
« Une affaire de style », de Denis Grozdanovitch, Grasset, 234 p., 20 €, numérique 15 €.
Denis Grozdanovitch est un drôle d’oiseau littéraire. Venu à l’écriture sur le tard, après une première vie consacrée au sport (il fut champion de tennis junior en 1963 puis champion de squash de 1975 à 1980), il a publié son Petit traité de désinvolture (éd. José Corti) en 2002, à l’âge de 56 ans. Ecrivain minimaliste, attentif aux « précieuses vétilles du quotidien », il explore de livre en livre tout ce qui peut s’opposer à une époque obsédée par l’ordre, la rentabilité et la vitesse.
Grand lecteur, avant de « jouer à l’écrivain », Denis Grozdanovitch n’a cessé de recopier depuis l’adolescence (sur plus de 300 carnets) des citations de ses « glorieux prédécesseurs », comme Alexandre Vialatte, Marcel Proust ou Fernando Pessoa. Son nouvel ouvrage, Une affaire de style, est une manière de leur rendre hommage et de se glisser dans leur sillage.
Construit sous forme de variations qui rappellent les carnets de Georges Perros (1923-1978) ou de Julien Gracq (1910-2007), ce livre n’est pas seulement un exercice d’admiration littéraire. Selon Grozdanovitch, le style des écrivains vénérés, outre le plaisir esthétique qu’il lui procure, est « plus révélateur de l’âme des êtres que leurs chères idées ». Avec beaucoup de malice et d’érudition, il part à la recherche de ses frères d’écriture (aucune femme ne figure dans son panthéon littéraire), soucieux de définir leur style et leur rapport à l’existence, ce qui revient pour lui exactement au même.
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