Bataille de Sardarapat
La bataille de Sardarapat (en arménien Սարդարապատի ճակատամարտ ; en turc Serdarabad Savaşı) est une bataille de la guerre arméno-turque lors de la Première Guerre mondiale livrée près de la ville de Sardarapat (aujourd'hui Armavir en Arménie) du 24 mai au 26 mai 1918. Sardarapat n'étant qu'à quarante kilomètres d'Erevan, la bataille n'est pas seulement vue comme stoppant la progression de l'envahisseur turc mais surtout comme ayant empêché l'anéantissement de la nation arménienne.
Contexte
Juste deux mois après la signature du traité de Brest-Litovsk, l'Empire ottoman attaque les territoires arméniens de Russie. En violation du traité signé précédemment avec la République socialiste fédérative soviétique de Russie, la cinquième armée ottomane traverse la frontière en mai 1918 et attaque Alexandropol (aujourd'hui Gyumri) d'où l'armée russe s'est retirée à la suite de la Révolution de 1917. L'armée ottomane souhaite écraser l'Arménie et s'emparer de la Transcaucasie pour relier les États turcs entre eux (panturquisme)[1]. Le gouvernement allemand n'approuve guère l'initiative de son allié et refuse d'aider les Ottomans sur ce front[2].
À ce moment, seule une petite partie du territoire de l'Arménie russe n'est pas encore occupée par les Ottomans et ces régions ont accueilli un flot de trois-cent-cinquante-mille réfugiés arméniens fuyant le génocide arménien[3].
Les forces ottomanes entreprennent une stratégie d'attaque sur trois fronts, en trois colonnes, pour faire tomber l'Arménie. Après la chute d'Alexandropol, l'armée ottomane s'engage dans la vallée d'Ararat — le cœur de l'Arménie. Cependant, les troupes arméniennes sous les ordres du général Movses Silikyan vainquent les troupes ottomanes dans une bataille de trois jours à Sardarapat ainsi qu'à Abaran et à Karakilisa. Ces victoires arméniennes successives sont instrumentalisées par le Conseil national arménien de Tiflis pour déclarer l'indépendance de la République démocratique d'Arménie.
Suites
Effrayée par l'invasion ottomane de sa voisine arménienne, la République démocratique de Géorgie située plus au nord demande et reçoit la protection allemande. La République démocratique d'Arménie est contrainte d'accepter le Traité de Batum le , alors que l'armée ottomane stationne à sept kilomètres d'Erevan et seulement à dix d'Etchmiadzin[réf. souhaitée]. Deux jours plus tard, après la bataille de Sardarapat le , le Conseil national arménien à Tiflis proclame l'indépendance de la République démocratique d'Arménie, effective jusqu'à l'invasion bolchévique du pays en novembre 1920.
Notes et références
- Claude Mutafian, « 1918. Échec turc en Arménie orientale », Imprescriptible.fr, (consulté le ).
- Anahide Ter-Minassian, 1918-1920 — La République d'Arménie, éditions Complexe, Bruxelles, 1989 (réimpr. 2006) (ISBN 2-8048-0092-X), p. 68.
- Jean-Varoujean Gureghian, « Le génocide des Arméniens : résumé historique », Imprescriptible.fr, (consulté le ).