Visuel pop
Ils sont jaune fluo et rose vif, ornés du visage de la chanteuse Aya Nakamura qui s’exclame : « Oh Bollo, y’a pas moyen Bollo », détournement des paroles de Djadja, ou du slogan plus explicite « Boycott Bolloré Hachette ». Depuis décembre 2024, le collectif Désarmer Bolloré, qui regroupe plusieurs associations classées à gauche (Attac, Les soulèvements de la Terre (LST), Action justice climat…) affirme avoir distribué 450 000 de ces « marque-pages anti-Bolloré » imaginés par des graphistes bénévoles. « Les visuels sont disponibles en ligne et les gens en impriment aussi chez eux », précise Benoît Grange, membre du collectif. Chacun est invité à se rendre en librairie ou en grande surface, seul ou lors d’une opération organisée par le collectif, pour insérer des marque-pages dans des ouvrages publiés par le groupe Hachette. « Un geste simple et pas délictuel, qui permet d’alerter le lecteur sur ce qu’il a entre les mains », explique Benoît Grange.
Empire du livre
En novembre 2023, Vivendi, géant des médias contrôlé par le très conservateur Vincent Bolloré, a racheté Lagardère, absorbant ainsi le groupe Hachette et sa trentaine de maisons d’édition (Fayard, Grasset, Calmann-Lévy…). Premier éditeur de France et troisième éditeur mondial, Hachette est aussi le premier distributeur hexagonal de livres et gère la logistique d’indépendants comme Actes Sud. Le milliardaire possède également les boutiques Relay, installées dans les gares et les aéroports, où le collectif Désarmer Bolloré multiplie blocages et happenings, afin de « déstabiliser des secteurs-clés de Vivendi ». Parmi les cibles préférées des poseurs de marque-pages, on trouve Ce que je cherche, l’autobiographie de Jordan Bardella, publiée chez Fayard, dont les ventes fin 2024 s’élevaient à plus de 139 000 exemplaires, stimulées par la promotion menée dans les médias détenus par Bolloré.
Il vous reste 45.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
