
C’était des enfants heureux de se revoir. Jeudi 6 février, alors que le philosophe Christian Jambet faisait son entrée sous la Coupole, l’Académie française a été le théâtre d’une curieuse cérémonie, entre retrouvailles adolescentes et reconstitution de ligue dissoute. « Voilà une petite opération réussie », se félicitait l’écrivain Daniel Rondeau, dans un beau sourire juvénile, lors du cocktail qui a suivi. Rondeau a mené campagne pour que son ami Jambet, comme lui ancien militant maoïste de la Gauche prolétarienne (GP) et naguère « établi » en usine, le rejoigne au sein de la vénérable institution.
Tandis que l’islamologue, debout dans son nouvel habit, faisait l’éloge de l’historien Marc Fumaroli (1932-2020), son prédécesseur au fauteuil numéro 6, Rondeau se tenait assis près de lui, l’œil admiratif et secourable, prêt à récupérer, feuille à feuille, les pages du discours de réception. Peu après, une coupe à la main, il pouvait évoquer en riant d’autres « petites opérations », plus lointaines et plus musclées, menées en compagnie de quelques « ex » de la GP devenus également hommes de plume, notamment Olivier Rolin et Jean-Pierre Le Dantec. La bande vivra éternellement dans le cœur des camarades.
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