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Cameroun : le président du Victoria United Football Club accusé d’avoir séquestré trois de ses joueurs

Le dirigeant du club champion en titre de première division camerounaise a, selon plusieurs témoignages, enfermé et frappé des footballeurs de sa propre équipe. Il leur reproche d’avoir truqué des matchs.

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Publié le 27 février 2025 à 17h30, modifié le 27 février 2025 à 17h51

Temps de Lecture 3 min.

Le stade omnisport de Limbé (Cameroun), le 16 janvier 2022, avant un match de la Coupe d’Afrique des nations de football entre le Mali et la Gambie.

Le champion en titre du Cameroun s’aventure sur le terrain des faits divers. Le club de foot de Victoria United de Limbé est, depuis le 25 février, secoué par une affaire de séquestration assortie de violences physiques et psychologiques sur trois joueurs. L’homme d’affaires Valentine Nkwain, président du club, est accusé d’avoir retenu contre leur gré le gardien Eric Parfait Djomeni Fokam, le milieu de terrain Ewane Enopa et de l’attaquant Etienne Mukete, tous âgés de 19 ans. Des joueurs auxquels il reproche d’avoir participé au truquage de certains matchs et d’avoir parié sur des rencontres de leur équipe via la plateforme 1XBet. Le Victoria United de Limbé, qui a enchaîné quatre défaites en janvier et février, occupe actuellement la 9e place (sur 16) au classement.

Selon des sources concordantes, relayées par plusieurs médias, les joueurs auraient été enlevés par des hommes de main du dirigeant et séquestrés à partir du samedi 22 février pendant trois jours. L’affaire a été rendue publique par la mère d’Eric Parfait Djomeni Fokam lors d’une interview accordée à Equinoxe Radio, après qu’elle s’est rendue devant les bureaux de Valentine Nkwain afin d’y voir son fils. « Il était retenu comme un prisonnier et a reçu des coups de fouet sur les fesses », a-t-elle déclaré.

Le club s’était empressé de nier les faits via un communiqué de presse publié le 24 février et la diffusion sur sa chaîne privée d’une vidéo où Eric Parfait Djomeni Fokam, entouré du reste de l’effectif de Victoria United, assurait qu’il « n’y [avait] aucun problème, [qu’il n’était pas] séquestré et que tout ce qui se [disait] sur les réseaux sociaux [était] faux ».

Mais la version officielle du club a été rapidement contredite quand un proche du joueur a publié sur les réseaux sociaux l’enregistrement d’une conversation avec le gardien de but, dans laquelle ce dernier confirme être retenu contre son gré chez son président. « Valentine Nkwain a voulu faire signer un papier à Eric, comme quoi il truquait des matches et encaissait des buts hasardeux. Eric a également été violenté physiquement et a reçu des pressions psychologiques », a confié au Monde Lucas Kamga, l’oncle du joueur. Eric Parfait Djomeni Fokam a, depuis, pu rejoindre sa famille à Douala, sa ville natale.

Deux plaintes déposées

L’affaire est cependant loin d’être terminée, puisque le gardien de but et Etienne Mukete ont déposé une plainte pour « arrestation, séquestration et torture » contre Valentine Nkwain, et confié leurs intérêts au cabinet d’avocats Conseils Djemeni & Partners, du barreau de Douala. Ces plaintes ont été déposées devant la deuxième région de gendarmerie de Douala.

« Il semble aujourd’hui avéré que des joueurs de Victoria United ont été victimes de violences physiques et psychologiques, intervient Jacques Marcel Itiga Itiga, responsable de la communication du Syndicat national des footballeurs camerounais (Synafoc), présidé par l’ancien international Geremi Njitap (118 sélections). Nous soutenons les joueurs et nous devrions saisir prochainement les juridictions sportives du Cameroun, que sont la Chambre nationale de résolution des litiges et la Commission d’éthique de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) ainsi que la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun. »

L’avocat des deux joueurs, Yannick Djemeni, n’a pas encore pu s’entretenir avec ses clients, mais il a pu échanger avec leurs familles. « Les deux footballeurs sont très marqués par ce qu’ils ont vécu. Ils ont été séquestrés, battus, n’ont quasiment pas mangé pendant trois jours. C’est une affaire extrêmement grave pour le football camerounais en particulier et le Cameroun en général », explique Me Djemeni.

Un dirigeant proche de Samuel Eto’o

Valentine Nkwain a quant à lui été placé en garde à vue dans la journée de mercredi dans les locaux de la gendarmerie national à Limbé pour y être entendu, avant d’en ressortir dans la soirée. Le gouverneur de la région sud-ouest, Bernard Okalia Bilai, a décidé d’ouvrir une enquête administrative. Le procureur de la République près de la cour d’appel du Sud-Ouest s’est également saisi de l’affaire.

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Le Monde a pu joindre Valentine Nkwain jeudi matin, mais le dirigeant, « très occupé » selon ses dires, n’a pas souhaité s’exprimer, nous invitant à le recontacter ultérieurement. La Fédération camerounaise de football (Fecafoot), dont le président, Samuel Eto’o, est notoirement un proche de Valentine Nkwain, n’a pas encore réagi officiellement à cette affaire. Mais un de ses membres, l’ancien international Lucien Mettomo, a assuré à Me Djemeni que l’instance la suit de très près.

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