
Difficile de trouver la moindre évocation de Prague dans l’œuvre de Kafka. Mais Kafka, lui, est bien présent à Prague. Entre la synagogue espagnole et l’église du Saint-Esprit, on le trouve qui chevauche un grand costume vide : une intrigante sculpture « équestre » de Jaroslav Rona de 2003, qui aurait été inspirée par un épisode de la nouvelle Description d’un combat, son tout premier récit. Au sud de Nové Mesto, la nouvelle ville, on inaugurait en 2014 une statue aussi clinquante qu’imposante (11 mètres de haut) de David Cerny : quarante-deux strates pivotantes faisant de la tête de l’écrivain une métamorphose permanente.
Kitsch ? Disons une ironie kafkaïenne, transformant un auteur à l’univers anxiogène en produit touristique. Mais aussi une forme de reconnaissance, lui qui fut proscrit par le régime communiste, et dont les livres ne furent vraiment connus qu’après sa mort, en 1924, sauvés du feu auquel Kafka les vouait par son ami Max Brod.
Un début d’adoubement était survenu déjà en 1965 : une plaque avec son portrait en bronze posée à un angle de la maison dite « à la Tour », où il vit le jour le 3 juillet 1883 (seul subsiste le portail d’origine). Elle se situe à deux pas de la place de la vieille ville, au cœur de Staré Mesto, le centre historique de Prague. « Toute ma vie, a-t-il dit un jour à son professeur d’hébreu, s’inscrit dans ce petit cercle. »
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