Vinex
Vinex ou « Vierde Nota Ruimtelijke Ordening Extra » est un mémorandum publié en 1991 par le Ministère néerlandais du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement (nl).
Ce mémorandum définit des principes nationaux d'aménagement et de construction de nouvelles zones d'habitation entre le et le ; il indique pour de nombreuses villes la direction dans laquelle une croissance urbaine peut être envisagée, sans imposer une directive d'occupation des sols. Les sites d'expansion des villes concernés par cette directive sont qualifiés de « quartiers Vinex ».
Contexte et mémorandum
[modifier | modifier le code]Dans les années 1980, le gouvernement néerlandais fait face simultanément à une croissance démographique et à une faible disponibilité foncière. En conséquence, la décision est prise de fonder l'aménagement à venir sur un principe de « ville compacte »[1]. Toutefois, les principes non contraignants d'urbanisation laissent une grande flexibilité aux collectivités locales. Les quartiers Vinex sont souvent caractérisés en conséquence par une densité moyennement forte, généralement de trente-cinq logements à l'hectare. Ce n'est que dans les quartiers Vinex proches de grandes villes, ou bien objets de politiques ambitieuses, qu'on trouve des densités plus fortes comparables à celles de petits centres-villes[2].
La volonté affichée derrière cette politique volontariste est de favoriser un aménagement qui permette de préserver les terres agricoles et le déplacement des personnes en transports en commun[3]. Sur les 835 000 logements jugés nécessaires pour la période, 455 000 sont fléchés vers de futurs quartiers Vinex[4].
Mise en œuvre
[modifier | modifier le code]La mise en œuvre du programme, dès avant le démarrge du premier chantier, suscite des réticences de la part de certaines municipalités. En 1993, le nom « Vinex » doit cesser d'être employé sur certains projets afin de ne pas créer de blocage. Les premières réalisations sont également critiquées pour la taille trop étriquée des logements, la monotonie du bâti, voire la création de « ghettos du XXIe siècle »[5].
Liste des quartiers
[modifier | modifier le code]Bilan
[modifier | modifier le code]Plusieurs rapports gouvernementaux tentent d'établir un bilan du programme Vinex. La synthèse des avis montre une réussite globale des actions, qui répondent correctement aux enjeux. Toutefois, des disparités sont relevées dans la réalisation des quartiers et de leur correspondance aux besoins.
Logement
[modifier | modifier le code]En ce qui concerne la problématique du logement, à laquelle le programme Vinex devait répondre en priorité, les objectifs sont globalement atteints avec une construction plus importante que durant la décennie précédente. Le programme permet en effet la construction de 635 000 logements. Cette construction est toutefois inférieure aux attentes exprimées dans le mémorandum de 1991. Par ailleurs, globalement, la qualité des logements est appréciée par leurs habitants[7],[3].
La diversité sociale est peu importante dans les quartiers Vinex. Du fait des tailles de logements, de nombreux ménages sont des familles avec enfants ayant choisi ce type de quartier pour la taille des maisons. Toutefois, cette homogénéité s'estompe dans les quartiers les plus anciens. D'autre part, il n'y a pas d'homogénéité culturelle, des familles de toutes origines s'installant dans ces quartiers, et le pourcentage de population immigrée y est plus important que dans le reste du pays[8].
Urbanisme
[modifier | modifier le code]D'un point de vue de l'urbanisme, à quelques exception plus volontaristes près, telles que Brandevoort à Helmond, les objectifs urbains sont peu concluants : les quartiers ne sont pas assez denses, trop monofonctionnels et mal connectés aux réseaux de transport en commun[3]. Toutefois l'urbanité est variable dans les quartiers Vinex ; si elle y est jugée monolithique, elle offre cependant plus de diversité que dans les quartiers conçus au XXe siècle. Les principaux sites Vinex sont des périphéries nouvellement urbanisées, mais aussi des zones plus indépendantes, qui sont parfois considérées comme de nouveaux villages[9]. La typologie des nouveaux quartiers en fait des objets hybrides, mi-urbains, mi-villageois, dont les professionnels déplorent le caractère insuffisamment urbain[5].
Architecture
[modifier | modifier le code]Un reproche communément fait aux quartiers Vinex est leur trop grande ressemblance architecturale qui créerait une monotonie des espaces. La réputation entourant ces quartiers est d'oser peu de choses en matière esthétique et de recourir à des formes peu audacieuses. Toutefois, une étude menée en 2015 montre que, s'il y a une certaine continuité d'aspect des quartiers, c'est moins entre les différents quartiers Vinex qu'entre chaque quartier Vinex et le centre-ville dont il est la banlieue[10],[8]. Les premières conclusions montrent qu'un « style Vinex » émerge de cette décennie de construction marquée par certaine diversité. Ce style se caractérise notamment par une sobriété fonctionnelle et par l'utilisation de matériaux traditionnels[9].
