Subartu XXXVI Mille Et Une Empreintes Un
Subartu XXXVI Mille Et Une Empreintes Un
F
H
Julie Patrier, Philippe Quenet & Pascal Butterlin
Mille et une empreintes. Un Alsacien en Orient.
Mélanges en l’honneur du 65e anniversaire de D. Beyer
(=Subartu XXXVI), Brepols, Turnhout, 2016
A4, sewn, xviii + 527 p.
Areas : Creta, Egypt, Greece, Iraq, Mesopotamia, Syria, Turkey.
Contents : 3rd millennium BC, 2nd millennium BC, 1st millennium BC, Akkadian Rituals,
Archaeology, Bilecik, Bronze Age, Chagar Bazar, Beer, Délos, Ebla, Edfu, Glyptic, History, Hittite,
Iconography, Jewellery, Khorsabad, Mari, Metal Work, Neo-Assyrian, Neolithic, Old Assyrian, Old
Babylonian, Oxus, Philae, Porsuk, Seals, Slavery, Statuary, Sumer, Tell Afis, Tell ‘Atij, Tell Iris, Tell
Kaškašok, Temple, Terqa, Tyane, Ugarit.
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ISBN 978-2-503-54926-2
D/2016/0095/249
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Sommaire
Jean-Marie Husser Retour sur le mariage sacré dans le culte de Melqart 161
v
Sommaire
Clelia Mora A Hittite Seal in the Ebnöther Collection, Schaffhausen (Switzerland) 349
Philippe Quenet Le petit temple du Ninive V final à Tell Kaškašok III, niveau IV 395
Isabelle Weygand Le thème des buveurs au chalumeau sur les reliefs estampés
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Dominique Beyer au pied du Massif rouge, Mari, 2009 (en haut),
lors d’une visite à Alaca Höyük, 2010 (en bas).
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Avant-propos des éditeurs
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Avant-propos des éditeurs
Beyer a tissé tout au long de sa carrière, dans les musées, à l’université, mais surtout sur les divers terrains
où il a travaillé au Proche-Orient – en Syrie, pour l’essentiel, mais aussi en Turquie, en Iraq et en Crète – et
son travail est loin d’être achevé, rappelons-le. Dominique Beyer est surtout pour la génération de ceux qui
l’ont suivi un modèle d’exigence face au terrain, mais surtout face à ces objets sortis des fouilles dont on
sait à quel point ils sont difficiles à interpréter.
Son approche de l’archéologie orientale est avant tout concrète en effet, et tous ceux qui ont eu la
chance de travailler avec lui ont apprécié la rigueur avec laquelle étaient conduites les fouilles et dirigés
les chantiers, des chantiers dont on voyait tout de suite en les fréquentant qu’ils n’étaient pas seulement
destinés à satisfaire un besoin de fouiller, mais, plus que tout, un besoin de lire et comprendre les vesti‑
ges archéologiques, quel que soit le degré de complexité créé par les complexes mécanismes de dépôt et
d’érosion qui caractérisent les tells. Fouiller sous sa direction ou en collaboration avec lui, c’est en effet
d’abord apprendre une discipline de travail faite de prudence et surtout d’humilité face à des vestiges qui ne
se laissent jamais aisément saisir. Cette discipline passe avant tout par la connaissance intime des vestiges
de briques crues, mais aussi des objets qu’ils recèlent. Elle passe surtout par de longues relations d’amitiés
et un amour profond pour le Proche-Orient, ses chercheurs et ses habitants.
Plus qu’un archéologue fouilleur, Dominique Beyer nous a appris l’art d’exploiter les objets issus des
fouilles, et travailler à ses côtés, à l’occasion notamment de la découverte des dizaines de scellement por‑
tant le sceau du roi Ishgi-Mari, découverts à Mari en 2000‑2001, a été une véritable leçon pour beaucoup.
Le travail de nettoyage, puis le patient travail de reconstruction des deux empreintes originales ont été
conduits en quelques semaines extrêmement intenses et tous ceux qui ont vécu ces journées se rappellent
à quel point on voyait la compréhension de l’histoire mariote se faire en direct, au fil de ses observations,
loin des grandes théories.
« Mille et une empreintes » nous a donc paru un excellent fil conducteur pour ce volume de mélanges
qui traduit la diversité des voies d’investigation que les travaux de Dominique Beyer ont affectée. On
y retrouvera ainsi divers thèmes ou champs de recherche qui ont animé son chemin. Retenons d’abord
l’iconographie, la glyptique syrienne et syro-hittite au premier chef. Mais le champ est plus large et com‑
prend à la fois la statuaire et la coroplastie ; les terrains ensuite, qu’ils se situent en Turquie ou en Syrie ;
des questions plus générales enfin, liées à l’évolution d’une discipline en pleine recomposition. C’est donc
un très grand plaisir de lui présenter ce volume. – Pascal Butterlin
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées
dans la glyptique paléosyrienne
Paolo Matthiae*
Le riche patrimoine iconologique de la glyptique paléosyrienne classique mûre et tardive, entre 1850 et
1600 av. J.-C., reste, sous bien des aspects, insuffisamment exploré. Malgré l’apparente homogénéité rela‑
tive des schémas iconographiques, le monde divin de Haute Syrie est attesté dans une variété remarquable
de compositions, en majorité rituelles, mais aussi mythiques. L’interprétation des caractères distinctifs de
chaque divinité et l’identification de l’identité des dieux et déesses représentés dans la glyptique du Bronze
moyen IB et II de Syrie1 ont toujours été, dans la littérature archéologique moderne, très prudentes, surtout,
il est vrai, en raison de l’absence presque complète de sources littéraires contemporaines. Les difficultés
redoutables que présente l’identification des lieux de production des sceaux-cylindres, même si d’importants
progrès dans cette direction ont été réalisés ces dernières années2, sont la source d’incertitudes légitimes,
sauf dans quelques cas exceptionnels, soit parce qu’il existe une documentation figurative qui puisse être
tirée des pièces de mobiliers de temples contemporains, soit parce qu’une proposition d’identification est
possible sur la base de l’existence d’iconographies divines liées à des lieux de culte historiquement établis3.
Une de ces exceptions est sans aucun doute constituée par l’iconographie paléosyrienne de Hadad et Khé‑
bat dans sa forme spécifique émanée des ateliers royaux du royaume même de Yamkhad. L’identification
de l’iconographie de la déesse est assurée par le témoignage des empreintes des cylindres dynastiques
d’Alep et par des empreintes de sceaux qui, même si elles n’appartiennent pas à des rois aleppins et furent
apposées sur des tablettes d’Alalakh VII, ne peuvent qu’avoir été produites avec des cylindres gravés dans
des ateliers de la ville royale de Yamkhad. Une identification de l’iconographie d’une autre importante divi‑
nité paléosyrienne – dans deux versions, l’une “licencieuse” et largement popularisée, et l’autre “austère”
et de caractère dynastique – est celle de l’Ishtar d’Ébla, car elle nous a été transmise par des représentations
de la grande déesse sur une pièce de mobilier de l’un des temples de la divinité à Ébla même et sur une stèle
royale votive du même édifice sacré4. Une proposition, fort suggestive, d’identification de l’iconographie
paléosyrienne du Hadad du Mont Sapuna, dans la région côtière septentrionale autour d’Ugarit, a été avan‑
cée5, mais l’hypothèse reste dans le domaine du vraisemblable. D’autres identifications d’iconographies
divines de la glyptique paléosyrienne sont fort plausibles, mais on ne peut pas les mettre en relation avec
des lieux de culte spécifiques de l’une ou de l’autre ville de Syrie du Bronze Moyen I-II.
L’image de la déesse se dévoilant, en position frontale et à tête de profil, représente un cas d’iconographie
féminine assez courante et fort bien établie (fig. 2)6, dont les caractéristiques ne présentent que de rares
*
Professeur émérite à l’université La Sapienza, Rome.
1
Pour la chronologie et la terminologie, voir Porada 1985 et Otto 2000, p. 34-35.
2
Otto 2000, p. 109-168.
