Le vaste parvis de la Cité de la musique offre, au matin, un beau sentiment d’espace où se côtoient les acteurs de cette grande entreprise plurielle : la Grande Halle, structure vouée aux bovins en 1867, repensée par les architectes Reichen et Robert en 1985 et à nouveau en 2007. Le Conservatoire national de musique de Christian de Portzamparc, achevé non sans douleur en 1990. Le Théâtre Paris-Villette, la Cité des sciences, pensée par Adrien Fainsilber en 1986 sur la structure rescapée des abattoirs. Et le premier Zénith de France, inventé en 1983 par Chaix et Morel pour une durée provisoire… qui dure toujours. A l’Est, la Cité de la musique, dessinée en 1995 par Portzamparc, et la vaste salle de concert que les mélomanes parisiens auront attendue jusqu’à aujourd’hui.
Parfois, sur le parvis, en ces derniers jours de novembre, passent, canetons égarés, de petits groupes d’enfants qui regardent, ébahis, une grande falaise bruissant de mille engins à crocs, pelle ou marteau : la toute nouvelle Philharmonie de Paris, vouée à se marier avec l’actuelle Cité. De fait, passé les grilles du chantier, on parvient à une longue langue de béton qui, partant de la falaise, s’en va serrer la pince à la Cité Portzamparc, comme pour marquer l’unité future des deux architectures. Là, dans une série de salles toutes neuves, attendent, rangées par taille, des dizaines de boîtes, réceptacles patients d’autant d’instruments, violons, flûtes, ou scies musicales. On se croirait dans l’antichambre de Piccolo Saxo. A dire vrai, ce sont bien, avec les deux grandes et belles salles de répétition, les seuls espaces véritablement achevés de cette Philharmonie de Paris, à six semaines de l’ouverture.
L’IMA et la Fondation Cartier
Que faire d’ici là, devant cette symphonie inachevée ? Il nous faut rêver durant cet hiver qui paraît bien trop court. Car la Philharmonie dessinée par Jean Nouvel semble encore largement à l’état de chantier, où s’activent d’innombrables ouvriers casqués et sanglés. Ici de grandes poutres métalliques attendent d’être posées, ailleurs ce sont juste des problèmes de peinture, mais à l’échelle d’une pareille salle… Son président, Laurent Bayle, l’avoue avec flegme : bien sûr on ouvrira en 2015, même s’il reste quelques «détails » à finir. Le désordre caractéristique des chantiers où trop de corps de métier doivent cohabiter, interdit toute appréciation sur l’édifice, sauf risquer d’être injuste.
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