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Mis sous pression dans l’affaire de Bétharram, François Bayrou rencontrera samedi l’association des victimes de l’établissement

Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, d’agressions sexuelles et de viols commis au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le maire de Pau affirme ne pas avoir eu connaissance de tels faits.

Le Monde

Publié le 14 février 2025 à 17h27, modifié le 21 février 2025 à 13h49

Temps de Lecture 3 min.

Le premier ministre, François Bayrou, le 13 février à l’Elysée.

Mis sous pression par la gauche dans l’affaire des agressions sexuelles entourant l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, le premier ministre, François Bayrou, va rencontrer samedi l’association des victimes du collège-lycée situé dans le Béarn, a appris l’Agence France-Presse (AFP) vendredi 14 février, confirmant une information de BFM-TV. Le porte-parole des victimes, Alain Esquerre, a fait savoir que la rencontre aurait lieu en fin de matinée samedi à la mairie de Pau, dont M. Bayrou est le maire, et qu’il s’exprimerait à l’issue de celle-ci.

Le premier ministre a déjà échangé au téléphone, mercredi, avec M. Esquerre, qui lui reprochait de « n’avoir pas eu un mot » pour les victimes depuis le début de l’affaire, en 1996. Le premier ministre lui a demandé « comment il pouvait les aider », selon son entourage.

Administrateur d’une page Facebook des « anciens du collège et lycée de Bétharram victimes de l’institution », le représentant des victimes a expliqué sur la radio Ici Béarn Bigorre lui avoir demandé d’« allouer davantage de moyens au parquet de Pau » pour cette affaire, et de faire des violences sexuelles « une priorité nationale ». « Je lui ai dit que c’est ce que j’attendais d’un premier ministre, et certainement pas de dire que tout est faux », a poursuivi M. Esquerre.

Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, d’agressions sexuelles et de viols commis au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990. Le ministère de l’éducation nationale a annoncé, par ailleurs, dans un communiqué publié vendredi soir, avoir « demandé au rectorat de Bordeaux d’avancer ses opérations de contrôle » afin de « disposer d’éléments sur le fonctionnement actuel de cet établissement ». Le ministère rappelle en revanche que la « politique de contrôle des établissements privés sous contrat » a été « renforcée » en 2024, après un rapport parlementaire sur leur financement public qui pointait une certaine opacité.

François Bayrou était ministre de l’éducation nationale entre 1993 et 1997, puis député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général les années suivantes. Certains de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement où sa femme a enseigné le catéchisme. L’un de ses fils était notamment dans la classe d’un élève à l’origine de la première plainte déposée contre un surveillant, pour une violente claque qui avait percé le tympan du garçon, en avril 1996.

Après plusieurs articles de Mediapart affirmant que M. Bayrou avait connaissance de certains faits relatifs à Notre-Dame de Bétharram, le premier ministre a plusieurs fois démenti ces derniers jours à l’Assemblée nationale avoir eu vent des affaires de violences physiques et sexuelles entourant cet établissement catholique privé béarnais. Il a aussi affirmé, mercredi après-midi auprès du Monde, n’avoir « jamais été au courant de ces affaires-là » et qu’il « n’aurai[t] pas scolarisé [ses] enfants dans un établissement » s’il avait su qu’il s’y passait « des choses de cet ordre ».

« Omerta »

Professeure de mathématiques à Notre-Dame de Bétharram de 1994 à 1996, Françoise Gullung, qui avait déposé plainte à l’époque pour dénoncer un climat violent qui y régnait, affirme pourtant en avoir « parlé de vive voix à François Bayrou pour lui dire qu’il fallait être vigilant parce qu’il s[’y] passait des choses anormales ». Avec l’infirmière de l’établissement, elles ont aussi chacune envoyé des courriers, restés sans réponse.

M. Bayrou réfute également avoir été au courant de la mise en examen pour viol, en 1998, de Pierre Silviet-Carricart, ancien directeur de l’institution, retrouvé mort dans le Tibre, à Rome, en 2000. Interrogé par Le Monde en mars 2024, le juge d’instruction Christian Mirande affirmait avoir reçu une visite de François Bayrou pour évoquer cette histoire. Ce que dément le premier ministre.

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Au cours des questions au gouvernement, mardi et mercredi, plusieurs députés de gauche ont interpellé François Bayrou sur sa connaissance, ou non, des faits qui se sont déroulés à Notre-Dame de Bétharram. « Votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’Etat. Il engage directement le président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon », a notamment lancé le député « insoumis » du Val-d’Oise, Paul Vannier.

Les députés socialistes ont, par ailleurs, estimé que François Bayrou « doit la vérité » aux victimes de cette affaire et à la représentation nationale, dans un communiqué de presse. « Des articles de presse publiés depuis apportent des éléments qui contredisent la version du premier ministre. S’ils étaient avérés, cela constituerait un mensonge et donc une faute grave », juge le Parti socialiste.

« Je vais redire ce que j’ai dit hier : jamais je n’ai été, à cette époque, averti en quoi que ce soit (…) des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements », avait répondu mercredi François Bayrou, à l’interpellation du député écologiste Arnaud Bonnet.

Demande de commission d’enquête

Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a accusé, vendredi, La France insoumise de monter l’affaire en épingle « en mélangeant les dates et en expliquant que, puisqu’il aurait pu savoir plus tard, il devait savoir avant ». « La réponse qui a été apportée par François Bayrou, c’est “à cette époque, au moment où je suis ministre de l’éducation nationale, au moment où mes enfants sont scolarisés, non, je n’étais pas au courant” », a précisé sur Franceinfo M. Mignola.

La gauche maintient toutefois la pression autour de François Bayrou. Le groupe écologiste à l’Assemblée nationale a annoncé, vendredi, le dépôt d’une proposition de résolution, afin de créer une « commission d’enquête sur les violences commises au sein du lycée Notre-Dame de Bétharram et [sur] l’absence de traitement des signalements ». Un député « insoumis », Jean-François Coulomme, a, lui, annoncé sur le réseau social X avoir saisi la justice pour « non-dénonciation » de mauvais traitements ou d’agressions sexuelles sur mineurs.

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