3
Bien des considérations et des évaluations présentées par Amiet 1982, même s’il s’agit d’une contribution fort syn‑
thétique et certes non récente, sont encore actuelles.
4
La restitution de la table d’offrande du Temple de l’Aire D d’Ébla a été publiée par Matthiae 2012, alors que la
stèle d’Ishtar qui fut érigée sur le parvis du même sanctuaire de la Citadelle de la ville paléosyrienne a été étudiée par
Matthiae 1986 ; une première synthèse sur les deux représentations, « licencieuse » et « austère », de la grande déesse
éblaïte, après l’évaluation générale de Matthiae 2010a, p. 312-326, a été récemment présentée par Matthiae 2011b. Au
moins quelques caractères de cette image divine paléosyrienne peuvent être hérités de l’iconographie protosyrienne
d’Ishkhara de l’époque des Archives royales, récemment identifiée de manière définitive, d’autant plus que la figure
divine de l’Ishtar Eblaitu fut certainement le résultat d’un syncrétisme entre les divinités protosyriennes Ishkhara et
Ishtar (Matthiae 2010b).
5
Porada 1984 ; Dijkstra 1991. Récemment, Yon 2007, fig. 1, a publié une statuette en argent, précédemment connue
seulement par un dessin, provenant de la Ville Sud d’Ougarit, qui représente la figure d’un dieu dans l’attitude typi‑
que de Baal/Hadad qui avance sur deux montagnes, ce qui pourrait être une preuve supplémentaire de la justesse de
l’intuition de Porada 1984.
6
Delaporte 1923, p. 196, no A.934, pl. 97/6 ; Moortgat 1940, p. 52, 132 et pl. 62, no 525 (VA 2932) ; Speleers 1943,
p. 144-145, no 1386 ; Porada 1948, p. 125, 130 et pl. CXLII, CXLVI, nos 945, 946 et 968 ; Bleibtreu 1981, p. 68,
no 81 (Vienne, Kunsthistorisches Museum, Antikensammlung, no X 185) ; Buchanan 1966, p. 169-170, nos 863 et 864
(Oxford, Ashmolean Museum, no 1913.764 et 1913.165 : ces deux cylindres, tous les deux achetés à Alep, montrent
des similarités importantes et furent probablement produits par le même atelier) ; Kühne 1980, p. 85, no 39 (Damas,
Musée national no 123) ; Buchanan 1981, p. 432-435, nos 1264 (YBC 8189), 1269 (YBC 12774) et 1272 (NCBS 706) ;
279
Paolo Matthiae
variantes. Cette image est documentée surtout dans des compositions figuratives de type cultuel et dans une
minorité de cas – qui ne sont pas néanmoins sans intérêt pour l’identification de la figure divine – dans des
scènes à caractère mythique (fig. 1)7. Dans la plupart des attestations, cette image montre la déesse avec une
coiffure assez complexe et élaborée (fig. 3), caractérisée par une tripartition qui est typique de la vision de
profil de la tête (fig. 4)8. Plus rarement, elle porte une tiare divine à cornes9. Une particularité est spécifique
de cette figure : la disposition du manteau frangé. Ce manteau, dont un bord vertical apparaît sur l’un des
Teissier 1984, p. 226-229, 234-235 et 252-253, nos 442, 444, 445, 455 et 501 ; Collon 1987, p. 167-168 et 170, no 778
(Boston, Museum of Fine Arts, no 93.353) ; Keel-Leu et Teissier 2004, p. 286 et 459, no 331 (collection Erlenmeyer
no 153 = collection université de Fribourg VR 1992.14) ; Pittman et Aruz 1987, nos 48 et 56 (Metropolitan Museum
of Art, nos 1985.192.8 et 1985.311.46) ; Teissier 1996, p. 205, no 246 (Paris, Bibliothèque nationale, collection Seyrig
no 43) ; Otto 2000, p. 81, 83, 94 et pl. 15, no 151 (Acemhüyük no Ac.f.23 = Erkanal 1993, no II2-C/04), p. 173 et pl. 25
(Terqa no TQ 8-A1), no 323 (Munich, collection Arndt). Il est assez singulier qu’un cylindre trouvé en Palestine, à
Mégiddo, et une empreinte sur une tablette cappadocienne découverte en Anatolie, à Kanesh, présentent une variante
particulière : les deux jambes sont complètement libres et seulement les bords frangés du costume se voient le long de
toute la silhouette de la déesse (Otto 2000, p. 81 et pl. 13, no 153 ; Erkanal 1993, p. 17-18 et pl. 2, no I-A/06 [Kanesh
no Kt n/k 27 A]). Ce type iconographique est presque identique à celui d’un cylindre de la collection Marcopoli (Teis‑
sier 1984, p. 502 et 522-523), où, toutefois, les bords du costume sont presque invisibles et, comme sur plusieurs
sceaux avec cette figure divine, la déesse fait le geste d’accueil vers une figure de roi. Un cylindre du Musée archéo‑
logique d’Adana (no 355), inscrit au nom d’un personnage « serf d’Ishtar », présente la déesse avec le costume habi‑
tuel, mais avec une haute tiare tronconique, une coupe dans une main et un bâton-sceptre dans l’autre (Erkanal 1993,
p. 71-72 et pl. 28, no VII3-X/08). Une iconographie extrêmement rare est celle du cylindre qui a laissé son empreinte
sur une tablette de Sippar de l’époque du règne de Hammurabi, car, là, la déesse, ceinte d’une tiare à cornes, est armée
d’une lance et d’une arme courbe, alors que la déesse se dévoilant correspondant à la norme n’est pas armée (Otto
2000, p. 93, no 309, pl. 24) – voir toutefois le sceau no 455 de la collection Marcopoli, où la déesse porte une lance,
et le cylindre no 1386 de Bruxelles, où elle tient une arme courbe. Unique est l’attitude de danse qu’assume la déesse
dans le cylindre no 312 de la collection Newell, qui pourrait avoir des rapports avec le milieu éblaïte (Buchanan 1981,
p. 410-411, no 1180).
7
Les cylindres sur lesquels la déesse apparaît uniquement en compagnie de divinités la représentent, pour la plupart,
devant le dieu de l’orage, comme dans le no 1272 de la Yale Babylonian Collection de New Haven (Buchanan 1966,
p. 434-435), ou sur le sceau de Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire no 1386 (Speleers 1943, p. 144-145), mais
il est intéressant de noter que, au moins une fois, elle soit conduite devant le dieu aux eaux jaillissantes, assis en trône
(Buchanan 1966, p. 170). Le cas du cylindre no 968 de la collection de la Morgan Library de New York (Porada 1948,
pl. CXLVI) est assez particulier, car la déesse se dévoilant se trouve devant le dieu de l’orage, mais les deux divinités
sont adorées par une figure royale : il paraît fort probable que la déesse avait une relation particulière avec Hadad, sans
en être la partenaire, car elle se trouve représentée sur le même cylindre aussi bien avec Hadad qu’avec Khébat, sa
parèdre à Alep (sceau de Bruxelles).
8
Cette coiffure est bien lisible sur le rare cylindre no 43 de la collection Seyrig de la Bibliothèque nationale de Paris
(= Otto 2000, pl. 12, no 145), où la déesse paraît offrir un gobelet à un personnage barbu ceint d’une tiare possiblement
royale, assis sur un trône érigé dans un pavillon au-dessus de quatre serviteurs (?) ; une autre figure royale est repré‑
sentée en adoration de la déesse, alors que de l’autre côté de la divinité se tient l’être mythique à corps humain et tête
de lion, très rare dans la glyptique paléosyrienne, mais présent sur l’une des faces latérales du bassin de calcaire du
Temple d’Ishtar à Ébla (Matthiae 2010a, p. 293-297 et fig. 153).
9
Cette variante rare est probablement limitée aux cas où la déesse se dévoilant est représentée avec un tambourin
suspendu à l’une des coudes (Otto 2000, p. 193-104 et pl. 36, nos 430 et 431). Mais la tiare à cornes se retrouve aussi,
comme on l’a dit, sur l’empreinte d’un cylindre paléosyrien de Sippar, attribué à Alep (datée 1779 av. J.-C.), où la
déesse est aussi armée. Otto 2000, p. 205 et pl. 24, no 309, considère ce cylindre comme une production plus ancienne
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
Fig. 2. Cylindre de New York, Pierpont Morgan Library, no 945 (Porada 1948, no 945).
