Livre. Invasion de l’Ukraine par la Russie, tensions dans le détroit de Taïwan, guerres au Moyen-Orient, retour de Donald Trump : l’intérêt du grand public n’a jamais été aussi fort pour la « géopolitique » – le terme même est sujet à débat – soit, en substance, l’analyse des rapports de force internationaux. De multiples petits ouvrages vous promettent de vous donner les clés pour comprendre le monde contemporain. Celui de Marc Semo, La Géopolitique en 100 questions (Tallandier, 336 pages, 19,90 euros) fait exception, car il allie la facilité d’écriture du journaliste à l’analyse de l’expert.
Il est de ces ouvrages qui parient sur l’intelligence du lecteur. Ainsi l’auteur a-t-il le courage de commencer par les questions théoriques, et les fondements mêmes de la géopolitique : le territoire, l’Etat, la souveraineté… Toute l’habileté de Marc Semo, ancien journaliste à Libération et au Monde est de mêler dans son livre les problématiques les plus classiques de la discipline, tels que les liens entre démocratie et développement, le problème de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, ou encore les critères de la puissance, avec les thèmes apparus dans les années 1990, tels que la sécurité humaine, le multilatéralisme, le soft power ou les guerres pour l’eau, et ceux qui nous ramènent à l’actualité la plus contemporaine.
On y trouvera ainsi la guerre hybride, les conflits gelés, l’Indo-Pacifique, le Sud global, la géopolitique de la décarbonation ou celle de l’intelligence artificielle. De même certains concepts peu connus du grand public, tels que celui de « piège de Thucydide », sont-ils décortiqués. Proposée par le politiste américain Graham Allison, cette thèse visait à s’appuyer sur les précédents historiques de compétition entre puissance émergente et puissance déclinante pour prédire l’issue de la compétition sino-américaine.
Interrogations actuelles
On y trouvera aussi expliquées des expressions plus polémiques, telles que celle d’origine turque, « Etat profond », qui décrivait, à l’origine, le pouvoir souterrain des militaires mais que l’on a vu adopter par des mouvements ou des forces populistes, au motif que les administrations feraient parfois obstacle aux desseins des responsables élus… Emmanuel Macron lui-même s’était risqué à l’employer en 2019 devant les diplomates français, à leur grande stupeur.
Il vous reste 25.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.