Cinq romans, un recueil de nouvelles, un récit… Voici les brèves critiques de sept ouvrages notables en cette huitième semaine de l’année.
Roman. « L’Affaire Charlotte Anslo », de Claire Delannoy
Qui peut bien être Charlotte Anslo ? Qui est cette femme qui porte le pseudonyme que la narratrice s’est choisi sur un coup de tête pour son prochain livre ? Ce questionnement, exacerbé jusqu’à la démence, sous-tend L’Affaire Charlotte Anslo, sixième roman de Claire Delannoy. C’est au détour d’un stage de yoga que l’éditrice et romancière croise le chemin de Charlotte Anslo, peintre qui n’a jamais exposé ses toiles. Signe du destin ou hasard étonnant, le nom de la plasticienne est identique à celui que l’autrice s’est donné pour parapher son nouveau manuscrit. Stupéfiée, cette dernière se lance dans une enquête sur son alias, afin de découvrir par quel miracle ce nom a pu lui venir à l’esprit. Au fil de leurs échanges, Charlotte Anslo finit par se confier à son interlocutrice mutique. Des similitudes entre les passés des deux femmes émergent peu à peu, sources d’inquiétude pour l’écrivaine victime de cette synchronicité absurde. La recherche des causes de l’anomalie la pousse même à supposer que sa récente amie est une descendante des Anslo d’Amsterdam, proches de Rembrandt.
Inspiré d’un événement vécu par Claire Delannoy, L’Affaire Charlotte Anslo se place sous le signe de l’effarement. L’autrice, comme engouffrée dans sa propre prose, en efface peu à peu la ponctuation. Récit des embûches de la création, des pièges de la réflexion, un parfum de détresse se dégage de cet « entre-deux improbable », entre rêve impossible et réalité insoutenable. E. Pi.
« L’Affaire Charlotte Anslo », de Claire Delannoy, éd. Albin Michel, 208 p., 19,90 €, numérique 14 €.
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