Emploi
[modifier | modifier le code]En ce qui concerne l'accès des habitants à l'emploi, le rapport est nuancé. Il note que la philosophie ayant prévalu à l'établissement du programme au début des années 1990 était l'incapacité des pouvoirs publics à encadrer le monde du travail considéré comme un marché. En conséquence, aucun outil financier n'était fourni aux collectivités locales pour développer ces aspects, ni aucun soutien aux travaux engagés. De manière générale, le rapport considère que sur cet aspect, le gouvernement néerlandais a manqué d'ambition[11]. Les résultats montrent qu'une concentration des espaces d'activité s'est également opéré mais que ce sont surtout des zones de forte visibilité qui en ont bénéficié[7].
Mobilité
[modifier | modifier le code]La mobilité des habitants des nouveaux quartiers est jugée relativement dépendante de l'automobile. En particulier, les rues des nouveaux quartiers sont pensées prioritairement pour les voitures et pas pour les enfants. Toutefois les auteurs relèvent que cette dépendance est moins forte dans les quartiers Vinex que dans d'autres zones d'expansion du tissu urbain. Quelques opérations, comme celle de Hagen, sont également plus vertueuses[7],[12].
Environnement
[modifier | modifier le code]Les habitants des nouveaux quartiers Vinex sont très demandeurs d'un environnement de qualité, et de nombreux répondants aux enquêtes de satisfaction déplorent le retard pris dans la réalisation des liaisons vertes censées desservir leurs quartiers[7]. Ils reconnaissent toutefois que les quartiers Vinex présentent l'intérêt d'être plus verts que les centres-villes[8].
Un reproche communément fait aux quartiers Vinex est leur caractère uniforme voire ennuyeux que les Néerlandais opposent aux centres-villes dynamiques[13]. Toutefois, les enquêtes montrent que ces jugements sont souvent le fait des personnes qui n'habitent pas ces quartiers, notamment du fait de l'image qu'en renvoient certains films, notamment De gelukkige huisvrouw (nl). Par ailleurs, la réputation d'absence de structure commerciale dans les quartiers Vinex n'est en général pertinente que pour les quartiers les plus récents ; les quartiers plus établis ont eu le temps d’acquérir un réseau de commerce[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Trond Husby, « The effects of spatial planning policy: the case of VINEX », Odissei, (consulté le ).
- (en) « New Urbanism in Brabant: Brandevoort Helmond », Bouwfonds Gebiedsontwikkeling, (lire en ligne, consulté le ).
- Cousins, Lootsma & Ibelings, Introduction, p. 1.
- Lörzing, Klemm, Leeuwen & Soekimin 2006, Achtergrond, p. 7.
- Lörzing, Klemm, Leeuwen & Soekimin 2006, Inleiding — Vinex: lof en kritiek, p. 12.
- (nl) « Vinex locaties », Odissei (consulté le ).
- Louw, Trip & Maat 2007, Conclusie, p. 1.
- (nl) Michiel de Vries, « “Ik wil er nog niet dood worden gevonden” : vijf vooroordelen over Vinex-wijken », RTL Nederland, (lire en ligne, consulté le ).
- Lörzing, Klemm, Leeuwen & Soekimin 2006, Sammenvatting, p. 7.
- (nl) Jerryt Krombeen, « De Vinex, een ruimtelijke metamorfose ? », Archined, (lire en ligne, consulté le ).
- Evaluatie Verstedelijking VINEX, 3.5 Convenanten en werken, p. 54.
- Cousins, Lootsma & Ibelings, Entretien avec Jeroen Zuidgeest, chef de projet à MVRDV — 05/ Hagen Island [opération Vinex], p. 19.
- (nl) Ries van der Wouden et Riek Bakker, « Onder Planologen #3 “Vinex” », Centre for Urban Studies, Université d'Amsterdam, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Lörzing, Klemm, Leeuwen & Soekimin 2006] (nl) Han Lörzing, Wiebke Klemm, Miranda van Leeuwen et Suus Soekimin, VINEX! Een morfologische verkenning, NAi Uitgevers (nl), , 104 p. (lire en ligne)
- [Evaluatie Verstedelijking VINEX] (nl) Evaluatie Verstedelijking VINEX 1995 tot 2005 : Eindrapport, Ministère néerlandais du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement (nl), , 92 p. (lire en ligne)
- [Louw, Trip & Maat 2007] (nl) E. Louw, JJ. Trip et K. Maat, Verstedelijkingsbeleid tot 2010 : Vergaderjaar 2006–2007, La Haye, Seconde Chambre des États généraux, , 10 p. (lire en ligne)
- [Cousins, Lootsma & Ibelings 2011] Matthew Cousins, Bart Lootsma et Hans Ibelings, Pourquoi les Pays Bas ?, Paris, Sciences po Paris, , 33 p. (lire en ligne)
- [Ries van der Wouden 2015] (nl) Ries van der Wouden, De ruimtelijke metamorfose van Nederland : 1988-2015, nai010, , 192 p. (ISBN 978-94-6208-197-0)