
Pour les atteindre, il faut se munir de bonnes chaussures de marche et de son esprit d’aventure. C’est ainsi équipés que deux amis sont partis à la recherche des « abrumes ». Cette contraction, formée à partir des mots « abri » et « brume » par Gauthier Delvert et Raphaël Guillemette, désigne les refuges, souvent situés au-dessus des nuages, qu’ils ont passé les deux dernières années à recenser.
Armés d’un mètre et d’un carnet, les jeunes architectes ont parcouru les chemins de France pour dénicher ces bicoques de fortune qui jalonnent le territoire, des Vosges aux Pyrénées. En résulte un premier inventaire millésimé, agrémenté de photos et de croquis. Une anatomie sensible de ces habitats autant que des paysages dans lesquels ils ont été érigés.
Burons, bories, capitelles et cabanes forestières… Naguère régulièrement fréquentés par les bergers et les bûcherons, les abrumes sont retournés à l’état quasi sauvage avec l’exode rural. Les nuances vernaculaires de leurs appellations témoignent toutefois d’un patrimoine riche et toujours vivant. « Chacun de ces refuges est porteur d’un récit qui dépasse sa vallée et trouve souvent écho dans l’histoire nationale », explique Gauthier Delvert. La démarche est donc d’abord mémorielle. Garder une trace de ces maisonnettes perdues dans la nature et dont l’entretien dépend de l’engouement des bénévoles locaux et des randonneurs de passage.
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