En direct, Proche-Orient : l’Allemagne appelle Israël à « lever immédiatement » les entraves à l’aide humanitaire à Gaza

Le gouvernement britannique a appelé lundi à laisser l’aide humanitaire « entrer dans Gaza », après le blocage décidé par Israël, et a de nouveau demandé « un cessez-le-feu durable ».

« Nous avons été clairs sur le fait que l’aide humanitaire doit entrer dans Gaza et, donc, qu’elle ne doit pas être bloquée », a déclaré un porte-parole de Downing Street. Israël a suspendu dimanche jusqu’à nouvel ordre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, après des désaccords avec le Hamas sur les modalités de la poursuite du cessez-le-feu.

Le 18 février, au terme du délai imparti par l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël pour le retrait israélien du Liban sud, l’Etat hébreu a annoncé conserver cette position, ainsi que quatre autres du côté libanais de la « ligne bleue », jugées « stratégiques » pour la sécurité des localités de Haute Galilée. Le ministre des affaires étrangères israélien, Israel Katz, a depuis confirmé que les soldats israéliens y resteraient « indéfiniment », avec « le feu vert des Etats-Unis », pourtant garants de l’accord de trêve, avec la France et l’ONU.

Le président libanais, Joseph Aoun, est arrivé lundi en Arabie saoudite pour sa première visite à l’étranger depuis son élection, en janvier. « J’attends avec beaucoup d’espoir les discussions que j’aurai ce soir avec le prince héritier, Mohammed Ben Salman », écrit la présidence libanaise sur X, citant le chef de l’Etat. La chaîne saoudienne Al-Arabiya a également annoncé son arrivée.

L’Egypte accueille lundi une réunion des ministres des affaires étrangères arabes, avant un sommet mardi où les dirigeants arabes discuteront d’un plan de reconstruction pour la bande de Gaza. Le ministre des affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a déclaré qu’un plan devait être présenté aux partenaires arabes « pour approbation ». L’Egypte ainsi que les autres pays arabes avaient rejeté le projet du président américain Donald Trump d’une prise de contrôle américaine de Gaza et d’un déplacement de sa population palestinienne.

Le Club des prisonniers palestiniens, une ONG de défense des prisonniers palestiniens, a rapporté lundi la mort d’un détenu administratif de 40 ans, originaire du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, dans la prison israélienne de Megiddo. Dans un communiqué, l’ONG rapporte que Khaled Mahmoud Qassem Abdullah était détenu depuis le 9 novembre 2023 « sans inculpation ni procès ». Alors qu’il était « en bonne santé » avant son arrestation, il est mort, selon elle, des suites de « tortures systématiques et de négligences médicales délibérées ».

Il est le troisième prisonnier dont la mort est signalée dans une prison israélienne au cours de la semaine écoulée, le 61^e depuis le début de la guerre à Gaza, toujours selon le Club des prisonniers palestiniens, qui dénonce les « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » commis par Israël.

L’armée israélienne affirme avoir frappé un « navire motorisé suspect » au large de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Le navire en question « violait les restrictions de sécurité et constituait une menace », justifie l’armée dans un communiqué publié sur Telegram, précisant que « des coups de semonce [avaient] été tirés pour éloigner les suspects de la zone ».

L’Allemagne a appelé lundi Israël à « lever immédiatement » les entraves à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, affirmant que son acheminement n’était « pas un moyen de pression légitime dans les négociations ».

« Nous demandons à Israël de continuer à laisser entrer l’aide humanitaire à Gaza, cela correspond également aux exigences de la Cour internationale de justice », a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères, appelant également les deux parties « à retourner à la table des négociations et à garantir le maintien de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages ».

L’auteur de l’attaque au couteau lundi matin dans une gare routière à Haïfa, qui a été tué par la police israélienne, est un « Israélien druze résident de Shefa Amr [ville de population arabe et druze située dans le nord d’Israël] qui avait passé plusieurs mois à l’étranger et était rentré la semaine dernière », a fait savoir la police dans un communiqué.

Les druzes, adeptes d’une religion ésotérique issue de l’islam, forment une minorité arabophone réputée pour son patriotisme en Israël. « Le terroriste est sorti d’un bus, a poignardé plusieurs civils, puis a été neutralisé par un agent de sécurité et un civil sur place », a déclaré la police, qui a qualifié l’attaque de « terroriste ».

Celle-ci a fait un mort et quatre blessés, dont « trois dans un état grave », selon les secouristes du Magen David Adom. Il s’agit du premier attentat mortel dans le pays depuis le début de la trêve dans la bande de Gaza. Le mouvement islamiste Hamas a salué l’attentat comme une « opération héroïque » sans pour autant la revendiquer.

Film coup de poing sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, No Other Land a remporté dimanche l’Oscar du meilleur documentaire. Un exploit pour une production à petit budget, portée par un groupe d’activistes israélo-palestinien. Les coréalisateurs, le Palestinien Basel Adra et le journaliste israélien Yuval Abraham, ont passé cinq ans à réaliser ce film, qui montre des soldats israéliens qui démolissent des maisons et expulsent des habitants, ainsi que l’avancée des colons. Au cours de la cérémonie, ils ont appelé, dans l’un des rares discours engagés de la soirée, la communauté internationale à œuvrer pour mettre fin au conflit, et accusé les Etats-Unis de bloquer toute solution.

