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« De proche en proche », d’Emma Rothschild : un arbre généalogique enraciné à Angoulême

L’historienne britannique reconstitue l’histoire d’une famille française ordinaire au long du XIXᵉ siècle.

Par  (Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 18 février 2025 à 08h00

Temps de Lecture 2 min.

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« De proche en proche. Une famille ordinaire dans l’histoire de France » (An Infinite History. The Story of a Family in France over Three Centuries), d’Emma Rothschild, traduit de l’anglais par Johanna Blayac, Seuil, « L’univers historique », 496 p., 26,50 €, numérique 19 €.

Dans Illusions perdues, achevé en 1843, Balzac inventait le néologisme « se désangoulêmer » pour inviter à quitter la province. Dans son nouveau livre, De proche en proche, l’historienne britannique Emma Rothschild nous « angoulêmise » au contraire avec conviction : c’est bien parce que la tranquille cité charentaise était loin d’être à l’avant-garde des mutations de la France (pré)révolutionnaire et d’un long XIXe siècle que cette spécialiste d’histoire économique voit en Angoulême un lieu intéressant pour mesurer ces changements.

Elle observe pour ce faire la trajectoire d’une famille ordinaire, les Aymard, des années 1760 aux années 1900. Aucun membre de cette famille n’eut de rôle important au cours de la Révolution française. Aucun ne participa au développement des secteurs économiques de pointe de l’industrialisation. Seul l’un des descendants, le cardinal Lavigerie, favorable au rapprochement de l’Eglise avec la IIIRépublique, est mentionné dans les livres d’histoire. Les hommes et les femmes de cette famille n’en connurent pas moins le « tressaillement intérieur » que tous les Français, inquiets de leur condition, ont éprouvé selon Tocqueville en 1789. Ils s’inscrivirent ensuite dans des circuits économiques, des formes de mobilité, des réseaux de connaissance nouveaux.

Cette entreprise d’histoire sociale emprunte à plusieurs registres, de la microhistoire à l’histoire des populations et à celle des réseaux. Elle repose sur l’exploitation de sources parfois arides, que l’autrice maîtrise avec dextérité, registres paroissiaux et état civil mais aussi documents fiscaux et actes notariés. Trois d’entre elles, datées de 1764, constituent la base de l’enquête : une procuration rédigée par un notaire d’Angoulême à la demande de Marie Aymard, une veuve soucieuse de récupérer les biens de son mari mort après avoir fait fortune, croit-elle, sur l’île de la Grenade ; le contrat de mariage de sa fille, signé par 83 personnes ; les registres des paroisses catholiques d’Angoulême durant cette même année, qui contiennent 4 089 noms.

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