Fig. 3. Cylindre de Boston, Museum of Fine Arts, no 93.353 (Collon 1987, no 778).
Fig. 4. Cylindre de Paris, Bibliothèque nationale, collection Seyrig, no 43 (Teissier 1993, no 246).
côtés de la figure, tombe dans le dos de la déesse à partir de l’une des épaules. Sur le devant du corps, il
s’ouvre en formant un triangle et, s’il couvre presque complètement la poitrine, il laisse nus le bas ventre et
l’une des jambes. Une variante plus rare laisse nus aussi bien le corps que les deux jambes.
de la part des ateliers qui employèrent le type ailé et armé, si bien que cette attestation serait chronologiquement inter‑
médiaire entre le type de la déesse aptère se dévoilant et celui de la déesse ailée se dévoilant.
281
Paolo Matthiae
Dans une attitude assez usuelle pour ce type divin, l’une des mains appuyée sur le flanc paraît tenir
intentionnellement ouvert le manteau pour montrer la nudité du corps féminin (fig. 2)10, tandis que l’autre
main ne tient aucune enseigne et, avec peu de variantes, esquisse un geste d’accueil en direction d’une
figure de fidèle, souvent royale, ou, plus rarement, en direction d’une autre divinité (fig. 3)11. On a supposé
que la variante de la figure féminine se dévoilant qui est dotée d’une tiare divine et d’un disque (peut-être un
tambourin) et qui se trouve documentée seulement sur des sceaux ou des empreintes de Mari pourrait bien
n’être qu’une adaptation mésopotamienne de l’iconographie divine paléosyrienne dans le but de rendre plus
facilement reconnaissable la divinité par la présence d’une tiare à cornes12.
Or, si l’on fait une analyse des contextes dans lesquels apparaît la déesse se dévoilant, on s’aperçoit
que cette figure divine, dans la plupart des cas, se trouve flanquée, dans une scène clairement rituelle, par
l’image d’un roi qui lui rend hommage (fig. 2)13 ; dans trois cas elle embrasse le roi (fig. 6)14 ; sur de rares
cylindres seulement, elle est représentée avec un dieu de l’orage15, qui, à de nombreuses reprises, se con‑
forme à l’iconographie du grand dieu d’Alep (fig. 1)16. Au moins une fois elle apparaît avec le dieu aux eaux
jaillissantes17 et, enfin, jamais elle ne se trouve dans un contexte divin où soit présente la déesse nue frontale
pourvue d’une guirlande ou d’une paire d’ailes, associée au taureau. Ces indices suggèrent assez clairement
qu’il s’agit d’une déesse dont la typologie est assez proche de l’Ishtar d’Ébla, mais complètement indépen‑
dante d’elle. Ils amènent donc à penser que les particularités iconographiques qui la distinguent ne sont que
les signes spécifiques de l’image d’une Ishtar locale, fort probablement propre à l’une des grandes villes
paléosyriennes de la Syrie occidentale.
Dans cette perspective, le cylindre de la collection Marcopoli no 442 a apparemment une valeur tout à
fait particulière. La déesse y apparaît avec une figure – celle, probablement, d’un dieu – massacrant un pri‑
sonnier. Ce cylindre a appartenu à un certain Akhzib-Karkamish, fonctionnaire d’Aplahanda, roi de Karké‑
mish18. Sur la base de ce témoignage et du fait que l’inscription du cylindre de Matrunna, fille d’Aplahanda,
10
C’est clairement le cas des cylindres suivants : le no 945 de la Pierpont Morgan Library de New York, du no 43 de la
collection Seyrig de la Bibliothèque nationale de Paris et du no 93.353 du Museum of Fine Arts de Boston.
11
Le geste d’accueil envers une figure de fidèle non royale se retrouve, par exemple, sur le cylindre no 501 de la
collection Marcopoli, alors qu’il est très rare que la déesse lève les deux mains dans la même attitude, comme sur le
cylindre no 946 de la Pierpont Morgan Library, ou bien qu’elle tienne un oiseau dans sa main tendue, comme sur le
sceau no 945 de la même collection. Même devant des divinités, la déesse adopte un geste semblable, comme dans le
cas de l’énigmatique jeune déesse en trône, avec tiare à cornes multiples, du cylindre de Boston no 93.353 ; dans un
autre, c’est une coupe ou un gobelet qui est présenté à une non moins énigmatique déesse, elle aussi assise en trône, du
cylindre de l’Ashmolean Museum d’Oxford no 863.
12
L’hypothèse est d’Otto 2000, p. 204.
13
Teissier 1984, p. 228-229, no 444 ; Moortgat 1940, p. 132 et pl. 62, no 525 ; Porada 1948, p. 125, no 945, p. 946,
pl. CXLIII ; Erkanal 1993, p. 17, 71-72, pl. 3 et 28, nos I-A/06 et VII3-X/08 (Kanish no Kt n/k 27 et Adana Arkeoloji
Müzesi no 355) ; Otto 2000, p. 81, 83, pl. 13 et 15, nos 153 et 173 (Megiddo a 1290 et Terqa no TQ 8-A1) ; Keel-Leu et
Teissier 2004, p. 286, no 331 (collection Erlenmeyer, Fribourg n° VR 1992.14), no 333 (collection Bollmann, Fribourg
no VR 1981.154). Un cas particulier est celui du cylindre du Musée de Damas no 123, où la déesse qui lève la main
en geste d’accueil est représentée derrière une figure probablement royale faisant face à une figure féminine, peut-être
une prêtresse (Kühne 1980, p. 85-86, no 39). Une possible relation de la déesse se dévoilant avec la figure d’un roi
en train d’abattre un taureau peut être supposée pour le remarquable cylindre du Metropolitan Museum de New York
no 1985.192.8, appartenant à la collection Cherkasky (Pittman et Aruz 1987, no 48).
14
Delaporte 1923, p. 196 et pl. 97/6, no A.934 ; Porada 1948, p. 135 et pl. CL, no 990 ; Teissier 1984, p. 228-229,
no 445. L’attitude observable sur un cylindre d’Alalakh (Otto 2000, pl. 14, no 166 [Alalakh n° AT/48/63]) est assez
équivoque, car le bras tendu de la déesse suggère l’embrassement, mais la figure royale ne tend aucun bras. D’autre
part, la femme nue embrassant un roi dans un cylindre de Lidar Hüyük ne paraît pas être une déesse se dévoilant (Erka‑
nal 1993, p. 85-86 et pl. 34, no IX-H/01 [Lidar no LI 82/1] ; Otto 2000, p. 80 et pl. 12, no 143).
15
Porada 1948, p. 130 et pl. CXLVI, no 968. Plus difficile à identifier est le personnage du cylindre no 442 de la collec‑
tion Marcopoli, qui pourrait bien être un souverain massacrant un prisonnier.
16
Ménant 1888, no 281 (= Otto 2000, pl. 28, no 359) ; Speleers 1943, p. 144-145, no 1386 ; Buchanan 1981, p. 434-435,
n 1272 (NBCS 796).
o
17
Buchanan 1966, p. 170 et pl. 55, no 864. Difficiles à identifier sont le dieu (?) assis sous un baldaquin du cylindre
de la Bibliothèque nationale, collection Seyrig, no 43, publié par Teissier 1996, p. 205, no 246, et la jeune divinité en
kaunakès, assise et tenant une sorte de brosse, du sceau de Boston, Museum of Fine Arts, n° 93.353, publié par Col‑
lon 1987, p. 167-169 et 170, no 778. Devant l’un et l’autre, la déesse se dévoilant est représentée en train d’offrir une
coupe.
18
Teissier 1984, p. 226-227 et 323, no 442, et Collon 1999, p. 52-53.