« Je souhaite à ma fille de ne jamais avoir à vivre la vie que je vis, avec tant de violence, tant de destructions de maisons », a lancé sur scène Basel Adra, qui a demandé que cesse le « nettoyage ethnique » des Palestiniens. « Nous avons fait ce film, Palestinien et Israélien, parce qu’ensemble nos voix sont plus fortes », a renchéri Yuval Abraham. « Quand je regarde Basel, je vois mon frère, mais nous ne sommes pas égaux », a-t-il ajouté, avant d’accuser la diplomatie américaine d’être un frein à l’établissement d’une paix au Proche-Orient. « Il existe une autre voie. Une solution politique sans suprématie ethnique, avec des droits nationaux pour nos deux peuples », a-t-il affirmé.

Le ministre de la culture israélien, Miki Zohar, a déploré un « moment triste pour le cinéma ». « La liberté d’expression est une valeur importante, mais utiliser la diffamation d’Israël comme outil promotionnel international nuit à l’Etat d’Israël, et après le massacre du 7 -Octobre et la guerre en cours, c’est doublement douloureux », a-t-il déclaré sur X. Le film avait déjà remporté le prix du meilleur documentaire à la Berlinale. Il n’a toujours pas trouvé de distributeur aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont fait une proposition alternative du cessez-le-feu, qui permettrait l’échange de captifs sans que l’armée israélienne quitte le territoire gazaoui. Le Hamas refuse, et les négociations sont bloquées.

Deux personnes ont été tuées par des tirs de drones israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ont rapporté, lundi matin, des médecins et des médias du Hamas, cités par l’agence de presse Reuters.

Dimanche soir, l’armée israélienne avait annoncé sur son compte Telegram avoir mené une frappe aérienne visant deux « suspects » qui se trouvaient « à proximité des troupes de Tsahal » et « constituaient une menace pour celles-ci dans le sud de Gaza ».

Une attaque au couteau a fait un mort et quatre blessés lundi matin à Haïfa, grande ville du nord d’Israël, ont fait savoir les secours israéliens. L’attaque a eu lieu dans la gare routière et ferroviaire Hamifratz, dans le centre de Haïfa.

Le Magen David Adom (MADA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a dit avoir « constaté la mort d’un homme de 70 ans » et que ses équipes soignaient quatre blessés : trois dans un « état grave » (un homme et une femme d’une trentaine d’années ainsi qu’un adolescent de 15 ans) et une femme de 70 ans dans un « état modéré ».

La police n’avait pas confirmé, en fin de matinée, l’identité de l’assaillant, lequel a été tué. La mention par la police qu’il s’agit d’un « attentat terroriste » indique que l’attaque est liée au conflit israélo-palestinien.

Depuis le début de la guerre avec l’Etat hébreu, le 7 octobre 2023, à la suite de l’attaque sanglante du Hamas en Israël, le Qatar a évacué environ 2 400 Gazaouis, dont des centaines pour raison médicale. La séparation avec les familles est rendue plus douloureuse du fait des incertitudes concernant la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

« L’Union européenne condamne le refus du Hamas d’accepter la prolongation de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza », a déclaré, dimanche, Anouar El Anouni, porte-parole de l’UE, dans un communiqué, dénonçant aussi « la décision d’Israël de bloquer l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza ». « L’UE appelle à une reprise rapide des négociations de la seconde phase du cessez-le-feu, et exprime son ferme soutien aux médiateurs », a-t-il ajouté.

« Un cessez-le-feu permanent contribuerait à la libération de tous les otages israéliens restants tout en créant les conditions nécessaires au début du rétablissement et de la reconstruction de Gaza », a estimé M. El Anouni, ajoutant que « toutes les parties ont la responsabilité politique de faire de ceci une réalité ».

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a remercié, dimanche, le président américain d’avoir autorisé l’envoi à Israël d’armes. Donald Trump « est le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche » et « il l’a montré en nous envoyant les munitions qui étaient bloquées » par le gouvernement de son prédécesseur Joe Biden, a déclaré M. Nétanyahou dans un message vidéo en anglais publié sur le réseau social X. « Il donne ainsi à Israël les outils dont il a besoin pour finir le travail contre l’axe iranien du terrorisme », a-t-il ajouté.

Le Qatar, pays médiateur dans le cessez-le-feu à Gaza, « condamne fermement la décision du gouvernement d’occupation israélien d’arrêter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza », qui constitue « une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu et du droit humanitaire international », a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant rejeter « l’utilisation de la faim comme arme de guerre ».

« Il est vital qu’un cessez-le-feu et la distribution d’aide à Gaza soient maintenus pour répondre aux besoins humanitaires en matière de sécurité, d’abri, de soins de santé, de nourriture et de soutien psychologique, tout en trouvant une solution durable pour une paix durable », a exhorté, dimanche sur le réseau social X, Jagan Chapagain, le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, a chargé, dimanche, un comité d’experts de sept membres, dont deux femmes, de rédiger un projet de déclaration constitutionnelle pour « construire un Etat de droit » durant la phase de transition en Syrie après la chute de Bachar Al-Assad.

Cette décision tient compte « des aspirations du peuple syrien à construire son Etat de droit et des résultats de la conférence de dialogue national syrien », a affirmé la présidence. Le comité « soumettra ses propositions au président », ajoute le texte, sans fournir de calendrier.

Tenue mardi à Damas, la conférence de dialogue national a tracé les grandes lignes du futur Etat, insistant sur le désarmement des groupes armés, la mise en œuvre de la justice transitionnelle et l’ancrage des valeurs de liberté dans le pays. Ses participants ont aussi exhorté les autorités à « former un comité constitutionnel pour rédiger un projet de constitution (…) qui ancre les valeurs de justice, de liberté, d’égalité et fonde un Etat de droit ».