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« Mon vrai nom est Elisabeth », d’Adèle Yon : un fantôme de famille rendu à son humanité souffrante

Ce puissant premier livre mêle enquête et récit intime pour en finir avec le roman familial d’une aïeule folle, longtemps internée, qui la hantait depuis l’enfance.

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Publié le 26 février 2025 à 16h00

Temps de Lecture 3 min.

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Dans un hôpital psychiatrique abandonné.

« Mon vrai nom est Elisabeth », d’Adèle Yon, Le Sous-sol, 380 p., 22 €, numérique 15 €.

Tout commence par des fantômes de cinéma et une sombre histoire de famille. En 2017, la surprenante Adèle Yon, née en 1994 (normalienne devenue enseignante, écrivaine et cheffe de cuisine), entreprend un travail de recherche universitaire sur la question du « double féminin fantôme » au cinéma, dont son premier livre, Mon vrai nom est Elisabeth, qui vient de paraître, est le prolongement. Ce motif du double, on le retrouve dans de nombreux films – tels Rebecca, d’Alfred Hitchcock (1940), ou Obsession, de Brian De Palma (1976) – où une héroïne, hantée par une autre femme, doit se confronter à ce double pour pouvoir devenir elle-même.

A la même période, par un troublant effet de contagion entre ces fictions cinématographiques et sa mémoire, Adèle Yon est happée par un drame familial : l’histoire ancienne et longtemps étouffée d’une aïeule jugée « folle », dont la simple évocation suffit à inquiéter toutes les jeunes femmes de la famille. Par superstition, elles redoutent de sombrer dans la démence. Cette femme mystérieuse, Adèle Yon ne l’a pas connue. C’est son arrière-grand-mère, Elisabeth, dite « Betsy » (1916-1990), qui fut diagnostiquée schizophrène et internée sous contrainte de 1950 à 1967 à l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais (Loiret), où elle dut subir des électrochocs, des cures de Sakel (qui provoquaient par injection un coma hyperglycémique) et une effroyable lobotomie qui lui laissa un trou de chaque côté du front.

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