LA QUEUE DE POISSON DES SIRÈNES
La tradition gréco-orientale, telle qu'elle est connue par les anciens monuments de la Grèce et de Rome, veut que les sirènes aient été des êtres à tête de femme, emplumes, et pourvus de pattes d'oiseaux. Ce type, pendant le moyen âge, a été connu en Occident.
Mais, toujours au moyen âge et en Occident, un type nouveau est apparu vers la fin du vne siècle ou dans le courant du viii% selon lequel les sirènes auraient été des monstres à tête et buste de femme, ayant, au-dessous du nombril, une queue de poisson.
C'est ce second type qui, à l'époque moderne, a prévalu dans les imaginations et dans l'art. Littré, admettant le mot « sirène » dans son Dictionnaire dé la langue, française, en a donné la définition suivante : « Etre fabuleux, moitié femme, moitié poisson qui, par la douceur de son chant, attirait les voyageurs sur les écueils de la mer de Sicile où ils périssaient. »
Quand donc et comment la substitution d'un type à un autre s'est-elle opérée ?
Le présent article vise moins à résoudre le problème qu'à en préciser certaines données.
I. — Le type ancien.
i. La Bible. — L'une des voies par lesquelles le nom des sirènes s'est répandu en Occident a été la Bible.
Il y a un passage du Livre d'Isaïe (xni, 21-22), dont le sens,
Romania, LXXIV. 28