
« Trop chou ! » « Incroyable ! » « Je veux le même » ! Sur TikTok, les commentaires des internautes s’accumulent au-dessous de la vidéo d’un bébé paon tout blanc, qui écarquille ses grands yeux noirs. A ce jour, la vidéo cumule 3,2 millions de vues sur le réseau social. Pourtant, il s’agit d’un contenu entièrement créé par l’intelligence artificielle (IA). Si on tape « bébé paon » sur Google, le moteur de recherche affiche pêle-mêle des vraies images et des fausses. Car d’autres photos, elles aussi fabriquées par l’IA, montrent des bébés paons parés de toutes sortes de couleurs chatoyantes. Or la réalité est bien moins exotique : un vrai paonneau à la naissance ressemble furieusement à… un banal poussin, aux plumes jaunes, brunes et grises.
C’est ainsi que certains animaux générés par IA sont devenus des stars des réseaux sociaux. Par exemple, la « chouette géante » – un harfang des neiges – de TikTok, qu’une jeune femme censée être sa propriétaire semble porter avec peine, cumule à ce jour 10,7 millions de vues. Sauf qu’elle n’a jamais existé. Si de nombreux internautes s’aperçoivent qu’il s’agit d’un contenu fabriqué, c’est loin d’être le cas de tout le monde. D’autant que les moteurs de recherche ne filtrent pas les images générées par IA, et que certaines présentent des caractéristiques réalistes suffisamment troublantes pour alimenter la croyance en leur véracité. Alors que les principaux réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok) offrent la possibilité de mentionner que le contenu posté a été généré par une IA, certains comptes peu scrupuleux choisissent de ne pas le faire. Une stratégie qui joue délibérément sur le brouillage du vrai et du faux, afin de générer de l’audience, et donc des revenus. Pour Gérald Holubowicz, journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle, cette mode est portée par le désir de piquer la curiosité : « Ceux qui génèrent ces images vont accentuer les caractéristiques “mignonnes” des animaux, quitte à en faire de petits personnages de dessin animé. Elles vont rencontrer un certain succès chez un public majoritairement urbain, qui de base n’est déjà pas très connecté au vivant. »
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