Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Sarah Moon et Yohji Yamamoto, chasseurs de chimères

La puissance des visions oniriques de la photographe française et du créateur de mode japonais irrigue un beau livre retraçant trente ans de collaboration complice.

Par 

Publié hier à 17h30

Temps de Lecture 1 min.

Défilé Yohji Yamamoto, printemps-été 2020.

Lorsque Sarah Moon rencontre Yohji Yamamoto, cela donne naturellement des photographies oniriques, dont les silhouettes apparaissent comme plongées dans l’encre de Chine. La photographe de mode française est connue pour ses clichés fugaces, à la puissance suggestive ; le créateur japonais pour ses vêtements drapés de noir, qui se déploient et s’enroulent autour du corps de manière sculpturale.

Les deux artistes partagent cette capacité à transcender la mode, en créant des artefacts intemporels, affranchis des tendances. Un beau livre édité par Delpire & Co réunit ainsi quarante-cinq photographies de Sarah Moon, en grande partie inédites, dont la beauté énigmatique affleure à chaque page. Cet ouvrage conçu main dans la main par les deux créateurs est le fruit d’une collaboration commencée dès les années 1990.

On découvre des images aux tonalités sombres, parfois flashées d’éclats sourds, des noirs et blancs à l’aura envoûtante, aux contours souvent incertains. « Ce qui me fascine dans ton travail c’est que, la plupart du temps, tu drapes la femme en noir, et pourtant… chaque fois tu trouves une autre manière de le faire », écrit Sarah Moon à Yohji Yamamoto, dans un échange avec le designer qui fait office de préambule à l’ouvrage. Ce dialogue souligne la proximité de leurs processus créatifs, et leur quête incessante de la « surprise ».

« Peut-être que je serais devenu tueur »

Moon et Yamamoto font preuve de sincérité lorsqu’il s’agit de poser des mots sur leur pratique artistique. La première évoque cette « course à la chimère », cette nécessité quasi tragique d’être là au bon moment pour immortaliser l’éphémère ; le second relate ses incessants essayages : « Faut-il que je change ? Que je recommence ? Que j’arrête ? C’est comme une punition. » « Qu’est-ce qui te pousse à continuer ? », lui demande alors la photographe. « C’est une question importante. Peut-être ma colère envers ma société, mon monde, parce qu’il n’est pas exactement tel que je voudrais qu’il soit. Si je n’étais pas devenu couturier, peut-être que je serais devenu tueur », lui répond Yohji Yamamoto.

La première partie de l’ouvrage s’ouvre sur un portrait du designer par la photographe et se poursuit avec des images de ses collections des années 1990, qui paraissent familières tant elles ont imprimé nos rétines. Le livre est rythmé par les mots fétiches de Yohji Yamamoto : asymétrie, destruction, métamorphose, opposition, etc.

Les clichés inédits, tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc, révèlent des créations issues des collections récentes du créateur. L’ouvrage, pensé comme un objet en soi, se conclut par un croquis du couturier, une silhouette vue de dos, enveloppée dans un grand manteau, qui laisse transparaître son mystère.

Collection Fashion 4 de Yohji Yamamoto, 1996.

Dialogue Sarah Moon, Yohji Yamamoto, Delpire & Co, 84 p., 150 €.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.