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
définit cette princesse de Karkémish comme la « servante de Kubaba »19, A. Otto a proposé à raison de
considérer que l’iconographie de la déesse se dévoilant soit l’image de la grande divinité de Karkémish20.
Si l’on considère les compositions glyptiques dans lesquels l’image de la déesse se dévoilant apparaît,
l’occasion nous est donnée de faire des observations significatives. En premier lieu, la majorité de ces com‑
positions sont rituelles : sur plusieurs cylindres, la déesse se trouve non seulement à côté d’une figure de
roi, mais, souvent, la main qui ne tient pas le manteau dévoilé, si elle ne brandit pas un vase, fait un geste
d’accueil à l’adresse du roi ou, bien plus rarement, d’un autre fidèle. Cette impression de l’existence d’un
lien particulier entre la déesse et le souverain est confirmée et précisée par la constatation que, dans quel‑
ques cas, les deux figures sont représentées s’embrassant dans une attitude considérée typique d’un couple
d’époux21. En deuxième lieu, dans les scènes à caractère mythique, la figure de la déesse se dévoilant se
retrouve parfois avec le dieu aux eaux jaillissantes qui devrait être Ilu, ou bien près d’un dieu de la tempête
19
Eisen 1940, p. 58 et pl. XIII, no 130. Il est intéressant de rappeler que ce fameux cylindre d’une fille du roi de Karké‑
mish paraît avoir été trouvé sur le tell de Ras Shamra en 1928, immédiatement avant le début des fouilles françaises.
20
Otto 2000, p. 202-204.
21
Delaporte 1923, p. 196 et pl. 97/6, no A.934 (Safadi 1974, no 3) ; Teissier 1984, p. 229-229, no 445. Ces deux cylin‑
dres sont les nos 139 et 325 du catalogue d’Otto 2000, p. 202-203, pl. 11 et 25. À ces sceaux il faut ajouter le cylindre
YBC 12774 de la Yale Collection (Buchanan 1981, p. 434-435, no 1269) et, fort probablement aussi, le cylindre de
Mari TH.90.129 publié par Beyer 1997, p. 464-467, fig. 1-2, où la figure de la déesse est incisée d’une façon assez
maladroite. L’identification du caractère « nuptial » de ce thème de l’embrassement se trouve dans Amiet 1996, p. 5-6,
qui considère, probablement à raison, que le même type de représentation dans laquelle les protagonistes sont deux
rois, comme dans un document de la collection de Clercq (Ménant 1888, no 390ter), doit faire allusion à une cérémonie
relative à une alliance entre rois. Voir aussi Beyer 1997, p. 466, fig. 3.
283
Paolo Matthiae
qui, dans plus d’un cas, partage, comme on l’a dit, l’iconographie typique de Hadad d’Alep et, dans d’autres
cas, celle attribuée avec quelque vraisemblance, comme on l’a dit, au Baal/Hadad du Mont Sapuna22. En
troisième lieu, il est tout à fait intéressant de noter que la déesse se dévoilant n’apparaît jamais dans des
compositions où est présente l’une des variantes de la déesse nue – ailée ou aptère, avec ou sans « guir‑
lande », sur un taureau ou sans l’animal, dans un naòs ou non –, même si elle peut, quoique rarement, être
insérée dans un cortège de divinités (fig. 5).
Un problème, difficile à résoudre, est posé par l’existence, dans la glyptique paléosyrienne, de
l’iconographie, assez homogène, d’une figure divine féminine ailée qui pourrait bien être une variante de la
déesse se dévoilant, mais qui présente des caractéristiques qui ne se retrouvent pas dans l’image aptère
bien établie identifiable à Kubaba de Karkémish. Il s’agit d’une déesse frontale presque nue avec toujours,
bien visible, un large bord de manteau couvrant l’une des jambes (fig. 7)23, attestée dans une représenta‑
tion fort comparable avec celle de la déesse se dévoilant et sur laquelle E. Porada avait attiré l’attention
en 195724. Si, dans cette figure ailée, la position du manteau est presque identique à celle de la déesse se
dévoilant aptère, deux éléments de cette iconographie plus rare sont tout à fait différents. D’un côté, il
apparaît que la divinité ailée porte presque toujours une tiare à cornes, plus ou moins classique25, tandis
que la déesse se dévoilant est toujours tête nue avec une chevelure arrangée d’une façon fort particulière et
bien reconnaissable, sauf dans la variante attribuée à des ateliers de la vallée de l’Euphrate, sinon de Mari
même, où est régulièrement présente la tiare divine26. De l’autre côté, la déesse se dévoilant dotée d’ailes
est toujours armée, tenant d’une main une arme courbe et de l’autre, dans presque tous les cas, une ou deux
lances parallèles en position verticale27, tandis que la déesse aptère n’est que rarement armée et qu’une de
ses mains est occupée à tenir l’un des bords du manteau tandis que l’autre l’est à faire un geste d’accueil28.
La forte similarité de la nudité partielle des deux figures divines fait qu’il est peu probable qu’il s’agisse
de la représentation de deux déesses tout à fait indépendantes. D’autre part, malgré la présence constante
dans la figure douée d’ailes de trois caractères bien définis et stables – les ailes, la tiare et les armes –, habitu‑
ellement absents dans l’iconographie de Kubaba, il paraît raisonnable d’apporter une solution au problème
22
Porada 1984 ; Dijkstra 1991 ; Fenton 1996 ; Sanders 2007.
23
Cette image divine ne fut pas bien distinguée des autres figures divines ailées et armées auxquelles était dédiée
l’étude, par ailleurs remarquable, de Barrelet 1955, tandis que son autonomie a été clairement précisée par Otto 2000,
p. 205. Pourtant, lorsqu’il s’agit de proposer une identification avec une divinité connue par les textes, Otto 2000,
p. 206, conclut qu’on peut admettre, avec beaucoup de prudence, la possibilité que cette image et celle de la déesse
ailée et armée, mais vêtue d’un costume tout à fait différent, puissent représenter Astarté ou Anat, considérant appa‑
remment comme mal fondée l’autonomie des deux iconographies divines féminines, pourtant clairement distinguées
par ailleurs.
24
Les cylindres sur lesquels le manteau est représenté, comme sur les sceaux avec la déesse se dévoilant, pas seulement
avec un large bord sur une jambe, mais aussi bien clair sur l’autre côté de la figure, derrière le corps féminin, sont les
suivants : celui qui a laissé son empreinte sur la tablette de Philadelphie C.B.M. 1283 datée de l’époque de Hammurabi
de Babylone (Porada 1957, p. 193, fig. 1), le sceau de la Walters Art Gallery de Baltimore no 42.709 (ibid., pl. 30/2),
le cylindre du Musée archéologique de Florence trouvé dans une tombe romaine près de Vicence, ayant probablement
appartenue à un légionnaire (Bossert 1951, p. 59, no 582 ; Pecorella 1966, p. 16-18 ; Collon 1987, p. 139-139, no 581)
et le cylindre du British Museum no WA 123284 (Porada 1984, p. 486 et pl. 65/2). À cause de l’usure de l’incision,
beaucoup moins claire est la présence du manteau derrière le corps de la déesse ailée sur d’autres cylindres, comme le
no 460 de la Bibliothèque nationale et le no 490 de la collection Marcopoli (Delaporte 1910, p. 259-260 et pl. XXXI ;
Teissier 1984, p. 248-249).
25
La tiare à cornes multiples de type mésopotamien est présente aussi bien sur l’empreinte du sceau d’une tablette de
Philadelphie, University Museum, no C.B.M. 1283, publiée par Porada 1957, p. 193-194, pl. 30 et fig. 1, que sur le
cylindre de Baltimore, Walters Art Gallery, no 42.709 (ibid., p. 193-194, pl. 30 et fig. 2). Ces deux sceaux-cylindres
sont considérés comme typiques d’Alep par Otto 2000, p. 138-140 et pl. 27, nos 347 et 348. Un autre cylindre, trouvé
dans une tombe romaine en Italie du nord (près Vicence), que Otto 2000, p. 148-149 et pl. 33, no 410, considère avoir
été produit en Syrie centrale, occidentale (Qatna) ou côtière et qui pourrait provenir plus probablement de la région
d’Ougarit même, montre la même déesse se dévoilant, mais avec une tiare divine presque cylindrique de type syrien
(Pecorella 1966, p. 16 et 18, no 10 ; Collon 1987, p. 138-139, no 581).
