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Élections législatives sénégalaises de 2024

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Élections législatives sénégalaises de 2024
165 sièges de l'Assemblée nationale
(majorité absolue : 83 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 7 371 891
Votants 3 649 959
49,72 % en augmentation 3,1
Blancs et nuls 26 326
PASTEF – Ousmane Sonko
Voix 1 991 770
54,97 %
Sièges obtenus 130 en augmentation 107
Takku Wallu Sénégal – Macky Sall
Voix 531 466
14,67 %
en diminution 48,6
Sièges obtenus 16 en diminution 90
Jàmm ak Njariñ – Amadou Ba
Voix 330 865
9,13 %
Sièges obtenus 7 en augmentation 7
Sàmm Sa Kàddu – Barthélémy Dias
Voix 222 060
6,13 %
Sièges obtenus 3 en augmentation 3
Diagramme
Premier ministre
Sortant Élu
Ousmane Sonko
PASTEF
Ousmane Sonko
PASTEF

Les élections législatives sénégalaises de 2024 ont lieu le afin d'élire pour cinq ans les 165 députés de l'Assemblée nationale du Sénégal.

Les élections sont convoquées de manière anticipée par le président de la République Bassirou Diomaye Faye du PASTEF, élu lors de l'élection présidentielle d'avril 2024. Ce dernier est en effet confronté à de profonds désaccords avec la législature sortante élue en 2022, dominée par le parti de son prédecesseur, Macky Sall.

Le résultat voit la victoire écrasante du PASTEF qui remporte la majorité absolue à l'Assemblée nationale avec 130 des 165 sièges. Les coalitions d'opposition Takku Wallu Sénégal, Jàmm ak Njariñ, et Sàmm Sa Kàddu ne parviennent pas à réussir leur pari d'imposer une cohabitation au nouveau président.

Élections de 2022

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Les élections législatives de 2022 voient arriver en tête la coalition Unis par l'espoir (BBY) menée par l'Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall, qui essuie cependant un recul en perdant la majorité absolue des sièges qu'elle détenait depuis 2012[1].

La coalition Libérer le peuple menée par le parti PASTEF d'Ousmane Sonko réalise une percée et quadruple son nombre de sièges, devenant la principale force d'opposition. La coalition Wallu Sénégal (Sauver le Sénégal) menée par le Parti démocratique sénégalais connait quant à elle une légère baisse de sa part des voix, mais parvient toutefois à augmenter son nombre de sièges[2].

Bénéficiant du ralliement post-électoral du député du parti Convergence démocratique Bokk Gis Gis, Unis par l'espoir parvient à conserver de justesse la majorité à l'Assemblée nationale[3],[4]. Le scrutin est suivi du rétablissement de la fonction de Premier ministre, avec la nomination d'Amadou Ba le 17 septembre[5]

Élection de Bassirou Diomaye Faye

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Bassirou Diomaye Faye.

Bassirou Diomaye Faye remporte l'élection présidentielle de 2024 dès le premier tour en arrivant largement en tête devant Amadou Ba, candidat de l'Alliance pour la République (APR) au pouvoir[6]. Porté par le parti PASTEF dans un contexte d'inégibilité d'Ousmane Sonko, il devient à 44 ans le plus jeune président élu de l'histoire du pays, le premier opposant élu dès le premier tour, ainsi que le premier officiellement polygame[7],[8],[9]. Il est investi président de la république du Sénégal le [10]. Il nomme le même jour le dirigeant du PASTEF, Ousmane Sonko, au poste de Premier ministre[11]. Le nouveau gouvernement est nommé par Diomaye Faye le suivant[12].

Le PASTEF demeure néanmoins largement minoritaire au parlement. Le , dans un contexte de duel avec l'Assemblée nationale, Diomaye Faye dissout l'Assemblée nationale et annonce des élections législatives anticipées pour le [13]. Faye et Sonko justifient cette décision en accusant le parlement d'être contrôlé par une opposition bloquant ses propositions de réformes et son budget[14].

Système électoral

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Le siège de l'assemblée à Dakar.

