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« Au-delà des méthodes brutales d’Elon Musk, la question de la hausse continue de la dette publique américaine mérite d’être posée »

Alors qu’il est nécessaire de réduire le déficit public américain, l’offensive lancée contre l’Etat fédéral relève davantage de la posture idéologique que du souci de bonne gestion, estime l’économiste Christophe Blot, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 mars 2025 à 17h00 Temps de Lecture 3 min.

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Quelques semaines avant son investiture, Donald Trump nommait Elon Musk à la tête du DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale, chargé de faire des propositions pour réduire la taille de l’Etat fédéral. Dès novembre 2024, Musk annonçait un objectif de 2 000 milliards de dollars (1 904 milliards d’euros) d’économies, soit un tiers du budget fédéral (hors dépenses liées aux intérêts). Même si les ambitions ont été revues à la baisse – Musk déclarant que la moitié serait déjà une bonne cible –, le ton était donné. Les annonces récentes de fermetures d’agences gouvernementales et l’incitation à la démission envoyée aux employés fédéraux ne sont donc pas une surprise. Plus que celle de la crédibilité de ces annonces se pose la question de leurs implications budgétaires, mais aussi de la nécessité de réduire le déficit budgétaire de l’Etat fédéral, qui s’est établi à 6,4 % du PIB à l’issue de l’exercice 2024.

Pour comprendre les enjeux du débat, il est important de rappeler quelques chiffres sur le budget de l’Etat fédéral. En 2024, les dépenses s’élevaient à 5 870 milliards de dollars (20 % du PIB), auxquels il faut ajouter 880 milliards de paiements d’intérêts nets. Une part importante (4 060 milliards) est constituée de dépenses dites obligatoires, puisqu’il s’agit de transferts vers les ménages liés au système social et de santé. Les réduire supposerait une modification des lois fixant les critères d’éligibilité. Or Donald Trump s’est engagé pendant la campagne à ne pas réduire les dépenses de « sécurité sociale » (retraites, essentiellement) ou celles liées au programme de santé Medicare, qui représentent 2 500 milliards de dollars. Reste les autres dépenses obligatoires : les programmes en faveur des vétérans, l’aide alimentaire, l’aide à l’enfance, les retraites des fonctionnaires fédéraux et des militaires…

En effet, il sera impossible pour Elon Musk de concentrer les coupes budgétaires sur la partie discrétionnaire des dépenses, qui s’élève à 1 810 milliards de dollars et dont près de 50 % sont des dépenses militaires. Le secrétaire d’Etat à la défense a récemment ordonné un plan de réduction des dépenses à hauteur de 8 % du budget, soit une économie budgétaire de 75 milliards de dollars, mais l’argent économisé pourrait être réorienté vers les nouvelles priorités de défense de Donald Trump. On est donc encore loin des objectifs affichés.

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