26
Au moins dans le cas d’un cylindre de la Bibliothèque nationale de Paris, même la déesse ailée et armée se dévoilant
présente la coiffure tripartite si typique de la déesse aptère (Delaporte 1910, p. 259-260 et pl. XXXI, no 460).
27
Sur le cylindre du Musée de Florence, la déesse tient deux courtes javelines ou flèches entrecroisées dans sa main
tendue et une arme courbe dans l’autre, alors que sur le cylindre de Baltimore et l’empreinte de Philadelphie apparais‑
sent seulement les deux lances parallèles pointe en haut. Plus difficile est l’identification des armes de la figure divine
du cylindre de la Bibliothèque nationale, mais il paraît fort probable que, encore une fois, l’arme de la déesse soit la
lance.
28
Il faut ajouter que, si le geste d’accueil attesté dans la majorité des représentations de la déesse se dévoilant n’est
jamais employé dans l’iconographie de la déesse ailée se dévoilant, même la variante, relativement fréquente, de la
présentation d’un gobelet ou d’une coupe à un personnage, royal dans la plupart des cas, n’est jamais utilisée pour la
divinité ailée se dévoilant.
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
en optant pour une simple variante occasionnelle de l’image d’une seule et même divinité. L’interprétation
la plus plausible est donc que, dans le cas de la déesse se dévoilant, l’iconographie divine soit celle de
Kubaba de Karkémish, alors que, dans le cas de la déesse armée, couronnée et ailée, il faille reconnaître
1) soit une simple variante iconographique originaire de la même ville de Karkémish et destinée à souligner
le caractère guerrier de la divinité, 2) soit une figure à la typologie divine similaire, mais issue d’un autre
centre urbain important de Syrie du Nord qui avait élaboré une image apparentée, mais caractérisée par des
variantes significatives et stables29.
Il paraît alors fort probable que, dans la culture figurative paléosyrienne des siècles situés entre le début
du xixe et la fin du xviie s. av. J.-C., les ateliers de divers centres urbains importants de Syrie du Nord aient
élaboré plusieurs images de divinités féminines, caractérisées par une forte et stable canonisation, pour
représenter dans la glyptique, surtout mais pas seulement, des déesses d’une typologie divine homogène,
vénérées dans des centres urbains différents. Le type le plus fréquent dans la documentation sigillogra‑
phique est celui de la déesse nue frontale, parfois tenant la « guirlande », parfois ailée, parfois debout sur un
taureau ou sur le taureau de Hadad30 : ce type, sur la base des témoignages figuratifs conservés sur des pièces
de mobilier sacré découverts dans les deux temples d’Ishtar à Ébla, ne peut que représenter l’iconographie
« licencieuse » de l’Ishtar Eblaitu de l’époque paléosyrienne31. Un deuxième type assez diffusé est celui
de la déesse se dévoilant, caractérisé dans la plupart des cas par l’absence de couronne divine, comme
dans le cas de l’Ishtar Eblaitu32, et par le geste d’accueil de l’une des mains, alors que l’autre est appuyée
sur le flanc ou bien tient un bord du manteau entrouvert : cette image est fort probablement celle de la déesse
Kubaba de Karkémish, dont on connaît aussi une variante avec la tiare et un tambourin (?), variante qui
pourrait avoir été élaborée dans un autre centre du moyen Euphrate. Une troisième iconographie, proche de
l’iconographie officielle de Kubaba de Karkémish, présentait la déesse se dévoilant dotée d’ailes et armée
d’une ou deux lances et d’une arme courbe : dans cette déesse on peut reconnaître 1) ou bien une variante
de l’iconographie canonique de Kubaba propre à ce centre majeur de Karkémish et dans laquelle on vou‑
lait particulièrement souligner le caractère agressif et guerrier de la déesse, 2) ou bien l’iconographie de la
même divinité telle qu’elle aurait été élaborée dans un autre centre urbain non loin de Karkémish.
Cette dernière déesse, ailée et armée, est possiblement indépendante d’une autre divinité ailée et armée
de la glyptique paléosyrienne, probablement féminine elle aussi, qui ne montre pas son sexe, ne se dévoile
pas et porte une longue jupe qui couvre seulement une jambe. Celle-ci n’a certainement rien à voir avec une
29
Dans ce cas, pourtant, il semble qu’il faille rejeter l’hypothèse avancée par Porada 1977, p. 2, d’après laquelle,
dans cette image de déesse ailée, armée et couronnée, serait à reconnaître l’ancêtre paléosyrienne de la déesse médio
syrienne Anat, protagoniste du cycle mythique de Baal conservé par la rédaction ougaritique : comme on va le montrer
plus loin, nous croyons que l’iconographie qu’on peut attribuer à Anat pourrait être celle d’une autre déesse armée,
mais d’une apparence moins séduisante et plus guerrière.
30
Pour cette iconographie, qui a une ample diffusion, et pour ces variantes, voir Otto 2000, p. 206-210.
31
Matthiae 2011b et 2012 ; pour l’origine de l’iconographie « austère » de l’Ishtar Eblaitu, voir Matthiae 1986 et 1989.
32
La nudité de la tête de la déesse nue, qui a la coiffure tripartite typique, est la norme en glyptique, mais, dans les
documents figuratifs monumentaux, cette règle n’était probablement pas toujours respectée, comme on peut le déduire
des représentations de la déesse sur les pieds de la table d’offrande du Temple d’Ishtar (Aire D) d’Ébla, récemment
restituée (Matthiae 2012).
285
Paolo Matthiae
troisième figure divine, elle aussi ailée et armée, mais certainement masculine, qui a quelquefois été assimi‑
lée d’une façon erronée à la déesse ptérophore armée d’une lance et d’une arme courbe et dont l’autonomie,
en réalité tout à fait évidente, n’a pas été suffisamment soulignée.
L’autonomie iconographique de la divinité ailée et armée avec la longue jupe, de sexe probablement
féminin, a été soulignée par A. Otto, mais elle est au moins en partie équivoque33. En premier lieu, la longue
jupe qui la distingue est parfois une jupe lisse avec une frange inférieure (fig. 11)34 ; parfois elle est plissée
sur toute sa longueur (fig. 12)35 ; au moins dans quelques cas elle est frangée et plissée avec un motif en qua‑
drillage (fig. 10) et elle ressemble à une jupe en kaunakès (?)36. En deuxième lieu, elle porte apparemment
presque toujours une tiare à cornes d’une typologie quelquefois difficile à préciser (fig. 10) et, au moins
dans deux cas en revanche, d’une structure assez particulière (fig. 8)37. En troisième lieu, les armes qu’elle
porte sont assez différenciées car, dans certains cas, il s’agit d’une (fig. 8) ou de deux lances (fig. 11)38 et,
dans d’autres, d’une arme courbe (fig. 10)39. Il est difficile de dire quelle relation peut être supposée entre
cette figure divine, qui paraît avoir un rapport particulier avec la chasse40, et la figure assez rare de la déesse
ailée, à la chevelure typiquement féminine, qui n’est jamais armée et qui porte la jupe longue toute plissée
ou à franges multiples superposées, laissant toujours libre la jambe avancée (fig. 9)41. L’existence dans
la glyptique paléosyrienne d’un type, lui aussi plutôt rare, d’une figure ailée, sans tiare et sans chevelure
tripartite féminine, mais portant la jupe longue plissée couvrant une seule jambe, ne fait que rendre plus
complexe le problème de la singulière variété de figures fort proches entre elles, mais différenciées par des
détails non secondaires42.
33
Otto 2000, p. 206 : dans la liste des cylindres où apparaît cette image divine se trouve, toutefois, le cylindre de Balti‑
more, Walters Art Gallery, WAG 42.804, publié par Gordon 1939, p. 21 et pl. VII 55, no 55, et étudié par Porada 1977,
où, au contraire, la figure divine en question n’est pas une déesse, mais un dieu à cause du costume qui est un pagne
typiquement masculin (voir infra).
