Dans la tête d’Edna, en plein burn-out familial : « Leur façon de dire maaaman… »

Edna, 45 ans, n’a « aucune raison » de se plaindre : « J’ai un toit, un emploi, un mari, des enfants, mes parents n’ont pas de problème de santé particulier, j’ai des amis qui tiennent à moi ». Et pourtant, elle se sent « vide de tout ».

Le burn-out maternel est une puissante dépression qui éloigne une femme de ses enfants. Justin Paget
Le burn-out maternel est une puissante dépression qui éloigne une femme de ses enfants. Justin Paget

Impossible de dire quand c’est venu, ce malaise qui l’étreint, cette envie physique de prendre la fuite, ils se sont sournoisement glissés en elle, remontant le long de ses jambes et de ses bras comme une tache infuse la nappe, par capillarité. Les bras fermement croisés, chaque cm2 de sa peau tremble, là, dans ce café pourtant bien chauffé. « J’ai l’impression d’être trempée dans le goudron, comme dans Lucky Luke, vous voyez ? » Et on voit bien, cette image de pauvre hère englué dans une masse sombre qui l’entrave.

Edna souffre d’un burn-out parental. Notion récente, dérivée du burn-out professionnel désormais bien connu - et même inscrit au rang des maladies dans la nomenclature de l’Organisation mondiale de la santé -, le burn-out familial décrit une détresse psychologique et émotionnelle, avec de nombreux symptômes communs à la dépression : épuisement, sentiment d’échec, difficulté à se concentrer, perte d’estime de soi, culpabilité, désengagement dans les responsabilités comme dans les démonstrations d’affection. « Je suis là mais je ne suis pas là, je suis là sans l’être », résume Edna. « Quand j’y arrive, je me sens au-dessous de tout et de tout le monde. Tout me fait mal ». Le burn-out familial peut toucher plusieurs membres de la famille en même temps, et ce risque ajoute à la culpabilité naturelle de la chargée de projets en informatique.