Entre le IIIe siècle av. et le vie siècle apr. J.-C., le territoire des Rèmes connaît de nombreux changements et bouleversements qui viennent modifier profondément les modalités d’occupation de ce territoire. Cette thèse a permis de dresser un bilan sur les campagnes rèmes au cours de cette longue période de 9 siècles. Au terme de ce travail, le recensement de 3 231 sites, dont 1166 établissements ruraux, a permis de réfléchir sur trois problématiques principales qui concernent la forme et le statut des établissements ruraux, leur environnement proche et leurs productions agricoles, et enfin, les dynamiques de peuplement et l’insertion de ces sites au sein des réseaux d’échanges et des marchés. À partir de critères morphologiques et statutaires, une typologie comprenant 20 catégories d’établissements ruraux datés entre le IIIe siècle av. J.-C. et le vie siècle apr. J.-C. a été réalisée. Ce classement montre la diversité des formes d’établissements présents sur le territoire des Rèmes, qui présentent principalement des activités agropastorales. Sur plusieurs siècles, ces établissements montrent une grande continuité morphologique et statutaire, notamment entre les périodes laténienne et romaine. Cette première partie a également permis de s’intéresser aux rythmes de peuplement en territoire des Rèmes et de constater qu’ils s’inscrivent dans les évolutions globales observées à l’échelle de la Gaule. Cette thèse s’intéresse également aux relations entre les établissements ruraux et leur environnement proche. La réalisation d’une typologie des principaux contextes environnementaux représentés autour des établissements a permis de comprendre l’évolution des choix d’implantation des sites au fil des siècles et les contextes pédologiques, géographiques et géologiques les plus recherchés. En fonction des périodes et des types d’établissements, les contextes environnementaux recherchés sont différents, même si la diversité des sols reste un critère important pour l’implantation d’un site. Ces résultats ont été confrontés aux données carpologiques et archéozoologiques disponibles. Étudié à l’échelle de fenêtres d’étude, l’ensemble de ces données montre que les établissements adaptent leurs productions à leur environnement proche, mais également à un contexte économique. Il a ainsi été possible de préciser les modes d’exploitation de certaines microrégions. Dans un dernier temps, cette thèse a consisté en une approche globale des campagnes en s’intéressant aux dynamiques de peuplement et aux liens entre les établissements ruraux, ainsi qu’à leur insertion dans les réseaux d’échanges. À travers l’analyse comparée de trois fenêtres d’étude, nous avons mis en évidence la continuité d’occupation du sol et des terroirs sur la longue durée, ainsi que la complémentarité des types d’établissements sur un même espace. Selon leur forme et leur statut, les établissements ruraux sont implantés différemment par rapport aux axes de circulation fluviaux et terrestres. Les liens avec les agglomérations laténienne et romaine ont notamment pu être étudiés à travers l’implantation des sites autour de la ville de Reims. À toutes les périodes, ce secteur est densément occupé et il constitue un point névralgique sur ce territoire. L’ensemble de ces résultats est confronté dans une dernière partie qui constitue une synthèse sur l’histoire des campagnes rèmes. Elle permet de mettre en perspective les résultats obtenus et elle complète ainsi un peu plus l’histoire des campagnes en Gaule, en montrant à la fois les spécificités de cet espace et les similitudes avec d’autres territoires.