MELANGES
LA CROISIÈRE DU BARON DE SAINT-BLANCARD
1537-1538
La croisière entreprise dans les mers du Levant, sur l'ordre de François Pr, par l'escadre du baron de Saint-Blancard, du 15 août 1537 au 19 juin 1538, est un épisode mal connu des relations entre la France et l'Empire ottoman : il n'est mentionné que rarement ou de façon très brève dans les ouvrages des historiens 1. Pourtant, cette expédition — qui, pour la première fois, montrait une flotte française aux côtés des Turcs sur les points où eux-mêmes faisaient la guerre — intéresse l'histoire de cette période non seulement en raison de son double caractère militaire et diplomatique, mais aussi par les renseignements qu'elle permit de recueillir sur les conditions de la navigation et du commerce dans le bassin oriental de la Méditerranée, ouvrant ainsi les voies aux vaisseaux marseillais et préparant l'établissement des premières Echelles du Levant. Enfin — dernière source d'intérêt pour l'historien — cette longue croisière a donné lieu à la rédaction des deux plus anciennes descriptions qui nous sont parvenues de ces rivages.
Les sources
Elles sont peu nombreuses et souvent moins explicites qu'on ne le souhaiterait, mais sur certains points elles peuvent être complétées ou éclairées par d'autres documents contemporains ou légèrement postérieurs.
Cest d'abord une sorte de journal de voyage rédigé, dès le retour de l'expédition, par un des membres de Tétat-major du baron de Saint-Blancard, nommé Jehan de Véga, vraisemblablement d'après des notes prises au jour le jour. Nous en possédons deux exemplaires originaux sur parchemin
1. A titre indicatif, ni H. Lemonnier (Hist, de France de Lavisse, t. V, 2* partie, 1904), ni Les débuts de l'âge moderne, d'H. Hauser et A. Renaudet (1946), ni G. Zeller (dans l'Histoire des Relations internationales de P. Renouvin, 1953) ne mentionnent l'expédition de Saint-Blancard. J. Ursu (La politique orientale de François l", 1908) y consacre quelques lignes (pp. 104-105). L'ouvrage de Mignet, Rivalité de François I" et de Charles Quint, s'arrête à la paix de Cambrai (1529). Ch. de La Ronciere la relate en quatre pages (Histoire de la Marine française, t. III, pp. 360-364) et s'étend plus longuement sur la mésaventure de Magdelon d'Omezan, survenue au large des côtes de Provence, au retour de l'expédition.