34
Buchanan 1966, p. 172 et pl. 55, no 877 ; Speleers 1943, p. 147-148, no 1384.
35
Ménant 1888, no 390 ; Amiet 1985, p. 483-483 (Mari M.783) ; Teissier 1984, p. 248-249, no 489 ; Teissier 1996,
no 165 (collection Rosen no 04702) ; Seyrig 1963, pl. XXI1 (collection Seyrig, Bibliothèque nationale, Paris, no 130) ;
Porada 1948, p. 128 et pl. CXLV, no 962. Un cas particulier est celui du cylindre de la collection « Bibel+Orient » de
Fribourg (Keel-Leu et Teissier 2004, p. 287-288 et 460, no 336), ayant appartenu à la collection Erlenmeyer et déjà
étudié, entre autres, par Teissier 1996, p. 198, no 36, où la divinité présente la longue jupe plissée : ce cylindre fut sans
doute retravaillé exactement à l’emplacement de la figure de la divinité ailée, aussi bien sur le visage et la tiare que sur
la partie antérieure de la jupe.
36
Eisen 1940, p. 60 et pl. XIV, no 145 ; Buchanan 1981, p. 428-429, no 1247 (YBC 12775) ; Teissier 1984, p. 249-249,
n 488 ; Doumet 1992, p. 136, no 279 ; Pittman et Aruz 1987, no 47 (New York, Metropolitan Museum, no 1985.192.27).
o
37
C’est le cas au moins des cylindres Marcopoli no 499 et Morgan Library no 962, cités à la note précédente, où la tiare
paraît avoir une base étrangement large avec une terminaison supérieure inusuelle. Ces deux sceaux, auxquels il faut
ajouter le sceau de la collection Chiha (Doumet 1992, p. 136, no 279), qui, malgré son état de conservation assez lamen‑
table, présente de fortes analogies iconographiques et stylistiques, pourraient avoir été produits dans le même atelier,
qui, selon l’analyse de Otto 2000, p. 145-148, devait être un laboratoire de cour du milieu de Qatna. Un autre cylindre
déjà mentionné – celui des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles no 1384 – partage avec ces trois cylindres
une série de détails et pourrait appartenir au même milieu, sinon provenir du même atelier. Il est fort intéressant de
voir que, sur le sceau de Bruxelles, la tiare de la divinité féminine présente une forme claire : il s’agit d’une couronne
presque conoïdale aux cornes libres à la base.
38
Buchanan 1966, no 877 ; Teissier 1984, p. 248-249, no 489 ; Pittman et Aruz 1987, no 47 ; Seyrig 1963, pl. XXI/1 ;
Keel-Leu et Teissier 2004, p. 287-288 et 460, no 336 (Fribourg no VR 1992.15, collection Erlenmeyer : deux lances).
En revanche, une seule lance est présente sur le cylindre no 1384 des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et
le no 04702 de la collection Rosen.
39
C’est le cas des deux cylindres Marcopoli no 488 et Morgan Library no 962 du présumé milieu de Qatna étudiés par
Otto 2000, p. 206, pl. 31, et du sceau de la collection Moore no 145, où la divinité tient apparemment une arme courbe
dans chaque main.
40
Cf. les cylindres de la collection Chiha no 279, de la collection de Clercq no 390 et, peut-être, de la Yale Babylo‑
nian Collection no 1247 ; une iconographie semblable à celle de ces cylindres se retrouve sur un cylindre paléosyrien
(no 72.95.1) conservé au Kayseri Arkeoloji Müzesi (Erkanal 1993, p. 27-28 et pl. 8, no I-X/18).
41
Eisen 1940, p. 61 et pl. XIV, no 149 ; Buchanan 1981, p. 428-428, no 1243 (collection Newell no 320) ; Teissier
1996, p. 204 et no 216 (Londres, British Museum, BM.89532) : la chevelure de cette déesse est tripartite avec chignon,
typique aussi bien de la déesse nue que de la déesse se dévoilant. Encore moins compréhensible est la relation avec
la déesse ailée avec tiare à cornes libres d’un cylindre de la collection Marcopoli, armée d’une lance et d’une arme
courbe, avec une longue jupe qui couvre les deux jambes, insérée dans un naòs en guilloche (Teissier 1984, no 960).
42
Les exemples de cette figure sont assez homogènes, car la tête de ce personnage paraît toujours juvénile et avec des
cheveux apparemment courts, sa jupe est toujours longue et plissée et son arme est en général la lance ; une autre par‑
ticularité stable de cette iconographie, difficile à expliquer, est que cette figure paraît avoir été représentée toujours en
relation non avec un personnage royal, mais avec une figure de dignitaire en train de la vénérer (Teissier 1984, no 533 ;
Hammade 1987, p. 92-93, no 172 ; Schmidt 1933, no 113).
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
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Paolo Matthiae
Fig. 12. Cylindre de New York, collection Rosen, no 04702 (Teissier 1996, no 165).
La troisième figure divine ailée à laquelle on a fait allusion est, au contraire, une divinité masculine de
Syrie du Nord assez fréquemment représentée (fig. 13 à 20) et elle a été identifiée avec le dieu de la Mer
Yammu43, fils d’Ilu et rival de Hadad dans le cycle mythique de Baal d’Ougarit. Le caractère masculin de
cette divinité de la glyptique paléosyrienne est assuré par son costume, qui est tout à fait typique et exclu‑
sif de divers dieux paléosyriens44 et qui présente des caractéristiques inconnues dans les autres cultures
figuratives contemporaines, de la Mésopotamie à l’Anatolie. Ce costume tout à fait particulier, qui est
l’habillement de la partie inférieure du corps, est un pagne à raies horizontales muni d’un pan flottant à
stries verticales qui couvre toujours la jambe tendue en arrière, alors que la jambe avancée est nue (fig. 13,
14 et 17)45. Dans les cylindres paléosyriens où apparaît ce dieu ailé et qui ont été l’objet d’un travail plus
soigné, les détails montrent que le pagne est presque identique à celui régulièrement porté par le dieu de
l’orage46 et que probablement la poitrine était couverte par un corset (fig. 14). Ce même pagne complété
par le pan flottant se retrouve dans les images, dépourvues d’ailes, du dieu Rashap, dont l’identification
est certaine47, et celles d’une autre divinité, certainement masculine, dans lesquelles on a proposé de voir
43
L’identification a été proposée par Matthiae 1992.
44
Un avis divergent est exprimé par Amiet 1992a, p. 27, no 38, qui considère la figure divine ailée du cylindre
RS 21.020, qui porte ce type de pagne, comme une « parèdre guerrière » du dieu de l’orage, mais ce jugement est fondé
seulement sur le schéma iconographique du sceau en question et non sur un examen des nombreuses figures divines
qui portent ce type de costume particulier. La même interprétation est répétée dans Amiet 1992b, p. 5-6, malgré le fait
que Schaeffer-Forrer 1983, p. 47, dans la première publication du cylindre, eût plus prudemment défini l’être mythique
comme un « génie ailé ».
45
Même si, dans des documents figuratifs fort fragmentaires, ce pagne se trouve aussi sur deux restes de petites stèles
en calcaire d’Ébla paléosyrienne classique, au Bronze Moyen II. L’un de ces fragments (TM.70.E.956), qui serait, hors
de la glyptique, le premier témoignage de ce genre de costume divin en Syrie, a été publié par Pinnock 1980. En plus,
une autre petite stèle (TM.88.P2.606) de la même typologie conserve seulement la partie supérieure d’un dieu qui, par
ses caractéristiques iconographiques, ne peut qu’être Rashap, qui devait certainement porter le même costume (Pin‑
nock dans Matthiae et al. 1995, p. 394, no 240).
