La veste en cuir fait peau neuve

Qu’est-ce qui rend la veste en cuir (entendre ici le Perfecto, mais aussi le blazer, le blouson de cuir ou encore le trench) si désirable ? « Au cours de l’histoire, le cuir est une matière qui permet de se distinguer et de marquer son appartenance sociale à un groupe », relevait Marie Pichard, commissaire de l’exposition « Cuir, une matière à fleur de peau », qui était présentée à l’Ecomusée de la Bintinais, à Rennes, en 2024.

Dans l’imaginaire collectif, la veste en cuir est en effet d’abord associée aux gangs de motards, et autres loubards et héros menaçants du grand écran – Marlon Brando dans L’Equipée sauvage (1953), Mel Gibson dans Mad Max (1979), Arnold Schwarzenegger dans Terminator (1984)… Les bad girls ne sont pas en reste, de la sage Sandy de Grease (1978), qui se dévergonde une fois le Perfecto enfilé, à Trinity, héroïne de Matrix (1999), adepte du total look en cuir verni.

Parce qu’elle est quasiment de toutes les révolutions culturelles, la veste en cuir assied un peu plus, au fil des ans, sa réputation de pièce symbolique. Et incarne bien souvent une envie de rébellion face à une société trop policée. Il faut attendre le début des années 1960 pour qu’elle fasse officiellement son entrée dans le vestiaire féminin, même si, dès 1954, Harley Davidson propose, pour les amatrices de grosses cylindrées, une Cycle Queen Jacket très cintrée.

Enfilée par des femmes qui cherchent à s’extirper des carcans patriarcaux, la veste en cuir devient alors synonyme d’émancipation féminine. Figure emblématique du rock, la Britannique Siouxsie Sioux se promène ainsi à la ville comme à la scène vêtue de cuir, incarnation de la femme puissante des années 1980, libérée des diktats et des normes, et surtout maîtresse de sa sexualité.

C’est d’ailleurs une femme forte et sexy que s’emploieront à habiller de cuir les créateurs de mode dans les années 1990, avec pour chefs de file Claude Montana et Jean-Claude Jitrois, qui déclinent la peau sous toutes ses formes (blousons et manteaux à épaulettes XXL pour le premier ; trenchs et blazers très ajustés pour le second).

« Le cuir a une force, une rigidité, une puissance. Cela colle bien avec ma vision de la femme », dira d’ailleurs Claude Montana au cours de ses années de gloire. Puissance, indépendance, force… Autant de qualités qui font de la veste en cuir une pièce indémodable. La preuve, les défilés automne-hiver 2024-2025 l’ont revisitée sous toutes les coutures et non sans douceur.