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Israël suspend l’aide humanitaire à Gaza, le Hamas dénonce une violation du cessez-le-feu

Ce blocage pourrait faire dérailler la trêve conclue après quinze mois d’une guerre dévastatrice dans l’enclave, déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien.

Le Monde avec AFP

Publié hier à 22h56, modifié à 08h17

Temps de Lecture 3 min.

Des camions transportant de l’aide humanitaire sont alignés du côté égyptien du poste-frontière de Rafah avec la bande de Gaza, le 2 mars 2025, après qu’Israël a suspendu l’entrée des fournitures dans l’enclave palestinienne.

Israël a annoncé, dimanche 2 mars, suspendre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, une décision dénoncée par le Hamas palestinien comme une violation de l’accord de cessez-le-feu, désormais dans l’impasse.

A la fin de la première phase de la trêve, négociée par l’entremise du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis et entrée en vigueur le 19 janvier, Israël et le mouvement islamiste palestinien affichent leur profond désaccord sur la suite du processus.

Le blocage décidé par l’Etat hébreu risque de faire dérailler la trêve conclue après quinze mois d’une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas dans le sud d’Israël à partir du territoire palestinien voisin.

Israël a annoncé avoir accepté une proposition de l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, prévoyant une extension du cessez-le-feu pendant le ramadan et la Pâque juive, soit jusqu’à la mi-avril. Elle stipule, selon l’Etat hébreu, que « la moitié des otages, morts et vivants », seraient rapatriés au premier jour de son entrée en vigueur. Les derniers captifs seraient remis « à la fin, si un accord est trouvé sur un cessez-le-feu permanent ».

Le Hamas a rejeté cette option qui reviendrait, selon lui, à permettre à Israël de « se soustraire » à ses engagements. Il a réaffirmé sa « volonté d’aller au bout des [deux] étapes restantes de l’accord » initial, soit « un cessez-le-feu global et permanent » et le « retrait complet » des forces israéliennes de Gaza, avant « la reconstruction et levée du siège » du territoire.

Aide humanitaire vitale

Dénonçant le « refus » du Hamas d’accepter le compromis américain, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné la suspension « dès ce matin [de] toute entrée de marchandises et d’approvisionnements dans la bande de Gaza ».

Le Hamas a dénoncé comme « un crime de guerre et une violation flagrante de l’accord » cette décision, qui coupe une aide humanitaire vitale au territoire exsangue et assiégé depuis octobre 2023. Au pouvoir à Gaza depuis 2007, le mouvement islamiste a appelé « les médiateurs et la communauté internationale [à] faire pression » sur Israël pour « mettre un terme à ses mesures punitives ». l’Etat hébreu « porte la responsabilité des conséquences du sabotage » de la trêve, a abondé le Jihad islamique, son allié.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé « à un retour immédiat de l’aide humanitaire dans Gaza » et « exhorte toutes les parties à faire les efforts nécessaires pour éviter un retour des hostilités à Gaza ». « La décision d’Israël d’interrompre l’aide est inquiétante. Le droit international humanitaire est clair : nous devons être autorisés à accéder [au territoire] pour fournir une aide vitale et essentielle », a écrit simultanément, sur X, Thomas Fletcher, le chef des affaires humanitaires de l’ONU.

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« Il est vital qu’un cessez-le-feu et la distribution d’aide à Gaza soient maintenus (…) tout en trouvant une solution durable pour une paix durable », a écrit Jagan Chapagain, le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) sur le réseau social X.

« Tout recul de l’élan créé au cours des six dernières semaines risque de replonger les gens dans le désespoir », juge, pour sa part, la présidente du CICR, dont l’organisation a joué un rôle crucial dans l’échange des otages capturés le 7 octobre 2023 en Israël par le Hamas contre des prisonniers palestiniens. La FICR a aussi réitéré ses appels à « la protection des civils et des travailleurs humanitaires » et à « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ».

Aide militaire américaine

Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a dénoncé comme un « mensonge » les avertissements répétés des organisations internationales faisant état de menaces de famine à Gaza durant la guerre.

Négocié pendant des mois, l’accord de trêve, qui comprend trois phases, a fait taire les armes. Durant la première étape, le Hamas a rendu trente-trois otages – dont huit morts – à Israël, en échange de la libération d’environ 1 800 détenus palestiniens. Sur les 251 otages emmenés à Gaza durant l’attaque du 7-Octobre, cinquante-huit sont toujours retenus, dont trente-quatre déclarés morts par l’armée israélienne.

Refusant pour l’heure de s’engager dans la deuxième phase, Israël exige que la bande de Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé, ce qu’exclut le mouvement.

Le médiateur égyptien a, pour sa part, appelé à une « mise en œuvre intégrale » de l’accord initial. Une réunion ministérielle arabe est prévue, lundi, au Caire, suivie d’un sommet arabe consacré à Gaza.

Dans ce contexte de fortes tensions, les Etats-Unis ont annoncé avoir accéléré l’envoi d’une aide militaire d’environ 4 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) à Israël, leur allié.

Le Monde avec AFP

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