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Noorit Felsenthal Berger chez elle à Jérusalem, le 27 janvier 2025 en Israël. LUCAS BARIOULET POUR «LE MONDE»
LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »

En Israël, des mères de soldats en guerre contre la guerre

Par  (Tel-Aviv, envoyée spéciale)
Publié le 14 février 2025 à 06h00, modifié le 14 février 2025 à 17h27

Temps de Lecture 4 min. Read in English

Avant d’ouvrir la porte de sa maison, dans une petite rue tranquille de Jérusalem, Noorit Felsenthal Berger prévient : « Attention, la chienne est enthousiaste. » De fait, Joyal est un gros animal débordant d’ardeur. Incapable de contenir cette exubérance, sa maîtresse la considère cependant avec reconnaissance. « C’est son énergie qui nous a sauvé la vie en 2024, quand nous étions en plein cauchemar. » Chaque jour, durant cette année sombre, son mari et elle ont tremblé pour deux de leurs trois fils mobilisés à Gaza, dans les rangs de l’armée israélienne. Jusqu’au moment où, rejoignant d’autres mères de conscrits (la durée du service militaire est passée de deux ans et huit mois à trois ans depuis le début de la guerre) et de réservistes (ils sont 400 000), la psychologue clinicienne a décidé de battre le rappel pour exiger un arrêt des hostilités.

Abasourdies de voir des jeunes Israéliens perdre la vie et la santé dans des affrontements « poursuivis à des fins essentiellement politiciennes », ces femmes se sont regroupées, dès mars 2024, dans un mouvement baptisé « Les parents de combattants crient : stop ». Depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque terroriste menée par le Hamas dans le sud du pays, plus de 890 militaires israéliens sont morts, dont 405 dans l’enclave palestinienne. Pour sa part, Noorit Felsenthal Berger n’a pas porté le deuil, mais dit avoir vécu dans la terreur. L’un de ses garçons, le plus jeune, avait 20 ans et venait de faire une année de service civil lorsqu’il a été appelé sous les drapeaux, dès le premier jour du conflit. Affecté d’abord à Jabaliya, dans le nord de l’enclave, puis à Khan Younès et à Rafah, tout au sud, il est resté quatorze mois sur place, sans véritable temps de repos durant les huit premiers mois. Son aîné, lui, était en Italie, d’où il est revenu volontairement pour s’engager en tant que réserviste, direction Khan Younès pour quatre mois.

Au début, raconte Noorit Felsenthal Berger, « nous pensions qu’il n’y avait pas d’alternative à la guerre. Nous nous contentions d’envoyer de la nourriture et des équipements ». Selon plusieurs familles, les jeunes soldats manquaient de matériel, des gilets pare-balles jusqu’aux chaussettes. En mars 2024, pourtant, quand les responsables de l’armée ont annoncé qu’ils allaient investir Rafah, près de la frontière égyptienne, les choses ont changé. Avec l’intensification de la guerre, « nous avons compris que nos fils n’avaient rien à faire là-bas », affirme Anat Mogliner, dont le fils de 22 ans, membre d’un commando, a été rendu à la vie civile début janvier. Le compagnon de sa fille, en revanche, n’est pas revenu : âgé de 29 ans, il est mort à Gaza, en décembre 2023.

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