Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Tous passaient sans effroi » : franchir les Pyrénées avec Jean Rolin

L’ambulant écrivain a sué dans la montagne pour son nouveau livre, hommage délicat à ceux qui ont échappé par cette route à l’occupation allemande.

Par  (Collaborateur du « Monde des livres »)

Publié hier à 10h00, modifié hier à 15h16

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

« Passagen », de Dani Karavan (1991-1994), monument à la mémoire de Walter Benjamin, à Port-Bou, en Espagne.

« Tous passaient sans effroi », de Jean Rolin, P.O.L, 160 p., 18 €, numérique 13 €.

A l’origine des récits de Jean Rolin, il y a souvent la curiosité et la bougeotte, une envie de voir par soi-même, une soif de mieux connaître ce qu’ont d’abord suggéré les livres. C’est le cas de Tous passaient sans effroi, qui emprunte son titre à un vers célèbre de Vigny, en écho à la mort de Roland à Roncevaux… Le passage des Pyrénées qu’évoque l’écrivain est cependant plus tardif que celui du neveu de Charlemagne : il renvoie à tous ceux qui tentèrent de gagner l’Espagne depuis la France pendant la seconde guerre mondiale, avec des fortunes diverses et des destins contrastés. Certains sont célèbres, comme Walter Benjamin, qui se suicidera à Port-Bou (Catalogne) ; d’autres peuvent être des héros un peu oubliés, tel l’aviateur américain Bud Owens, ou des inconnus remarquables, comme le jeune Philippe Raichlen, belle figure de résistant elle aussi vouée au suicide, puisqu’il se fera sauter avec une grenade en 1949.

La première caractéristique du livre est de leur rendre à tous un hommage délicat, qui évite le kitsch un peu ronflant des commémorations officielles ployant sous les gerbes, cérémonies dont se moque gentiment l’auteur. Sa manière est l’ironie douce, et parfois l’admiration franche, surtout quand il mesure, en allant lui-même sur ces chemins de montagne, ce qu’a dû être le courage de tant d’hommes en temps de guerre. « Cette guerre, explique-t-il au “Monde des livres”, me fascine évidemment : je suis né à la fin des années 1940… Le conflit, l’Occupation étaient encore très proches, et toute ma vie j’aurai été captivé par cette période, qu’avait vécue par exemple mon oncle Jef, que j’ai déjà évoqué dans Le Pont de Bezons [P.O.L, 2020] : ce personnage assez romanesque s’était engagé dans la “LVF”, la Légion des volontaires français du fasciste Doriot, avant de déserter aussitôt pour traverser la France et gagner l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne… »

Il vous reste 72.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.