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L’Ukraine et l’Europe seules face à la Russie

La violente altercation survenue entre Donald Trump, J. D. Vance et Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche, vendredi 28 février, illustre l’hostilité de la nouvelle administration américaine à l’égard de l’Ukraine et signe un point de rupture dans la relation entre les alliés.

Publié le 01 mars 2025 à 10h24, modifié hier à 11h29 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Vladimir Poutine a enregistré un remarquable succès dans sa guerre contre l’Ukraine, vendredi 28 février. Il l’a obtenu sans tirer le moindre missile, sans avoir même à prononcer un mot. Ce succès, Donald Trump le lui a offert dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, à Washington. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, venu signer un accord permettant l’exploitation par les Etats-Unis des richesses minières de son pays pour le prix de leur soutien militaire depuis l’invasion russe du 24 février 2022, a pu y mesurer toute l’hostilité de la nouvelle administration.

Cette hostilité a été illustrée par l’agressivité sans précédent d’un vice-président américain, J. D. Vance, à l’égard du dirigeant d’un pays démocratique en guerre contre une dictature. Echanges aigres, accusations, menaces, jamais dans l’histoire des Etats-Unis des divergences n’avaient été exposées aussi crûment et aussi publiquement entre deux alliés qui ne cessent de s’éloigner l’un de l’autre. Le départ précipité du président ukrainien de la Maison Blanche, manifestement prié de quitter les lieux par ses hôtes, a indiqué qu’un point de rupture avait été atteint. On voit mal comment cette dernière pourrait désormais être évitée.

Depuis le nouveau tour pris par la diplomatie des Etats-Unis, qui souhaite négocier directement avec Moscou une issue à cette guerre aux conditions édictées par la Russie, un différend ne cesse de grandir entre Washington et Kiev, qui est soutenu sur ce point par les principaux pays européens. Il s’agit des garanties de sécurité demandées à Washington pour éviter qu’une paix précaire ne se transforme en un simple répit pour la machine de guerre russe, éprouvée par un conflit qu’elle pensait remporter en trois jours, avant de nouvelles offensives destinées à reconstituer ce que Moscou considère comme sa zone d’influence sur le sol européen.

En refusant le moindre engagement sur ce point, M. Trump fait de plus en plus clairement le jeu du Kremlin, dont il reprend déjà, à la virgule près, la vision du conflit en cours, y compris de ses origines, comme l’ont montré, le 24 février, des votes spectaculaires aux Nations unies. Au cours de son premier mandat, de 2017 à 2021, le républicain avait déjà épousé systématiquement les vues du président russe, régulièrement couvert d’éloges. Son alignement sur les dénégations de Moscou à propos d’ingérences avérées dans les élections américaines, lors du sommet de Helsinki, en juillet 2018, avait suscité la consternation, y compris dans les rangs de son parti, devenu depuis totalement muet.

Renversement des alliances

Indignés par la brutalité de MM. Trump et Vance vendredi, les dirigeants européens ont très vite exprimé leur soutien à M. Zelensky, à l’exception notable du premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui a remercié le président américain. Mais l’embuscade tendue au leader ukrainien dans le bureau Ovale ne fait que confirmer leurs craintes : la rupture transatlantique est profonde et l’alignement du discours de M. Trump sur celui de M. Poutine laisse présager un renversement d’alliances. L’Europe est désormais seule face à la Russie.

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C’est un immense défi, qui va dominer les discussions lorsque ces dirigeants européens se retrouveront, dimanche 2 mars, à Londres, autour du premier ministre britannique, Keir Starmer. Celui-ci les a initialement invités pour leur rendre compte de ses entretiens à la Maison Blanche, jeudi 27 février, trois jours après ceux du président Emmanuel Macron, et tirer les leçons de la nouvelle donne transatlantique. Mais le ton a radicalement changé entre le festival de flatteries auquel s’est livré jeudi M. Trump, visiblement désireux de diviser Britanniques et Européens, et l’humiliation publique du président ukrainien le lendemain.

Pour M. Starmer comme pour M. Macron, l’heure n’est plus à l’offensive de charme pour tenter d’amadouer Washington, qui n’a d’ailleurs guère produit de résultats. Il faut faire bloc, accélérer le calendrier de l’organisation d’une défense européenne forte et préparer les opinions publiques au virage brutal vers un autre monde.

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