
Les années passent même sur les prodiges, sans forcément trahir ou ternir les promesses de la jeunesse. A l’approche de la cinquantaine, le philosophe et éditeur Maxence Caron, dont la somme qui l’avait fait connaître à moins de 30 ans, Heidegger. Pensée de l’être et origine de la subjectivité (Cerf, 2005), vient d’être rééditée aux Belles Lettres, a désormais à son actif un nombre impressionnant de livres, dont un système philosophique qu’il estime avoir achevé en 2021. Celui-ci consiste en une volumineuse tétralogie aux titres définitifs : La Vérité captive (Cerf, 2009), La Transcendance offusquée, Le Verbe proscrit et le Traité fondamental de la seule philosophie (Les Belles Lettres, 2018, 2022 et 2023).
Ce célibataire sans enfant qui vit désormais en ermite à la campagne, tout en conservant un pied-à-terre parisien, a prononcé les vœux monastiques (pauvreté, chasteté, obéissance) sans entrer dans un quelconque ordre religieux. Il n’avait pas croisé de journaliste depuis plus d’une douzaine d’années quand « Le Monde des livres » s’est entretenu avec lui, dans le sous-sol de la librairie Guillaume Budé, non loin du jardin du Luxembourg. Caron a conservé une allure romantique, évoquant son passé de concertiste à l’oreille absolue (il renonce à la musique pour la philosophie à l’âge de 14 ans). Son aspect et sa mise sont celles d’un éternel jeune homme déjà grisonnant, qu’on croirait tout droit sorti d’un roman russe du XIXe siècle.
Il vous reste 84.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.