Pour l’équipe de France de biathlon, la dernière course des Mondiaux de Lenzerheide (Suisse), la mass start hommes dimanche 23 février, aura été celle de trop. Pour la première fois de la compétition, elle n’est pas parvenue à placer l’un des siens sur le podium. Le meilleur Tricolore, Eric Perrot, s’est classé seulement septième. Comme un symbole, pour la dernière course de Johannes Boe en championnats du monde, ce sont trois Norvégiens qui sont montés sur le podium.
Quelques heures plus tôt, les Françaises étaient toutefois une nouvelle fois parvenues à remporter une médaille, d’argent, grâce à Océane Michelon. Mais les cheffes de file françaises (Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet, Lou Jeanmonnot) étaient passées au travers de leur course.
Malgré tout, en dépit de cette dernière journée en demi-teinte, l’équipe de France a égalé son précédent record dans des Mondiaux, qui datait de l’année dernière à Nove Mesto (République tchèque) : 13 médailles remportées au total, dont six en or. Elle a ainsi terminé la compétition en tête du tableau des médailles, devant la Norvège et la Suède.
« On espérait faire des super Mondiaux, on les a faits », a commenté, à l’issue de la mass start masculine, Stéphane Bouthiaux, le directeur sportif du biathlon français. « Depuis le début de saison, on est sur tous les podiums de toutes les courses quasiment », a-t-il rappelé, ajoutant : « Quand on a une densité comme ça, on ne peut pas non plus se cacher et dire que c’est “incroyable”. »
Cette domination des Français – leaders du classement des médailles du début à la fin de la compétition – a été telle qu’elle a presque éclipsé la vraie star de ces championnats du monde, Johannes Boe, qui avait annoncé prendre sa retraite à l’issue de la saison.
Tout au long des douze jours de compétition, l’équipe de France est apparue souriante, soudée, très proche de son staff. A l’instar de Quentin Fillon Maillet ou de Julia Simon, les biathlètes les plus expérimentés du groupe ont intégré la nouvelle génération, qui ne s’est pas privée pour, elle aussi, aller décrocher des récompenses. L’affaire de la fraude à la carte bancaire opposant Julia Simon à Justine Braisaz-Bouchet, qui avait plongé le biathlon français dans la crise à l’été 2023, semble désormais bien loin.
Une razzia lancée dès le premier jour
Arrivée ambitieuse et sûre de ses forces à Lenzerheide, l’équipe de France n’a pas mis longtemps à trouver ses marques dans les Alpes suisses. Dès la première course, le relais mixte, les Bleus ont fait comprendre à leurs adversaires qu’il serait très difficile de les battre – aussi bien individuellement que collectivement – lors de ces Mondiaux.
Malgré une chute et un tour de pénalité, le quatuor français composé de Julia Simon, Lou Jeanmonnot, Eric Perrot et Emilien Jacquelin s’était aisément imposé, avec plus d’une minute d’avance sur le reste des adversaires. Les Tricolores ne le savaient pas encore, mais il s’agissait là du point de départ d’une grande razzia.
Car dès la première course individuelle, le 14 février, une nouvelle Marseillaise allait retentir. Sous le vent et la neige, Justine Braisaz-Bouchet est venue remporter le sprint grâce à un ski ultrarapide, sa grande spécialité. Une victoire pleine d’émotion pour « JBB », qui traversait jusqu’ici une saison en demi-teinte.
En individuel, c’est Julia Simon qui a créé la surprise. Sur une épreuve qu’elle n’apprécie pas et qu’elle n’avait jamais remportée en carrière jusqu’alors, elle s’est imposée confortablement devant ses adversaires. Une performance en guise de déclic pour la Savoyarde, qui n’en avait pas fini avec les récompenses dorées dans ces Mondiaux. Deux jours plus tard, elle décrochait une troisième médaille d’or, sur le relais mixte, en compagnie de Quentin Fillon Maillet.
« J’ai fait un très bon début et Quentin a fait une super fin de course, avait savouré Julia Simon à la fin de la course. Lou Jeanmonnot avait tellement assuré l’an passé avec Quentin [ils avaient aussi remporté l’or sur le relais mixte]. J’avais envie de montrer que j’avais ma place. Je suis contente d’avoir tenu la baraque. »
« Tenir la baraque », Julia Simon est une nouvelle fois parvenue à le faire, samedi 22 février, lors du relais féminin au côté de Lou Jeanmonnot, Océane Michelon et Justine Braisaz-Bouchet. Les Françaises, seules au monde, ont privé de suspense tous les spectateurs en menant la course de bout en bout.
Le sacre d’Eric Perrot chez les hommes
Chez les hommes, il y a eu beaucoup de belles courses également, mais seul Eric Perrot est parvenu à remporter l’or en individuel. Le biathlète de 23 ans a longtemps lutté avec Tommaso Giacomel, jusqu’à ce que l’Italien, coupable d’une faute sur l’ultime tir (19/20), lui permette de savourer sa première Marseillaise seul sur un podium lors d’un championnat du monde.
De nombreuses médailles de bronze sont également venues compléter cette édition historique pour les Français. Quentin Fillon Maillet, très complet lors de la compétition mais sans réelle fulgurance, a terminé troisième de l’individuel et du sprint, le même résultat que Lou Jeanmonnot chez les femmes. En plus de leur titre, Eric Perrot et Justine Braisaz-Bouchet se sont aussi invités sur le podium de la poursuite.
Reste à savoir si ce record de médailles et de titres pour l’équipe de France est de bon augure pour les Jeux olympiques d’hiver de Milan-Cortina, programmés dans moins d’un an.
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