46
Cette identité est manifeste même sur des cylindres de piètre qualité, comme ceux publiés par Moortgat 1940,
p. 132 et pl. 62, no 524 (VA 2291), par von der Osten 1936, p. 15 et pl. IX, no 84, et par Delaporte 1910, pl. XXXII,
no 490, où les deux figures divines sont présentes. Elle est plus évidente encore si l’on compare ce détail de costume de
l’iconographie aleppine de Hadad d’un cylindre certainement produit dans la région d’Alep, comme Moortgat 1940,
p. 132 et pl. 62, no 523 (VA 518), avec celui de la figure du dieu ailé sur des sceaux de bonne qualité comme Bleibtreu
1981, no 78 (Vienne, Kunsthistorisches Museum, no X 71) et Porada 1948, p. 128 et pl. CXLV, no 958. Cette identité
est pleinement manifeste sur un splendide cylindre de la Yale Babylonian Collection, dont malheureusement seule est
conservée la moitié inférieure et où devaient être représentés Hadad et Yam affrontés (Buchanan 1981, p. 436-437,
no 1275). Sur l’interprétation de la figure divine devant Hadad, qui pourrait être aussi bien Yammu que Rashap, voir les
considérations de Matthiae 2007, p. 188, 191-192, fig. 11 et notes 12 et 38.
47
Matthiae 1963 avec des nouveautés importantes présentées par Matthiae 2007. Cette identification a été acceptée
par Amiet 1982, p. 30, qui, toutefois, soulignait plutôt le fait que le dieu archer paléosyrien devait être Nergal, mais
le mésopotamien Nergal est exactement Rashap dans les milieux paléosyriens. Cornelius 1994, p. 90, l’a considérée
correcte lui aussi, même si elle se trouve fondée sur trois cylindres seulement : ce dernier argument d’incertitude n’est
plus valable après l’évaluation de nouveaux cylindres paléosyriens examinés par Matthiae 2007.
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
Fig. 13. Cylindre de New York, Pierpont Morgan Library, no 958 (Porarda 1948, no 958).
Ashtar48 (fig. 18), le dieu qui, dans le mythe ougaritique du cycle de Baal, n’est pas disposé de se battre avec
Yammu, abandonnant ce rôle héroïque au puissant dieu de l’orage49.
48
Matthiae 1992, p. 172 et 176 ; Speleers 1943, p. 148, no 1398 (avec Ilu et Yammu) ; Teissier 1984, p. 242-243, no 475
(avec Baal et Yammu).
49
Caquot et al. 1974, p. 123-126. Si l’on prend en considération le rôle royal du dieu Ashtar mis en évidence par Wyatt
1986 et Waterson 1988, on peut mieux comprendre la raison pour laquelle ce dieu – s’il est réellement le dieu avec
le pagne de Rashap et de Yammu, mais armé d’une lance à la place de l’arc de Rashap – a été représenté précédant
Yammu devant Ilu en trône comme sur le cylindre no 1398 des Musées d’Art et d’Histoire de Bruxelles (Speleers 1943,
p. 148) et en face de Hadad et de Yammu sur le cylindre de la collection Marcopoli no 475 (Teissier 1984, p. 242-
243). Sa relation particulière avec la royauté serait prouvée par sa présence sur le cylindre de la collection Marcopoli
no 455, où il suit une déesse difficile à identifier et Kubaba de Karkémish avançant vers un roi qui massacre un ennemi
(Teissier 1984, p. 234-235). Il est possible qu’il soit représenté aussi sur un beau cylindre à deux registres du British
Museum (BM.126333), probablement de la région d’Alep, où dans un cortège de divinités apparaissent Khébat,
289
Paolo Matthiae
Fig. 15. Cylindre de New Haven, Yale Babylonian Collection, collection Newell, no 325
(Buchanan 1981, no 1246).
Si l’on considère les compositions glyptiques dans lesquelles ce dieu apparaît, on observe que, dans
les scènes mythiques, on le voit, d’un côté, la plupart du temps engagé dans un duel avec Hadad/Baal
(fig. 19-20)50, qui illustre clairement la lutte cosmique chantée dans le cycle poétique médiosyrien d’Ougarit,
Hadad, peut-être Ashtar et probablement Yammu dans une lacune (Teissier 1996, p. 202, no 164). En revanche, tandis
que Yammu y est présent avec Rashap, ce dieu à identifier probablement avec Ashtar n’apparaît pas sur le splendide
cylindre à trois registres qui montre une série de divinités appartenant probablement au panthéon d’Alep et qui a été
étudié par Matthiae 2011a.
50
Delaporte 1910, p. 276-277, 282 et pl. XXXII-XXXIII, nos 490 et 497 ; Eisen 1940, p. 61, no 148, pl. XIV ; Speleers
1943, p. 149, no 848 ; Buchanan 1966, p. 172 et pl. 55, no 879 ; Buchanan 1981, p. 414-415, nos 1189 (collection Newell
no 324) et 1190 (collection Newell no 327) ; Teissier 1984, p. 242-245, nos 476 et 483.
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Fig. 17. Cylindre de la collection von Aulock, no 289 (von der Osten 1957, no 289).
Fig. 19. Cylindre de New Haven, Yale Babylonian Collection, collection Newell, no 324
(Buchanan 1981, no 1189).
291
Paolo Matthiae
Fig. 20. Cylindre de New Haven, Yale Babylonian Collection, collection Newell, no 327
(Buchanan 1981, no 1190).
et, de l’autre, mis plus rarement en relation avec Ilu aux eaux jaillissantes (fig. 18)51. En revanche, dans les
scènes rituelles, il se trouve assez fréquemment vénéré par le roi (fig. 13, 14 et 17)52. Il est plus rare qu’il soit
adoré par un personnage non royal (fig. 15)53, ou bien qu’il se trouve engagé dans une scène mythique dif‑
ficile à déchiffrer (fig. 16)54. Une contribution fondamentale à la confirmation de cette identification du dieu
ailé et armé, au pagne à pan flottant, avec Yammu – personnage qui était l’un des deux protagonistes dans
le récit de la lutte entre Hadad et Yammu au sein du cycle épique d’Ougarit documenté seulement dans une
phase récente de la période médiosyrienne – a été récemment apportée par la découverte de J.-M. Durand.
Selon lui, le mythe de la lutte entre Hadad et Yammu, sur la base des données épigraphiques, était déjà
connu dans les milieux aleppins depuis au moins la période paléosyrienne55.
Si, en fait, il était raisonnable de supposer que la rédaction ougaritique du mythe devait reproduire un
mythe plus ancien, vraisemblablement originaire de la ville qui était le siège du plus important culte du
dieu, en avoir une preuve épigraphique directe dans les archives royales de Mari rend beaucoup plus solide
la proposition d’identification de Yammu dans la glyptique paléosyrienne contemporaine des textes mario‑
tes, d’autant plus que l’iconographie du Hadad en lutte avec le présumé Yammu sur les cylindres paléosy‑
riens est clairement, dans la presque totalité des cas, l’iconographie officielle du grand dieu d’Alep et non
une variante quelconque56. Ce n’est que sur un cylindre de la collection Marcopoli que le Hadad qui fait
51
Il se pourrait que, sur les cylindres no 879 de l’Ashmolean Museum d’Oxford et no 848 des Musées royaux d’Art et
d’Histoire de Bruxelles, le duel entre Hadad et Yammu ait lieu devant le dieu Ilu assis en trône, mais cette interpréta‑
tion est douteuse à cause de la mauvaise qualité de l’incision des deux sceaux. Pourtant, Yammu est vénéré avec Ilu en
trône par un fidèle non royal dans le cylindre publié par Opificius 1968, p. 25, no 44, et Yammu apparaît encore avec
le possible Ashtar devant Ilu et lui rendant hommage sur le cylindre no 1398 de Bruxelles (Speleers 1943, p. 148) : ces
deux derniers sceaux partagent de telles similarités iconographiques et stylistiques qu’il est fort probable qu’ils aient
été produits par le même atelier.
52
Porada 1948, p. 128 et pl. CXLV, no 958 ; von der Osten 1957, p. 113, no 289 ; Bleibtreu 1981, p. 66, no 78.
