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Fin de C8 : l’insidieux débat sur la liberté d’expression

La virulente campagne menée par Cyril Hanouna et les animateurs de la chaîne de Vincent Bolloré pour tenter de sauver le canal de diffusion a pris l’allure d’une véritable croisade politique, avec son lot d’insinuations et de fausses informations.

Publié le 28 février 2025 à 11h30 Temps de Lecture 2 min.

Deux chaînes de la TNT, C8 et NRJ 12, doivent cesser d’émettre, vendredi 28 février, faute d’avoir obtenu une nouvelle autorisation. Connue depuis juillet 2024, dûment motivée, confirmée par le Conseil d’Etat, qui a rejeté mercredi 19 février les recours déposés, la décision de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, a été, jusqu’aux dernières heures, contestée par C8, la chaîne détenue par Vincent Bolloré sur laquelle officiait Cyril Hanouna, l’animateur vedette de l’émission « Touche pas à mon poste ! ».

La virulente campagne menée par les animateurs de C8 pour tenter de sauver son canal de diffusion ne s’est pas focalisée sur la défense de l’emploi – plusieurs dizaines de postes sont concernés par un plan social – mais sur celle des libertés. Relayée par les autres médias du groupe Bolloré – CNews, Europe 1, Le Journal du dimanche –, elle a pris l’allure d’une véritable croisade politique, avec son lot d’insinuations et de fausses informations. La chaîne aurait été victime d’une volonté politique de faire taire les opinions discordantes, le couperet aurait résulté d’une entente entre Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, et Roch-Olivier Maistre, l’ancien patron de l’Arcom.

Une partie de la droite a prêté une oreille complaisante à ces soupçons en contestant, à l’instar de Laurent Wauquiez, le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, la légitimité de l’Arcom qui est une autorité indépendante, présidée par un haut fonctionnaire. Tout en défendant la procédure, la ministre de la culture, Rachida Dati, a quant à elle regretté que « les téléspectateurs soient injustement privés d’un média » aussi populaire que C8.

Sanctionnée 35 fois

Même si elle est restée relativement circonscrite, la polémique mérite d’être traitée sérieusement. D’abord parce qu’elle concerne un animateur controversé mais populaire dont l’audience était indexée sur les provocations : en moyenne, 2 millions de téléspectateurs se délectaient chaque soir des outrances de Cyril Hanouna ces dernières semaines.

Ensuite, parce qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une offensive idéologique d’envergure, menée par une droite grisée par la victoire de Donald Trump, visant à contester les règles de droit sous prétexte que la liberté d’expression serait bridée, l’empêchant de faire valoir ses idées. Dans une interview au quotidien L’Opinion, jeudi 27 février, l’essayiste canadien Mathieu Bock-Côté, chroniqueur sur CNews, dénonce ainsi la « censure » dont aurait été victime C8 en présentant l’Arcom comme une « caricature de neutralité administrative qui sert à rationaliser a posteriori une aversion idéologique ».

Il est urgent d’en revenir aux faits. C8 n’a pas été victime d’un complot politique. Elle paie de s’être délibérément mise en infraction avec sa convention permettant à des acteurs privés de disposer provisoirement de biens publics. Les dérapages réitérés de son présentateur – canular homophobe, baiser forcé, insultes, promotion de fausses informations et de théorie complotiste – ont valu à la chaîne d’être sanctionnée 35 fois depuis sa création, sans qu’elle en tire une quelconque leçon parce que les audiences étaient trop belles.

C8 est la victime consentante des outrances de Cyril Hanouna. Quant à l’intéressé, il a annoncé, jeudi, qu’il rejoindrait en septembre le groupe M6 pour une émission quotidienne sur W9, également sur la TNT, rendant caduque la posture victimaire du tribun bâillonné dans laquelle il aimait se complaire.

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