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Emmanuel Lantin pour M Le magazine du Monde

En Guyane, le déracinement des enfants du fleuve au moment d’entrer à l’école

Par  (envoyée spéciale en Guyane )
Publié le 22 février 2025 à 14h00, modifié le 25 février 2025 à 14h52

Temps de Lecture 20 min.

Au téléphone, il s’était présenté : Laurent Coquet, 32 ans, du rectorat de Guyane. On était en juin 2024, en pleine saison des pluies, à Cayenne, la capitale régionale. « Je vous appelle pour votre affectation à l’école de Trois-Sauts, sur le fleuve Oyapock, à la rentrée prochaine », avait poursuivi Coquet. A l’autre bout de la ligne, une professeure des écoles, tout juste diplômée. « Est-ce vous qui avez demandé Trois-Sauts ? », avait relancé Coquet. La réponse avait fusé : « Non. » A vrai dire, l’enseignante ne connaissait ni le village ni ses habitants, mais son ton laissait peu de doute : rien ne lui semblait pire que ce poste-là pour une jeune femme créole du littoral.

Il faut regarder une carte pour comprendre. En Guyane, ce qu’on appelle « le littoral » est cette mince bande côtière le long de l’océan Atlantique, 10 % à peine du territoire, où se concentrent les cercles du pouvoir, les institutions, les villes importantes. Trois-Sauts, en revanche, se trouve au cœur de cette immense tache verte qui recouvre tout le reste de la région : la forêt amazonienne, impénétrable, que ne traverse aucune route. Elle est ceinturée par deux fleuves, le Maroni, à l’ouest, et l’Oyapock, à l’est, dont les rives abritent quelques villages où des peuples autochtones vivent surtout de chasse, de pêche, de culture. Ce sont les « territoires de l’intérieur », l’autre Guyane, ou plutôt l’autre monde.

« L’Amazonie, vivez votre rêve, des émotions inédites », proclame une campagne locale de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG). Mais pour l’éducation nationale, la région – et les territoires de l’intérieur en particulier – reste un trou noir qui souvent tient en échec les élèves, les professeurs, le ministère. Et qui ne s’atteint qu’en pirogue.

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