneille, Racine que pour les arts plastiques comme Nicolas Poussin, Le Brun, Coysevox et l'architecture comme Louis Le Vau[2].
L'art classique est soutenu par le pouvoir royal de Louis XIV (création de l'Académie française pour la littérature en 1634 et de l'académie royale de peinture et de sculpture en 1648). L'esthétique classique est stricte. Elle enferme les formes dans des lignes droites, harmonieuses mais figées.
L'art classique veut être stable, profond et universel, comme le monde tel qu'on le rêve à l'époque de Richelieu et sous le roi Louis XIV. Il prétend établir les règles d'une beauté permanente, codifiée, et prône la hiérarchie des genres (peinture d'histoire, portrait, scène de genre, nature morte, paysage). Les peintres comme Nicolas Poussin, Philippe de Champaigne affectionnent les compositions statistiques et les couleurs froides exprimant le calme et une nature maîtrisée. Ainsi, que Charles Le Brun comme nous pouvons le voir dans l’œuvre Pandore menée parmi les dieux. En dehors de France l'art classique étendra son rayonnement à toute l'Europe princière et mêlera ses influences à celles du Baroque[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Patrick Weber, Histoire de l'art et des styles, Architecture, peinture, sculpture, de l'Antiquité à nos jours, Librio/Flammarion, Paris, 2005
- Véronique Gérard-Powell, in Baroque ou classique ?, Histoire de l'Art, 1000 - 2000, sous la direction d'Alain Mérot, nouvelle édition revue et corrigée, Éditions Hazan, Paris, 1999.
- Pierre Cabanne, in Le grand siècle du classicisme, Histoire de l'Art, du Moyen Âge à nos jours, ouvrage collectif, Larousse/VUEF, Paris, 2003
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- catalogues d'exposition
- Maitres anciens du XVIe au XVIIIe siècle, catalogue rédigé par Denis Coekelberghs et Jacques Leegenhoek
- Jacques Blanchard, catalogue exposition Rennes au , par Jacques Thuillier
- articles de revue
- Art de France, no 1 Paris 1961
- Quelques étapes dans la carrière de Jacques Blanchard, par Armelle Baron, dans Dossier de l'Art, no 45 .
- Connaissances des Arts, no 548