Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le Niger espère combler son fossé numérique grâce à Starlink

Le fournisseur Internet à haut débit d’Elon Musk a obtenu une licence d’exploitation en novembre 2024 de la part des autorités. Un bond en avant qui permettrait « une couverture avoisinant 80 % à 100 % » du réseau mondial dans le pays.

Le Monde avec AFP

Publié le 28 février 2025 à 10h13, modifié le 28 février 2025 à 13h14

Temps de Lecture 3 min.

Installation d’une antenne satellite Starlink dans une maison à Niamey (Niger), le 22 janvier 2025.

« Nous sommes de retour à la civilisation ! » Avec moins du tiers de son immense territoire couvert par Internet, le Niger mise sur Starlink, le fournisseur du haut débit du milliardaire américain Elon Musk pour combler le fossé numérique dans les zones rurales.

En novembre 2024, le régime militaire au pouvoir au Niger a accordé à Starlink une licence d’exploitation d’Internet haut débit pour cinq ans. Avec ses milliers de satellites, « Starlink permettra d’avoir une couverture avoisinant 80 % à 100 % » du territoire du Niger (1,267 million de km2), se réjouit Sidi Mohamed Raliou, le ministre de la communication. Un bond en avant pour ce grand pays désertique où le taux de pénétration d’Internet a même reculé entre 2022 et 2023, passant de 37 % à 32 %.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Niger, comment la junte a tenu les cordons de la bourse du pays

La baisse des investissements et les nombreuses destructions d’antennes-relais par les groupes armés qui pullulent dans le pays sont notamment citées par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), pour justifier la persistance du fossé numérique.

Une quinzaine de pays africains ont signé des accords pour autoriser le déploiement de Starlink sur leurs territoires. « Les services essentiels qui soutiennent le développement comme la banque, les hôpitaux, les écoles, l’énergie et l’agriculture dépendent tous d’Internet et des données », souligne l’économiste Ibrahim Adamou Louché.

« Nous sommes de retour dans la civilisation »

Vendus entre 260 000 et 400 000 francs CFA (entre 400 et 600 euros), les équipements Starlink sont importés du Nigeria voisin, d’où ils entrent parfois frauduleusement. Dans la capitale, Niamey, les ventes de kits de la marque n’ont toutefois pas encore « explosé » et « seuls quelques foyers sont connectés », observe Ali Sat, un commerçant. « C’est surtout dans les zones isolées du pays que Starlink a pignon sur rue », avance-t-il. « On nous sollicite en brousse pour installer Starlink parce que les gens se sont rendu compte que la connexion n’a jamais d’interruption », ajoute Moumouni Harouna, un technicien.

Il y a un mois, un ressortissant de Gorou, hameau de l’ouest du pays proche du Mali, a installé Starlink. Huit ans après la destruction des relais téléphoniques et d’Internet par des assaillants armés, la vie des villageois a changé. « Nous sommes de retour dans la civilisation », s’exclame Alfa Hama, un résident de Gorou. « Plus la peine de parcourir six kilomètres pour grimper au sommet d’une colline à la recherche d’un hypothétique signal, le Wi-Fi est juste là », se réjouit-il.

Dans les quatre coins du pays, Starlink engendre un commerce lucratif de services d’accès payant : moyennant quelques centaines de francs CFA (quelques euros), les usagers peuvent se connecter pour une durée donnée. « Les jours de marché hebdomadaire surtout, les gens s’agglutinent autour du routeur Wi-Fi », explique Moussa Djibrilla, un professeur de collège à Mangaïzé (ouest), une autre commune rurale où des équipements Starlink ont aussi été installés.

Du côté du vaste et désertique nord du pays, la technologie était déjà utilisée de manière illégale. Mais avec l’autorisation officielle délivrée par les autorités en novembre, tout s’est accéléré. « Starlink s’est imposé dans les foyers et auprès de fournisseurs des services [et] ses antennes font désormais partie du décor des campements et villages », confirme Abdourahamane Chégou, un ressortissant de Bilma, ville oasis au cœur du désert.

Ouverture sur le monde

La connexion haut débit est disponible même dans certains endroits du Ténéré, point d’escale obligatoire pour les voyageurs et les milliers de migrants pendant leur périlleuse traversée du désert vers la Libye.

Restez informés
Suivez-nous sur WhatsApp
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre

Un peu plus au sud, à Tabelot, sites d’orpaillage, marchés et gare routière, disposent eux aussi de points de connexion payante et des quartiers entiers cotisent pour s’offrir un Starlink, souligne Youssaf Houssa, un chef traditionnel local. « Starlink nous ouvre sur le monde, les gens se rapprochent davantage grâce aux groupes WhatsApp et font des affaires en ligne », affirme ce chef touareg. En plus d’être peu encombrant, le matériel peut fonctionner avec un groupe électrogène, des batteries de voitures et à l’énergie solaire, explique-t-il.

Souvent critiqués pour la qualité de leurs prestations, les quatre opérateurs présents au Niger depuis une trentaine d’années voient, quant à eux, d’un mauvais œil l’arrivée du nouveau concurrent. « Les solutions par satellite sont complémentaires, mais ne remplacent pas les avantages que nous offrons en termes de coût, de performance et de service personnalisé », assure un responsable d’une des sociétés qui souhaite garder l’anonymat.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.