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« Une femme sur le fil », d’Olivia Rosenthal, Verticales, 160 p., 17 €, numérique 12 €.
Ne pas regarder ses pieds. Choisir un point fixe à l’horizon et y planter son œil. Le pied trouve le fil. Le corps doit rester vivant, tendu, conscient jusqu’au bout des doigts. Chaque pas, chaque geste réclame d’être maîtrisé. Telle est la discipline du funambule. Telle serait peut-être aussi celle de l’écrivain. C’est du moins ce que semble suggérer le quatorzième livre d’Olivia Rosenthal, Une femme sur le fil, qui se construit autour de la fascination de l’autrice pour celles et ceux qui se tiennent en suspens entre ciel et terre.
L’ouvrage se compose de mille morceaux de textes, numérotés et de longueurs variables. Parfois il s’agit seulement d’une phrase, frappée comme une sentence : « 299. Le sujet de tout récit vacille. » Ces maximes pourraient avoir l’air péremptoires, avec leur prétention apparente à énoncer une vérité définitive. Mais l’autrice déjoue intelligemment ce piège : en maniant l’ambivalence et la contradiction, elle dit « une chose et son contraire, (…) explore tous les chemins ». On retrouve ainsi l’art de celui qui se tient sur le fil : quand le corps penche à droite, il pointe le balancier à gauche.
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