Il y a quelque chose d’émouvant à voir trois étudiants de l’Ecole supérieure du parfum préférer exhumer les senteurs du passé d’une maison disparue plutôt que lancer sur le marché une marque branchée de plus. Paul Richardot, Anthony Toulemonde et Victorien Sirot se sont rencontrés en 2012, sur les bancs de l’école. Passionnés par la parfumerie d’autrefois, nourris par leurs cours d’histoire sur le sujet, les trois garçons courent les conférences à l’Osmothèque (le conservatoire des parfums), les brocantes et les ventes aux enchères, en quête de flacons rares. « C’est par hasard que nous avons entendu parler de Violet, un nom que tout le monde semblait avoir oublié », se souviennent-ils.
Une enquête commence qui vise à reconstituer l’histoire de la maison fondée par François-Etienne Violet en 1827. « Nous avons retrouvé des flacons, des affiches publicitaires, mais pas la moindre formule écrite », raconte Anthony Toulemonde. La marque qui a deux fois l’âge de Chanel a cessé son activité en 1955 sans qu’on sache pourquoi.
Avant même d’achever leur cursus, les apprentis parfumeurs la rachètent à un fonds d’investissement et entreprennent de lui redonner vie. Ne se sentant pas légitimes pour composer eux-mêmes les jus, ils font appel à la parfumeuse Nathalie Lorson, une pointure dans le métier à qui l’on doit Encre noire (Lalique) et Black Opium (YSL). La créatrice s’attelle à composer des jus nouveaux avec un petit quelque chose d’autrefois. En octobre 2017, le trio présente ses premières créations : Un air d’apogée, Sketch et Pourpre d’automne, inspirés des noms du catalogue de Violet.
Anthony, Victorien et Paul ont réussi leur pari : déjà présente dans vingt-cinq pays, de Taïwan à la Pologne, des Etats-Unis au Japon, Maison Violet poursuit son aventure. Pour rêver, dixième création de la marque, vient tout juste d’être dévoilée. On y retrouve l’odeur poudrée de l’iris de Florence, expression d’une parfumerie vintage qui a encore bien des choses à raconter.
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