
La Tunisie a dit sa « profonde stupéfaction » après qu’elle a été critiquée par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, qui a dénoncé la « persécution » des opposants dans le pays.
« La Tunisie n’a pas besoin de souligner son attachement à la protection des droits de l’homme », a affirmé le ministère des affaires étrangères tunisien dans un communiqué en arabe, en français et en anglais publié sur Facebook dans la nuit de lundi 24 à mardi 25 février. « La Tunisie pourrait donner des leçons à ceux qui pensent être en position de faire des déclarations ou donner des leçons », a-t-il ajouté.
Mardi 18 février, le Haut-Commissariat avait appelé les autorités tunisiennes à « cesser toute forme de persécution des opposants politiques et à respecter le droit à la liberté d’opinion et d’expression ». Il avait aussi demandé « la libération immédiate, pour des raisons humanitaires, de celles et ceux qui sont d’un âge avancé et qui souffrent de problèmes de santé ».
Le lendemain, Sihem Bensedrine, l’une des militantes des droits humains les plus connues du pays, détenue depuis août 2024, avait été remise en liberté. La septuagénaire reste toutefois poursuivie et interdite de voyager.
Régression des droits et des libertés
Depuis le coup de force de l’été 2021 par lequel Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs, l’opposition et des ONG tunisiennes et étrangères dénoncent une régression des droits et des libertés en Tunisie.
Le ministère des affaires étrangères tunisien a assuré que le renvoi des accusés mentionnés par l’ONU s’était fait « pour des crimes de droit public qui n’ont aucun lien avec leur activité partisane, politique ou médiatique, ou avec l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression ».
Des dizaines de personnalités politiques, dont le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, ainsi que des hommes d’affaires et des journalistes, sont actuellement en détention. La majorité d’entre eux sont poursuivis pour complot « contre la sûreté de l’Etat ». M. Ghannouchi a notamment été condamné à vingt-deux ans de prison au début de février. Un procès très attendu, connu sous le nom d’« affaire du complot contre la sûreté de l’Etat », doit en outre s’ouvrir le 4 mars.
Contribuer
Réutiliser ce contenu