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Au Soudan, les paramilitaires des FSR pourraient sortir renforcés d’une alliance surprise

Les Forces de soutien rapide du général Daglo, dit « Hemetti », seraient en mesure de combattre auprès du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, dirigé par Abdelaziz Al-Hilu.

Le Monde avec AFP

Publié le 24 février 2025 à 11h59, modifié le 24 février 2025 à 12h12

Temps de Lecture 2 min.

Le commandant des Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) du Soudan, le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », à Khartoum, en juin 2022.

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont signé une charte pour former un gouvernement parallèle au Soudan avec un ancien ennemi, ce qui pourrait leur faire gagner des territoires cruciaux, des combattants et un accès aux frontières, selon des analystes. Depuis avril 2023, le pays est en proie à une guerre entre les paramilitaires des FSR et l’armée régulière, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et entraîné des violations flagrantes et généralisées des droits humains.

Jusqu’à la semaine dernière, une tierce partie du conflit, le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, dirigé par Abdelaziz Al-Hilu, combattait les deux forces dans le sud du pays. De manière inattendue, ce chef rebelle est apparu à Nairobi la semaine dernière, et son groupe a été l’un des principaux cosignataires avec les FSR d’une charte en vue de la formation d’un gouvernement parallèle « de paix et d’unité » dans les zones du Soudan contrôlées par les rebelles.

Si ses combattants aguerris joignaient leurs forces à celles des FSR, cela pourrait renforcer considérablement ces dernières, selon les analystes. La nouvelle alliance rebelle pourrait également donner un accès frontalier-clé aux Etats d’Afrique de l’Est favorables aux FSR.

Ces paramilitaires ont conquis la quasi-totalité de la province du Darfour, mais ne parviennent pas à y consolider leur emprise et semblent sur le point de perdre la totalité de la capitale, Khartoum, au profit de l’armée régulière.

« 65 % du Soudan »

Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », leur chef, « est sur le recul », note pour l’Agence France-Presse (AFP) Marc Lavergne, professeur à l’université française de Tours. « Les combattants professionnels de Hilu pourraient lui apporter une aide bienvenue », juge ce spécialiste du Soudan.

Selon le journaliste soudanais Mostafa Serry, les deux groupes contrôleraient ensemble jusqu’à « 65 % du Soudan ». Leurs intérêts communs seraient mieux servis en fusionnant « les forces militaires et les vastes zones qu’ils contrôlent », déclare-t-il à l’AFP.

Lire la chronique | Article réservé à nos abonnés Que va-t-il rester du Soudan en 2025 ?

M. Hilu tient une grande partie de l’Etat du Kordofan méridional à partir de son point d’appui dans les monts Nouba, ainsi que des poches de l’Etat du Nil-Bleu, frontalier de l’Ethiopie. Ensemble, sa faction et les FSR ont un accès frontalier à la Libye, au Tchad, à la République centrafricaine, au Soudan du Sud et à l’Ethiopie. « Tous les pays entourant le Soudan, à l’exception de l’Egypte, sont favorables aux FSR », précise M. Lavergne.

Les analystes estiment que M. Hilu, qui n’est pas historiquement proche du général Daglo, a dû recevoir quelque chose en contrepartie. « On peut supposer qu’il a agi, en partie, pour épargner aux régions qu’il contrôle les violences à venir, améliorer l’accès de l’aide à ces régions et se garantir un rôle futur », affirme à l’AFP Cameron Hudson, maître de conférences au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

« Ses moindres caprices »

La famine a été officiellement déclarée dans certaines parties des monts Nouba en décembre 2024. Plusieurs mois auparavant, la faction de M. Hilu avait mis en garde contre une famine de masse menaçant la population, y compris les quelque 700 000 personnes ayant fui vers les montagnes depuis le début de la guerre. L’accès à l’aide humanitaire y est négligeable, bien que le groupe contrôle certaines parties de la frontière avec son allié, le Soudan du Sud, ainsi qu’un aéroport situé à 125 kilomètres de la frontière.

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Pourtant, la présence de M. Hilu à Nairobi « a surpris et irrité nombre de ses partisans, qui ont subi des attaques directes et des privations de la part des FSR », relève M. Hudson, pour qui l’homme est un « opportuniste » qui ne vise que « le pouvoir et ses intérêts ».

Des sources à Nairobi ont signalé à l’AFP que la principale revendication de M. Hilu était l’engagement de la charte en faveur d’un Soudan laïque, après des décennies de lutte contre l’hégémonie arabe et islamique de Khartoum.

Mais, même si M. Hilu considère la charte comme une victoire, il est peu probable qu’il soit totalement convaincu par les promesses du général Daglo, estiment des experts. Selon M. Lavergne, « les FSR n’ont pas de vrais alliés, que des complices ». M. Hilu pourrait se ranger du côté du général Daglo, « mais ne se pliera certainement pas à ses moindres caprices », souligne-t-il.

Le Monde avec AFP

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