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« Il est urgent de prendre soin du grand cycle de l’eau, dont dépendent la vie économique du pays et la santé des milieux naturels »

Si les besoins d’assainissement et de traitement de l’eau sont en hausse constante, c’est aussi à cause de la profonde altération de son circuit naturel à travers les sols, les rivières et les nappes, explique l’ingénieure hydrologue Charlène Descollonges dans une tribune au « Monde ».

Publié le 28 février 2025 à 05h00, modifié le 28 février 2025 à 10h38 Temps de Lecture 4 min.

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Le constat est général et concerne la plupart des régions. Nos factures d’eau augmentent et cela risque de s’aggraver. Plus aucune commune française n’est épargnée par les problématiques liées à l’eau, qu’il s’agisse de la qualité de l’eau potable menacée, des inondations ou des sécheresses extrêmes. Ces crises de l’eau exigent des investissements majeurs sur le petit cycle de l’eau (son parcours du point de captage jusqu’à son rejet dans le milieu naturel après utilisation), mais elles devraient aussi et surtout inciter les pouvoirs publics à se pencher sérieusement sur la restauration du grand cycle de l’eau (son circuit à travers les sols, les zones humides et les rivières), nécessaire à son renouvellement.

Pour adapter les infrastructures d’eau potable et d’assainissement du petit cycle de l’eau, les professionnels de l’eau estiment à au moins 15 milliards d’euros le besoin d’investissements supplémentaires. Il s’agit notamment de renouveler les réseaux d’eau vétustes, sources de fuites importantes d’eau potable, mais aussi d’améliorer la dépollution des eaux usées afin de se conformer aux exigences européennes.

L’ensemble des gestionnaires, publics comme privés, s’accordent sur la meilleure manière d’envisager cette augmentation : associer une tarification sociale incitant à la sobriété à des mécanismes de solidarité entre les territoires urbains et ruraux et un recours à l’emprunt pour lisser la charge imposée aux usagers. Du côté du petit cycle de l’eau, la route est donc tracée, on sait quoi faire.

Modifications des milieux aquatiques

Mais cela reste insuffisant. Car si les besoins d’assainissement et de traitement de l’eau sont en hausse constante, c’est aussi que le grand cycle de l’eau est profondément altéré. Nous sommes loin, en effet, des objectifs fixés par l’Union européenne depuis vingt-cinq ans : les deux tiers des rivières et plans d’eau ne sont toujours pas en bon état, tant sur la qualité chimique de l’eau dans les rivières que de leur état écologique (le bon fonctionnement des milieux aquatiques, indispensable au bon renouvellement de l’eau), tout comme le tiers de nos masses d’eau souterraine.

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