L'Assemblée nationale est composée de 165 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle dans 54 circonscriptions électorales correspondant aux 46 départements du Sénégal auxquels s'ajoutent 8 circonscriptions de la diaspora. Sur ce total, 112 sièges sont pourvus au scrutin de liste majoritaire à raison d'un à sept sièges par circonscription, selon leur population. Les circonscriptions de la diaspora comportent entre un et trois sièges, pour un total fixé à quinze sièges. Les électeurs votent pour une liste bloquée de candidat et d'un nombre égal de suppléants, sans panachage ni vote préférentiel. La liste ayant reçue le plus de voix remporte tout les sièges à pourvoir dans sa circonscription. Dans celles ne comportant qu'un seul siège, le vote prend de fait la forme d'un scrutin uninominal majoritaire à un tour[15],[16].

Les 53 sièges restants sont pourvus au scrutin proportionnel plurinominal sur la base du total des voix des partis additionnées au niveau national. Les deux systèmes opèrent indépendamment l'un de l'autre. Contrairement à un système mixte par compensation, les sièges à la proportionnelle ne sont pas attribués de manière que leurs additions à ceux du scrutin majoritaire fassent correspondre le total de sièges des partis à leurs parts des voix au niveau national. Chaque parti obtient une part des sièges pourvus à la proportionnelle correspondant à sa part des suffrages, auxquels s'ajoutent les 90 sièges obtenus dans les circonscriptions à la majorité relative, donnant au scrutin une tendance majoritaire. La répartition des sièges se fait selon le système du quotient simple. Dans le cas de candidats indépendants, les sièges restants après le premier décompte sont attribués suivant la règle du plus fort reste[15],[17],[18]

Depuis une loi sur la parité votée en 2010, les listes de candidats et de suppléants doivent obligatoirement alterner les candidats de l'un ou l'autre sexe. Dans le cas où un seul siège est à pourvoir dans la circonscription, le titulaire et le suppléant sont obligatoirement de sexes différents[19]. Pour participer aux élections législatives, les partis doivent préalablement recueillir les signatures d'au moins 0,5 % des électeurs inscrits sur les listes électorales dans la moitié au moins des régions du pays, avec un minimum de mille signatures par région[16].

Répartition des sièges

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Sur le territoire national

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En application des dispositions de l'article L. 151 du Code électoral, le nombre de sièges pour le scrutin majoritaire pour les élections législatives de 2024, au niveau des départements situés sur le territoire national, est réparti comme suit[20]:

À l'étranger

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La répartition des sièges pour le scrutin majoritaire en ce qui concerne les départements de l'étranger est fixé comme suit conformément à l'article L.151 alinéas 3 et 4 du Code électoral[20]:

Partis en lice

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Face au PASTEF, l'opposition est regroupée en trois coalitions. La première, Takku Wallu Sénégal, a pour chef de file l'ancien président Macky Sall. Celui-ci fait campagne à distance depuis le Maroc[21].

L'ancien Premier ministre Amadou Ba dirige la coalition Jàmm ak Njariñ tandis que le maire de Dakar, Barthélémy Dias, est tête de liste de Sàmm Sa Kàddu[22].

Principaux partis politiques et coalitions
Partis ou coalitions Idéologie Chef de file
PASTEF Gauche conservatrice
Socialisme africain, patriotisme, panafricanisme
Ousmane Sonko
Takku Wallu Sénégal Centre
Libéralisme, libéralisme économique
Macky Sall
Jàmm ak Njariñ Centre gauche
Social-démocratie, socialisme démocratique
Amadou Ba
Sàmm Sa Kàddu Attrape-tout
Populisme, libéralisme
Barthélémy Dias

Violence électorale

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Plusieurs incidents violents sont signalés pendant la campagne. Le 28 octobre 2024, des individus non identifiés attaquent le siège de la coalition d'opposition du Sàmm Sa Kàddu à Dakar et déclenchent un incendie. Le 30 octobre, le PASTEF déclare que le convoi d’Ousmane Sonko a été la cible de jets de pierres lors d’une sortie de campagne à Koungheul, blessant l'ancien ministre Malick Gackou, à la tête d’un parti allié. En réponse, le député de l'opposition Fanta Sall déclare que des « hommes forts » armés agissant au nom du PASTEF ont attaqué des militants de l'opposition[23],[24],[25].

