Dominique Pelicot, un retraité de 71 ans résidant à Mazan, dans le Vaucluse, comparaît depuis le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon.

Il est accusé d’avoir drogué son épouse, Gisèle Pelicot, pour la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus rencontrés sur Internet, pendant dix ans.

Les enquêteurs ont recensé quelque 200 viols sur Gisèle Pelicot, entre juillet 2011 et octobre 2020 : si la plupart ont été commis par son mari lui-même, 92 ont été perpétrés par des hommes invités par Dominique Pelicot au domicile du couple, certains à plusieurs reprises. Une cinquantaine d’entre eux ont pu être appréhendés et comparaissent également au procès.

Qui sont les accusés du procès Pelicot ?

L’analyse du matériel informatique de Dominique Pelicot saisi par les enquêteurs a mis en évidence une liste de 83 hommes avec qui il a été en contact sur Skype ou sur un forum du site Coco.fr appelé « A son insu », pour discuter de la préparation de viols sur sa femme, Gisèle Pelicot, ou d’autres femmes.

Soixante-douze ont été repérés par les enquêteurs sur les vidéos et photos que Dominique Pelicot avait prises au cours des « séances ». Ils y apparaissent en train de commettre des attouchements ou des viols sur Gisèle Pelicot, inerte, ou d’assister son époux pendant qu’il la violait.

Avec les onze autres, Dominique Pelicot en est resté au stade des échanges en ligne.

54 hommes formellement identifiés

Outre Dominique Pelicot, les enquêteurs ont formellement identifié et procédé à l’interpellation de cinquante-trois autres hommes.

54 hommes formellement identifiés

Deux d’entre eux ont été mis hors de cause. Ils ont été en contact avec Dominique Pelicot, mais ne se seraient jamais rendus à son domicile.

Un, qui avait été identifié pour des actes commis sur Gisèle Pelicot en novembre 2018, est décédé depuis.

51 hommes sont jugés depuis le 2 septembre au tribunal d’Avignon

51 hommes jugés

Avec Dominique Pelicot, cinquante autres hommes sont jugés depuis le 2 septembre par la cour criminelle du Vaucluse. Dix-huit comparaissent détenus, dont Dominique Pelicot, et trente-deux comparaissent libres sous contrôle judiciaire. L’un d’entre eux, en fuite et sous le coup d’un mandat d’arrêt, est jugé en son absence.

Pompier, journaliste, chauffeur routier, gardien de prison, infirmier, retraité, conseiller municipal, ouvrier, informaticien, militaire, chômeur… Les accusés viennent de tous les milieux sociaux.

Ages

Le plus jeune des accusés avait 22 ans au moment des faits, le plus âgé 67 ans. Huit d’entre eux ont moins de 35 ans, six ont plus de 65 ans : la moyenne d’âge est de 47 ans et demi.

Situation familiale

Au moins trente-sept accusés sont pères de famille, un est en procédure d’adoption.

Des accusés qui vivaient à moins de 60 kilomètres de la ville de Mazan

Avant leur interpellation, la plupart des accusés vivaient dans un rayon de moins de 60 kilomètres autour de la commune de Mazan, dans le Vaucluse, où le couple Pelicot résidait après avoir quitté la région parisienne, en 2013.

Des viols perpétrés aussi en dehors de Mazan

Si la plupart des actes enregistrés par Dominique Pelicot ont été commis au domicile du couple, les premiers faits ont eu lieu, selon les déclarations de Dominique Pelicot aux enquêteurs, dès 2011, à leur ancien domicile de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). D’autres agressions ont été commises en Charente-Maritime, ou dans les Yvelines, lorsque Gisèle Pelicot se trouvait en vacances avec son mari.

A plusieurs reprises

Trente-neuf accusés se sont rendus une seule fois au domicile des Pelicot pour abuser de Gisèle Pelicot inconsciente, selon les faits établis par les enquêteurs. Dix accusés y ont été en revanche à plusieurs reprises : six accusés deux fois, et jusqu’à six fois pour quatre accusés. A une occasion, deux hommes étaient présents en même temps, outre Dominique Pelicot.

Antécédents judiciaires

Si un peu plus de la moitié des accusés étaient inconnus de la justice, vingt-trois d’entre eux ont un casier judiciaire pour des infractions diverses (conduite en état d’ivresse, détention de stupéfiants, vol, atteinte aux biens). Six ont été condamnés pour des faits de violences conjugales, deux pour des violences sexuelles.

Addictions

Treize accusés ont déclaré aux enquêteurs une dépendance à l’alcool et/ou une consommation régulière de drogue (cannabis, cocaïne).

Enfance

Treize accusés, dont Dominique Pelicot, ont déclaré aux enquêteurs, au cours de l’enquête, avoir été victimes pendant leur enfance de violences sexuelles, dont au moins deux d’inceste.

Maladies sexuellement transmissibles

Seulement cinq accusés ont été identifiés sur les vidéos comme portant un préservatif. Au moins treize accusés n’en portaient pas. « Par une chance extraordinaire », comme cela a été souligné au tribunal par une experte médicale, Mme Pelicot a échappé au VIH, à une hépatite B ou C, à la syphilis. Elle a cependant contracté quatre maladies sexuellement transmissibles.

Chefs d’accusation

Quarante-neuf accusés sont jugés pour viol avec plusieurs circonstances aggravantes (fait commis en réunion, administration d’une substance à la victime pour altérer son discernement ou le contrôle de ses actes), un pour tentative de viol et un pour agression sexuelle. Cinq accusés sont mis en examen, en outre, pour détention d’images pédopornographiques.

Le partage du mode opératoire

Dominique Pelicot a déclaré aux enquêteurs avoir fourni à quatre accusés, sur leur demande, du Temesta afin d’agresser sexuellement d’autres femmes selon le même mode opératoire que celui employé sur Gisèle Pelicot. L’un d’entre eux est passé à l’acte sur sa propre femme, une dizaine de fois, dont au moins deux avec la participation de Dominique Pelicot. C’est le seul des accusés à être jugé non pas pour le viol de Gisèle Pelicot, mais pour celui de son épouse.

Aucun homme n’a prévenu les autorités

Au premier jour de l’audience, trente-cinq accusés ont contesté les faits qui leur étaient reprochés, estimant qu’ils n’avaient ni l’intention ni la conscience de commettre un viol. Comme Dominique Pelicot l’a affirmé à la barre, « ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire ».

Selon ce qu’il a déclaré aux enquêteurs, environ trois personnes sur dix, avec qui il échangeait sur les réseaux sociaux, refusaient finalement son invitation, après qu’il eut exposé ce qu’il pratiquait sur sa femme.

Personne n’a prévenu les autorités.