
« Grandir en cité. La socialisation résidentielle de “jeunes de cité” », de Mickaël Chelal, Le Bord de l’eau, « Documents », 250 p., 20 €.
Les clichés, comme les habitants des cités, ont la vie dure. S’il est vrai que des adolescents et de jeunes hommes, désœuvrés et possiblement délinquants, occupent les halls des immeubles, ils ne représentent qu’une petite partie des résidents. C’est ce que nous rappelle Mickaël Chelal dans son formidable essai Grandir en cité, où il s’intéresse à tous les autres. Le sociologue, qui vit dans un quartier populaire de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), aborde de manière inédite la socialisation des enfants de ces grands ensembles par le prisme des relations entre petits et grands. Faisant de son lieu de vie un terrain d’enquête et de ses voisins des interlocuteurs privilégiés, il accède à un quotidien rarement analysé.
La cité en question, les Marnaudes, sortie de terre pendant les « trente glorieuses » entre une zone industrielle, des voies ferrées et un centre commercial, a été conçue pour les familles avec ses squares clos et ses parkings à la périphérie. Y vivent quelque 8 000 habitants, majoritairement français descendants d’immigrés, dont 40 % ont moins de 25 ans. Les enfants « sont partout, en tout temps ». Il faut dire que, dans ces appartements, les chambres individuelles sont quasi inexistantes, faute de place.
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