Le 12 novembre, Ousmane Sonko appelle à venger des militants de son parti qui ont été attaqués[26].

Résultats des législatives sénégalaises de 2024[27]
Partis ou coalitions Voix % +/- Sièges +/-
SM SP Total
PASTEF 1 991 770 54,97 N/A 101 29 130 en augmentation 107
Takku Wallu Sénégal (TWK) 531 466 14,67 en diminution 45,35 8 8 16 en diminution 90
Jàmm ak Njariñ (JaN) 330 865 9,13 Nv 2 5 7 en augmentation 7
Sàmm Sa Kàddu (SSK) 222 060 6,13 Nv 0 3 3 en augmentation 3
La marche des territoires / Andu Nawlé (LMDT/AN) 47 636 1,31 Nv 1 1 2 en augmentation 2
Farlu 28 303 0,78 Nv 0 1 1 en augmentation 1
Les nationalistes / Jël Linu Moom 26 876 0,74 Nv 0 1 1 en augmentation 1
Pôle alternatif de la 3e voie « Kiraay ak Natangue » 26 775 0,74 Nv 0 1 1 en augmentation 1
Sénégaal Kese 25 822 0,71 Nv 0 1 1 en augmentation 1
Sopi Senegal 22 991 0,63 Nv 0 1 1 en augmentation 1
And Ci Kooluté Nguir Sénégal (AKS) 21 391 0,59 Nv 0 1 1 en augmentation 1
And Beesal Sénégal (ABS) 20 765 0,57 Nv 0 1 1 en augmentation 1
Autres partis[a] 326 913 9,03 0 0 0 en stagnation
Suffrages exprimés 3 623 633 99,28
Votes blancs et invalides 26 487 0,72
Total 3 650 120 100 112 53 165 en stagnation
Abstentions 3 721 771 50,49
Inscrits / participation 7 371 891 49,51

Le scrutin est une large victoire pour le PASTEF qui obtient 130 sièges des 165 de l'Assemblée nationale, soit une majorité des 3/4[28],[29]. Grand perdant des élections, la coalition Takku Wallu Sénégal de l'ancien président Macky Sall n'en réunit que 16, contre 106 aux précédentes élections[30]. Le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs le 25 novembre[31].

Dès le soir du scrutin, le Pastef est félicité par Barthélémy Dias et Amadou Ba, qui reconnaissent leur défaites[32]. Macky Sall dénonce initialement des fraudes, avant de finir par féliciter à son tour le PASTEF, dont la victoire est si écrasante qu'elle se rend rapidement incontestable[33]. Il s'agit de la plus large victoire pour un seul parti lors de législatives depuis les élections de 1988 avec le Parti socialiste dirigé par Abdou Diouf[31].

Le président de la République Bassirou Diomaye Faye réussit ainsi son pari d'une convocation anticipée des élections. De part son ampleur, cette victoire du PASTEF lui permet d'avoir les coudées franches pour appliquer son programme, axé sur une réforme constitutionnelle, la création d'emplois et la souveraineté alimentaire. Désormais sans obstacles politique, le nouveau gouvernement fait en retour l'objet de très fortes attentes de la population en terme de lutte contre la corruption, d'une restauration de l'indépendance de la justice, et d'un développement du pays en vue d'une répartition plus équitable des richesses[33],[34]

Notes et références

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  1. 29 partis ou coalitions, moins de 0,55 % chacun.

