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« A plein temps », sur France 2 : 24 heures chrono dans la vie d’une femme

Le film d’Eric Gravel fait surgir la solitude d’une battante, incarnée par Laure Calamy, qui court entre le train, son travail dans un hôtel et ses enfants.

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Publié hier à 16h00

Temps de Lecture 1 min.

Laure Calamy dans « A plein temps  », réalisé par Eric Gravel.

FRANCE 2 – DIMANCHE 2 MARS À 21 H 10 – FILM

C’est l’histoire parfaitement addictive d’une femme qui prend le RER. Des grèves de transport généralisées viennent d’éclater, du sérieux comme en 1995, et contraignent les Franciliens à échafauder des plans d’attaque pour éviter les bousculades, les faux départs et les retards.

Ni de la ville ni de la campagne, Julie, mère de famille monoparentale, habite ce qu’on appelle une zone périurbaine et travaille à Paris, autrement dit la pire des situations quand le pays est paralysé. Toute la journée, elle court, dépose ses enfants chez l’assistante maternelle, tente d’attraper un train, se déplace à l’autre bout de la capitale pour un entretien d’embauche plus conforme à ses aspirations, rentre chez elle, récupère ses enfants avant que la nounou se fâche et la laisse tomber.

Première femme de chambre dans un hôtel très haut de gamme à Paris, elle incarne cette France peu connue du cinéma qui vit en bout de ligne, celle qui paie en heures de transport un cadre de vie honnête qui lui permet de ne pas entasser ses enfants dans un studio ni de les voir grandir dans les quartiers difficiles.

Au-delà de cette dimension sociale, A plein temps nous fait éprouver le temps qui file entre les doigts, dans l’organisation standard de son quotidien, et c’est sa grande réussite. On entre dans la fiction sur un moment de répit : la caméra glisse sur le corps endormi de Julie, au rythme tranquille de sa respiration, nous plongeant dans un état quasi méditatif où l’on sent se profiler l’angle sensoriel du film.

Deux prix à la Mostra de Venise

Et puis le réveil sonne. Un œil s’ouvre. Un enfant bondit à côté de son visage encore ensommeillé, et puis un autre. En à peine quelques secondes, l’ensemble est saturé, offrant au titre sa parfaite illustration. Dans les pas rapides de son héroïne, le film efface le décor autour, comme si l’on regardait perpétuellement à travers la vitre d’un train lancé à vive allure.

Doté d’une puissante ambition formelle qui lui a valu deux prix (meilleur réalisateur et meilleure actrice) à la Mostra de Venise 2021, A plein temps nous fait littéralement vivre une course contre la montre. Cinq ans après son premier long-métrage, Crash-Test Aglaé, sur une ouvrière (India Hair) décidée à garder son travail, malgré les délocalisations, Eric Gravel fait surgir la solitude d’une autre battante.

Focalisation absolue sur Laure Calamy donc, aux vingt-quatre visages par seconde, qui incarne à merveille la mise en ébullition liée au surmenage et aux problèmes de la vie courante. En deux mots, dans l’air du temps : cette charge mentale incombe particulièrement aux mères de famille monoparentale qui travaillent, saisies dans l’odyssée ordinaire de leur vie.

A plein temps, d’Eric Gravel. Avec Laure Calamy et Anne Suarez (Fr., 2022, 85 min).

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