53
Par exemple Buchanan 1981, p. 328-329, no 1246 (collection Newell no 325), et Teissier 1984, p. 246-247,
n 486-487.
os
54
Une scène similaire se retrouve sur le cylindre de Baltimore, Walters Art Gallery, no 42.804, étudié par Porada 1977,
qui toutefois considère comme féminine la figure divine : les éléments d’incertitude dans l’interprétation sont multi
ples, car il est difficile de dire si les deux figures sur le dos du chameau sont divines ou humaines, mais il n’y a pas
de doute que la divinité ailée, qui, assez étrangement, ne tient dans ses mains aucune arme ni enseigne, porte le pagne
masculin.
55
Durand 1993. En réalité, il n’est pas à exclure que les mentions d’une lutte mythique du dieu Hadad trouvées dans les
incantations des archives royales d’Ébla autour de 2350-2300 av. J.-C. soient des allusions au même duel entre Hadad
et Yammu, qui pourrait donc bien déjà remonter à l’époque protosyrienne mûre dans la région de Syrie intérieure
(Fronzaroli 1997).
56
Dans un seul cas la divinité ailée protagoniste du duel avec Hadad ne présente pas le costume divin traditionnel
(Delaporte 1910, no 490). Mais ce cylindre représente justement une preuve supplémentaire du fait que la divinité
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Quelques notes sur les déesses se dévoilant et les divinités ailées dans la glyptique paléosyrienne
face à la divinité ailée et armée, au pagne à pan flottant, est précédé par deux taureaux, et cela à l’encontre
de la norme qui, presque toujours, prévoyait la présence d’un seul taureau, et surtout est debout sur deux
montagnes, selon une iconographie du grand dieu de l’orage considérée comme typique du Baal du Mont
Sapuna, le Jebel Aqra, au nord d’Ougarit57.
Les armes que brandit ce dieu identifié avec Yammu présentent des variantes, mais sont assez bien
différenciées des armes des déesses ailées et armées représentées en train de se dévoiler ou avec la jambe
avancée nue, qui, comme on l’a dit, ne présentent jamais le pagne à rayures horizontales muni du pan
flottant à stries verticales, pour sa part typiquement masculin. Lorsqu’il lutte avec Hadad, Yammu tient
une hache et une lance58 ou bien un bâton (qui pourrait bien être une masse d’armes)59, ou une lance60, ou
encore une lance et une arme courbe61, alors que parfois il ne semble pas être armé62. Mais sur la plupart
des cylindres où la divinité ailée se trouve devant une figure royale en adoration, le dieu tient une lance et
une arme courbe, qui paraissent donc ses armes habituelles63 : la relation particulière de Yammu avec la
royauté, qui est clairement due au rôle qu’il joue dans le mythe de la lutte avec Hadad, est bien documentée
par les cylindres paléosyriens, où il apparaît comme l’une des divinités les plus fréquemment adorées par
une figure royale, presque à égalité avec Hadad lui-même64.
Il apparaît, donc, que le dieu ailé et armé qui se bat avec Hadad et qu’on peut identifier avec Yammu,
dont, comme on l’a vu, le mythologème de la lutte avec le dieu de l’orage était déjà bien connu à l’époque
paléosyrienne dans le milieu même d’Alep, possède des caractéristiques et des armes qui le distinguent
clairement des divinités ailées et armées qui, au contraire, sont clairement féminines.
Je voudrais conclure ces notes, que je suis heureux de dédier à un ami et à un collègue qui a tant de méri‑
tes dans l’étude de la glyptique de Syrie, période médiosyrienne comprise, en résumant les identifications
des divinités du panthéon paléosyrien représentées dans la glyptique contemporaine, qui, même si elles
peuvent parfois ne pas être considérées comme définitives, apparaissent fort probables. Parmi les grandes
déesses fort probable est l’identification de la déesse se dévoilant avec Kubaba et il est possible que la
déesse ailée et armée se dévoilant ne soit qu’une simple variante de Kubaba créée dans un centre différent,
mais non loin de Karkémish, ou bien à Karkémish même quand on voulait souligner son caractère guerrier.
Toute identification de la déesse ailée et armée, vêtue d’une jupe plissée ou frangée couvrant une seule
jambe – déesse qui pourrait avoir été une divinité chasseresse – est sans doute difficile, mais il se pourrait
que la deuxième déesse ailée et armée, représentée plus d’une fois tenant une proie, fût réellement Anat,
présentée comme étant une formidable chasseresse65. Il paraît toutefois assuré que deux déesses différentes
sont à reconnaître dans la déesse ailée et armée se dévoilant et la déesse ailée à longue jupe couvrant une
en question est un dieu et non une déesse, car ce personnage porte le pagne masculin typique de Hadad, dépourvu de
l’appendice flottant.
57
Teissier 1984, p. 243, no 476 : sur cette iconographie de Hadad/Ba‘al, voir Dijkstra 1991. La présence sur ce sceau
de l’image canonique de la déesse Khébat immédiatement derrière le dieu de l’orage ferait penser que, sur ce cylindre
aussi, était représenté le grand dieu d’Alep plutôt que le Ba‘al Sapuna, et tendrait à prouver que la représentation des
deux montagnes du Sapuna pouvait faire partie du répertoire des ateliers du Yamhad.
58
Buchanan 1981, no 1190 : ce cylindre est certainement sorti du même atelier que celui qui a produit le sceau de la
collection Moore no 147 (Eisen 1940, p. 61 et pl. XIV), où le dieu ailé ne tient rien dans sa main tendue, probablement
par manque d’espace.
59
Buchanan 1981, no 1189 (collection Newell no 324).
60
Teissier 1984, p. 244-245, no 483. Une interprétation apparemment particulière du duel entre Hadad et Yammu
apparaît sur un cylindre paléosyrien d’Ougarit dans lequel les deux dieux affrontés tiennent tous les deux la même
lance verticale pointe en bas (Schaeffer-Forrer 1983, p. 47 ; Amiet 1992a, p. 27, 30 et fig. 9, no 38 [RS 21-020 =
Damas 2675]). En tout cas, il faut dire que l’iconographie du dieu de l’orage sur ce cylindre fort intéressant est assez
particulière, car le dieu porte le pagne à pan flottant, ce qui est extrêmement rare dans l’image paléosyrienne de Hadad.
61
Delaporte 1910, no 497, pl. XXXIII ; Speleers 1943, p. 149, no 848.
62
Von der Osten 1936, p. 15 et pl. IX, no 94.
63
Buchanan 1966, no 878 ; Buchanan 1981, nos 1245 et 1246 ; Opificius 1968, no 44 ; Moortgat 1940, p. 132 et pl. 62,
n 524 (VA 2291) ; Porada 1948, no 958 ; Speleers 1943, no 1398; Teissier 1984, p. 240-247, nos 472, 475, 480, 486 et
o
487 ; Erkanal 1993, p. 28 et pl. 9, no I-X/19. Une variante importante de l’iconographie de Yammu représenté devant
une figure royale est celle du remarquable cylindre de la collection Rich, aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum de
Vienne (Bleibtreu 1981, p. 66, no 78) : ici, le dieu tient les deux lances et une hache, au lieu de l’arme courbe, exacte‑
ment comme le roi qui est en face de lui et comme lui-même lorsqu’il lutte contre Hadad. On aura constaté, pourtant,
que la présence des deux lances verticales parallèles, tenues dans une seule main tendue, est, assez étrangement, un
motif qui se répète, dans les trois images divines ailées et armées. Bien que rare dans l’iconographie de Yammu, elle se
retrouve aussi bien dans celle de la déesse ailée se dévoilant que dans celle de la déesse avec longue jupe couvrant une
seule jambe.
64
À ce propos voir les considérations formulées par Matthiae 1992, p. 146-147.
65
Caquot et al. 1974, p. 85-87.
293
Paolo Matthiae
seule jambe. On peut juger bien probable, enfin, que le dieu ailé et armé avec la jupe au pan flottant ne
soit autre que Yammu, comme il ne fait aucun doute que le dieu archer est Rashap. Des doutes subsistent,
en revanche, quant à la possibilité que l’autre dieu au pagne avec le pan flottant, armé d’une lance, puisse
être Ashtar.
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