Références

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  1. « Législatives au Sénégal : le camp présidentiel, en tête, perd sa majorité absolue », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  2. « Elections législatives au Sénégal : le camp présidentiel perd la majorité absolue, selon les résultats officiels provisoires », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  3. « Sénégal: le député Pape Diop rallie la coalition présidentielle et lui donne la majorité », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  4. « Revue de presse Afrique - À la Une: la majorité absolue «ric-rac» au Sénégal », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  5. « Amadou Ba nommé Premier ministre du Sénégal », sur .msn.com, .
  6. « Présidentielle au Sénégal : le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye donné en tête, selon les premiers résultats », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  7. « Sénégal : Bassirou Diomaye Faye déclaré proche de la victoire, le camp du pouvoir conteste », .
  8. (en) Ruth Maclean, « Young Opposition Candidate Wins Senegal’s Presidential Election »
  9. « Sénégal : l’élection de Bassirou Diomaye Faye, qui a deux épouses, consacre la « tradition de la polygamie » », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  10. « Bassirou Diomaye Faye, L'ascension fulgurante d'un inspecteur des finances à la présidence du Sénégal », sur lebaobab.net,
  11. « Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye fait son entrée au palais présidentiel et nomme Ousmane Sonko premier ministre », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Sénégal : le président Faye nomme un gouvernement "de rupture" avec de nouveaux visages », sur France 24, (consulté le )
  13. « Sénégal : le président Faye annonce la dissolution de l'Assemblée nationale, élections législatives le 17 novembre », sur Le Figaro, (consulté le )
  14. (en) « Senegal’s president dissolves parliament to call a snap legislative election », sur AP News, (consulté le )
  15. a et b « IPU PARLINE database: Sénégal (Assemblée nationale) » (consulté le ).
  16. a et b « Code électoral », sur www.sec.gouv.sn (consulté le ).
  17. « Législatives 2017 au Sénégal : Quinze députés vont représenter la diaspora au parlement », La Tribune Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Les Sénégalais de l'étranger seront représentés par 15 députés », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  19. Coumba Kane, « Au Sénégal, la polygamie ne rebute plus les femmes instruites », lemonde.fr, 11 mai 2018.
  20. a et b « Décret n° 2024-1982 du 13 septembre 2024 portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 » [PDF], sur cena.sn, Journal officiel de la république du Sénégal, Commission électorale nationale autonome (consulté le ).
  21. « Au Sénégal, l’ancien président Macky Sall « en campagne WhatsApp » depuis le Maroc », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  22. « Législatives au Sénégal: des enjeux cruciaux pour le Pastef comme pour les listes d'opposition ».
  23. (en) « Senegal PM Sonko's convoy attacked while campaigning for snap polls, party says », sur france24.com, (consulté le )
  24. (en) « Senegal enters last day of tense campaign ahead of key legislative election », sur apnews.com, (consulté le )
  25. Mawunyo Hermann Boko, « Législatives au Sénégal : le QG de campagne de l'opposant Barthélémy Dias incendié » Accès limité, sur jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le ).
  26. « Législatives au Sénégal : le premier ministre appelle à venger ses militants « agressés » », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  27. Conseil constitutionnel, « Décision N°20/E/2024 portant proclamation des résultats définitifs des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 », sur conseilconstitutionnel.sn, (consulté le ).
  28. Radio France International, « Afrique Sénégal: le parti au pouvoir Pastef remporte haut la main les législatives anticipées du 17 novembre », sur rfi.fr, (consulté le ).
  29. https://www.lopinion.fr/auteur/pascal-airault, « Sénégal : comment Ousmane Sonko a conquis les pleins pouvoirs », sur l'Opinion, (consulté le ).
  30. « Sénégal : le Pastef vers une large majorité absolue au Parlement ».
  31. a et b AFP, « Sénégal : le Conseil constitutionnel valide la victoire du parti au pouvoir aux élections législatives », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  32. « Législatives au Sénégal : les leaders de l'opposition félicitent le parti Pastef », sur La Nouvelle Tribune, lanouvelletribunebenin, (consulté le ).
  33. a et b La-Croix.com, « Législatives au Sénégal : « La victoire est si nette qu’elle est incontestable » », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).
  34. « Législatives au Sénégal : "Une victoire éclatante pour le camp au pouvoir, qui l’engage" ».

Articles connexes

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