JOHN CLEESE - LAST TIME TO SEE ME BEFORE I DIE!
D�s le d�part, je sentis que quelque chose clochait. Le public ne riait pas aux endroits habituels, puis gloussait alors que nous ne nous y attendions pas ; ou bien il s'esclaffait pendant le pr�ambule d'une blague et restait parfaitement silencieux lors de sa chute. Nous �tions perdus. D�s le tomber de rideau, tout le monde se mit � en discuter pour essayer de comprendre ce qui venait de se passer. Michael ne tarda pas � nous fournir l'explication: l'ensemble des billets avaient �t� achet� par les organisateurs d'un congr�s qui se tenait � Londres...un congr�s de psychiatres. La salle �tait pleine de psys.
Quand James Thurber a d�crit l'humour comme " Un chaos �motionnel qu'on se rem�more lors de moments tranquilles", il voulait souligner qu'il est important de relativiser : ce n'est pas grave de rire des malheurs temporaires, surtout quand il s'agit des n�tres. Il est m�me plut�t sain de savoir rire de soi-m�me, et personne n'appr�cie les gens qui se prennent trop au s�rieux. Un bon sens de l'humour d�note une bonne sant� mentale, ce qui explique que les personnes qui en sont d�pourvues soient ou bien pompeuses (imbues d'elles m�mes), ou bien n�vros�es (trop sensibles).
La d�finition la plus perspicace du l�che a �t� donn�e par Ambrose Bierce : "Quelqu'un qui en cas de danger r�fl�chit avec ses jambes ."
Cette r�action fort sage est selon moi la raison pour laquelle les g�n�raux veulent toujours ex�cuter les l�ches ; s'ils les laissaient en vie, la tactique de la fuite se r�pandrait si vite dans les rangs de l'arm�e que les chefs se retrouveraient au ch�mage du jour au lendemain - ou alors, ils seraient oblig�s d'aller eux-m�mes au combat, ce qui ne fait pas partie de leur attributions.
L'humour �tait-il par essence cruel? Il est vrai qu'il repose souvent sur un fond de critique.
(...) La vraie col�re appartient � la vraie vie, pas � la com�die. Pour �tre dr�le, la col�re doit �tre impuissante.

Si l'enfant doit apprendre � vivre en soci�t�, il ne pourra rep�rer les limites que si elles sont clairement dessin�es et souvent r�affirm�es.
Un gamin assis sur une chaise dans le noir au milieu d'une pi�ce inconnue.
Il doit avoir le courage de quitter sa chaise pour explorer la pi�ce. Mais il fait sombre, et l'enfant ne saitpas o� se trouvent les murs. Pourtant, il va falloir qu'il parte � l'aventure, qu'il se cogne contre les murs pour les situer de fa�on claire et pr�cise. Ensuite, il pourra exploiter toute la pi�ce sans crainte, tout � sa curiosit�. Mais si les murs ne sont pas l�, il aura peur : comment savoir jusqu'o� il peut aller. S'il va troploin, il va peut-�tre basculer dans le vide ! Ou bien il ne saura pas revenir vers sa base quand il le voudra.
En lui donnant des murs contre lesquels se cogner, les parents lui donnent le courage d'explorer.
Quand il aura trouv� le mur, il devra �tre capable de cogner dessus ! Il ressentira assez de rage ou de frustration � ce moment-l�.
Avant d'�tre s�r de soi, il faut apprendre � vivre ses �motions jusqu'aubout, pour �tre en mesure d'affronter les plus extr�mes. Une fois qu'on a atteint et situ� les limites sans provoquer de catastrophe ni pour soi-m�me ni pour ceux qu'on aime, on se sent rassur� et on peut accepter sa col�re. On se sait capable de la g�rer.
Mais bien s�r tu ne peux faire ce genre d'exp�rience quelqu'un est l� pour te prot�ger et pour se prot�ger lui-m�me des sentiments violents, meurtris ou autres que tu risques de ressentir.
Une �ducation stricte ne pose pas trop de probl�mes tant que l'enfant re�oit aussi beaucoup d'amour. Cela donne des adultes moins ouverts, plus conformiste - des conservateurs qui acceptent la hi�rarchie et l'autorit� plus docilement - mais qui vont s'ins�rer plus ais�ment dans les organismes, tels l'arm�e, la police, l'administration, la justice...
Les enfants ont besoin de limitent clairement d�finies pour :
- apprendre � vivre en soci�t�
- �chapper � l'angoisse de ne pas savoir o� ils sont
- quand ils sont tout petits, se sentir assez soutenus pour pouvoir exprimer leurs �motions les plus extr�mes, les d�couvrir, s'y habituer et apprendre � les ma�triser.
Les craintifs, les timides ont �galement �t� contraints et forc�s de se conformer aux d�sirs de leurs parents. Mais cette pression n'a pas �t� exerc�e par la fermet�, elle l'a �t� par la culpabilisation : si tu fais �a, je serai tr�s pein�(e) ; si l'enfant n'est pas sage, ils vont l'abandonner. C'est mettre l'enfant dans une camisole de force ou l'amener � s'y mettre lui-m�me. En le rendant responsable du bonheur des parents, de leur vie, de la situation familiale, qui repr�sente pour l'enfant la garantie de sa propre vie. Ces gens ont alors peur des d�g�ts que cela entra�nerait. Ils n'ont jamais pu cogner contre le mur parce qu'on les a persuad�s que cela ferait �crouler la maison. Du coup ils sont terrifi�s � l'id�e de s'affirmer.
Si les membres des familles malsaines ont � ce point besoin les uns des autres, c'est parce qu'aucun ne fonctionne tout � fait.
Certaines personnes sont plus � l'aise avec les insultes et les invectives : elles peuvent se mettre � distance et consid�rer que la critique �tait "impolie". Cela leur permet de rejeter la critique au lieu de se demander si elle touche juste.
La d�pression aigu�
Nous avons tous une constitution chimique, tout ce qui se produit en nous implique des changements chimiques. Les m�dicaments sont donc utiles comme une mesure temporaire pour d�faire le cercle vicieux de changements chimiques qui se produit lors d'une d�pression aigu� et qui interf�re avec la capacit� du patient de coop�rer et de r�fl�chir en toute lucidit�, jusqu'au point o� la psychoth�rapie s'av�re inutile (...)
Ces sch�mas obligent continuellement le corps � produire ces constituants chimiques que les m�dicaments sont cens�s contrer. Si tu peux changer le sch�ma automatique de r�action, la personne ne sera plus d�prim� de la m�me fa�on, ou elle pourra se passer enti�rement de m�dicaments.
Lorsque les patients ont presque termin� leur th�rapie, lorsqu'ils ont compris que, sans s'en rendre compte, ils cr�aient eux-m�mes leurs difficult�s, ils me demandent presque toujours pourquoi je ne leur ai pas dit �a plus t�t. Bien entendu, je n'ai pas arr�t� de le leur dire, � chaque s�ance ou presque, depuis le d�but, mais �a les mettait en rage.
S'ils sont alors capables de se moquer d'eux-m�mes, s'ils �clatent de rire � leur tour, conscients du ridicule de toutes ces histoires, leur th�rapie est vraiment termin�e.