
Ça fourmille dans le centre de conférence Pierre Mendès France au cœur du ministère de l’Économie. Dès le début de la matinée, une centaine de jeunes femmes - lycéennes, étudiantes, ingénieures - toutes finalistes du challenge Innovatech organisé ce mercredi 14 mai, déambulent d’ateliers en ateliers avant la grande finale qui a lieu en début d’après-midi. Mis en place par l’association Elles Bougent, dont l’objectif est d’attirer les jeunes femmes vers les filières scientifiques, ce concours propose à des lycéennes de créer, dans un temps très court, une technologie innovante, épaulées par des étudiantes et des ingénieures.
L’objectif de cette matinée avant de monter sur scène : les plonger petit à petit dans l’ambiance du challenge et les préparer à la prise de parole en public. À l’atelier sophrologie, l’ambiance est à la détente. Toutes assises, les yeux fermés, les participantes écoutent la voix douce de l’animatrice pour une séance de sophrologie guidée. « Vous êtes tellement fière d’être cette personne qui s’exprime avec aisance, fière d’être cette personne à l’aise, confiante qui s’exprime devant dix, vingt, cent ou mille personnes », affirme l’animatrice pour infuser cet état d’esprit aux participantes.
« Je ressens de la fierté quand je regarde ce qu’on a construit en cinq heures »
Kadije, étudiante en quatrième année au Cesi Rouen, est l’une d’entre elles. À quelques heures des résultats du concours, la finaliste de la région Normandie, « se sent prête », notamment grâce aux techniques de respiration enseignées.
Selma, elle, est passée par l’atelier maquillage, obligatoire avant toute montée sur scène. Le teint unifié, les lèvres dessinées et le regard rehaussé, la lycéenne en terminale dans le Nord a apprécié ce moment qui « apporte de la confiance avant de pitcher », même si elle le concède, le maquillage n’est pas nécessaire pour avoir de l’aplomb. Devant l’atelier, qui mobilise une dizaine de maquilleuses professionnelles, de nombreuses jeunes femmes attendent patiemment leur tour, installée en rang d’oignons.
Pour Kadije, le challenge Innovatech en lui-même lui apporte aussi cette assurance. « Avec cette expérience, j’ai appris à prendre la parole en public et développé une pensée critique sur les projets », estime l’étudiante, ravie d’avoir participé.
Même sentiment pour Selma et Rosie, qui ont été poussées à s’inscrire au challenge par leur professeure d’espagnol, référente des Cordées de la réussite, un dispositif d’accompagnement à l’orientation des élèves et d’égalité des chances. « Je ressens de la fierté quand je regarde ce qu’on a construit en cinq heures. J’ai aimé qu’on soit fédérées autour d’une même cause : la place des femmes dans la société scientifique. J’aimerais devenir ingénieure, et je sais que c’est un milieu assez masculin. Ce genre d’événement nous prouve qu’on est capable et qu’on est à notre place », assume Selma.
Objectif : se créer un réseau
Et c’est tout l’objectif d’Innovatech, rappelle Isabelle Huet, la directrice générale de l’association Elles bougent qui organise le challenge : « Nous rassemblons toutes les actrices de l’ingénierie avec cette ambition de permettre à de jeunes femmes de découvrir la démarche expérimentale scientifique auprès de femmes professionnelles. Elles apprennent aussi à pitcher et prendre la parole en public. »
Ce hackathon est aussi conçu comme un premier levier pour créer un réseau. « Elles sont en équipes, elles rencontrent des femmes ingénieures avec qui elles peuvent rester en contact. On crée les germes de sororité. C’est un outil assez puissant pour celles qui ont la chance d’y participer », s’enthousiasme-t-elle.
Cet esprit d’équipe est visible dans la cour où le soleil s’infiltre. Plusieurs groupes s’isolent pour la dernière répétition avant la finale. Dans un coin, un groupe de jeunes femmes vêtues de blouse blanche répètent leur présentation du projet Eco2miam, porté par la Lorraine. « Regarde le public pour qu’on t’entende », « n’oubliez pas que sur scène vous aurez des micros », les conseils fusent pour améliorer leur prestation à venir.
Après la pause déjeuner, place à la finale. Dans un grand amphi comble, les vingt équipes ont chacune sept minutes pour convaincre les dix membres du jury, dont le Parisien Étudiant faisait partie.
Chaque équipe arrive sur scène pleine d’allant. Certaines participantes butent sur des mots, d’autres oublient ce qu’elles veulent dire, l’enjeu reste important. Mais toutes vont au bout de leur pitch, soutenues par leur équipe. Du côté des projets, c’est l’équipe de Rhône-Alpes qui a remporté le premier prix avec le Storck, une application qui anticipe les besoins des voyageurs pour réduire leur charge mentale, en s’appuyant sur des critères personnalisés comme le confort, le budget ou l’impact environnemental et un chatbot intégré.
Le 2e prix, lui, a été octroyé à une des quatre équipes d’Outre-mer, la Réunion avec un projet de plate-forme qui optimise le chargement des cargos pour exporter à moindre coût. La troisième place du podium a été attribuée à, ex aequo, la Martinique pour son projet Mensana une application dédiée à la santé mentale des jeunes et à l’équipe bretonne pour SAP un patch discret à coller sur le corps qui permet d’envoyer une alerte en cas de danger grâce à une application. L’équipe de Lorraine repart, elle, avec un coup de cœur du jury avec Eco2miam un projet d’assistant intelligent pour les cantines scolaires, soutenu par 96 % du public qui ont voté par téléphone.
Autant de projets qui ont fait écho avec les ateliers d’innovation et de découverte proposés dans la matinée. De l’exosquelette facilitant la maintenance des opérateurs de la RATP, partenaire de l’évènement à Miroki, un robot de la start-up Enchanted Tools dont l’objectif est d’aider le personnel hospitalier à réaliser des tâches pénibles, les ambitions de la journée étaient tournées vers une seule direction : montrer aux jeunes femmes que les sciences et l’innovation leur appartiennent à elles aussi.
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