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Maroc : « La monarchie est moins crainte et plus populaire. Mais cette désacralisation n’a pas mené à la démocratisation »

Cousin germain du roi Mohammed VI et voix critique du régime, Hicham Alaoui enseigne aux Etats-Unis depuis 2002. Dans un entretien au « Monde », il explique les échecs des « printemps arabes » au Maghreb.

Propos recueillis par  et

Publié le 23 novembre 2024 à 05h45, modifié le 23 novembre 2024 à 19h18

Temps de Lecture 8 min.

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Hicham Alaoui est enseignant à l’université de Californie à Berkeley. Membre de la famille royale marocaine – il est le cousin germain du roi Mohammed VI –, il publie Islam et démocratie. Comment changer la face du monde arabe (Le Cherche-Midi, 528 pages, 22,50 euros), un essai sur les trajectoires contrastées de démocratisation dans l’aire arabo-musulmane. Il avait déjà signé, en 2014, Journal d’un prince banni (Grasset).

Vous avez étudié les cas égyptien et tunisien dans le cadre des révolutions arabes de 2011. Ces expériences sont-elles un échec ?

Pour réussir, une transition vers la démocratie doit faire l’objet d’un pacte entre forces politiques rivales. Le pacting est l’un des moyens pour sortir du blocage qui suit en général la rupture de l’ordre autoritaire. Les formes qu’il prend peuvent expliquer la différence des trajectoires nationales, entre l’Egypte et la Tunisie par exemple.

Dans le cas égyptien, l’échec est quasi structurel : il y a eu un blocage dû à la polarisation entre islamistes et laïques, ce qui est un préalable à la conclusion d’un compromis, mais il n’y avait pas de parité, les islamistes étant beaucoup plus forts que les sécularistes. L’armée a aussi joué le rôle de trouble-fête.

Dans le cas tunisien, dans un premier temps, on a pu penser que le pacting avait réussi, grâce à l’accord gouvernemental scellé, en 2015, entre les partis Nidaa Tounès (moderniste) et Ennahda (islamiste). Mais le coup de force du président Kaïs Saïed, en 2021, a imposé à la Tunisie un retour à l’autoritarisme. Si échec il y a eu, il n’a pas été celui de la transition, mais celui de la transformation politique. Ennahda avait su s’adapter aux exigences de la modernité. En revanche, la classe politique dans son ensemble a gelé la transition dans des arrangements très incestueux – comme ceux entre Nidaa Tounès et Ennahda – qui ont provoqué un divorce entre la population et les élites. On n’est pas vraiment retourné à l’autoritarisme à la papa. On a plutôt divergé vers un autoritarisme 2.0, qui est le populisme. Or, le populisme n’est pas le déni de la démocratie, mais sa captation. C’est d’ailleurs une preuve que la transition a réussi.

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