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Cours Droit Constitutionnel 2 Titre 2 Chapitre 4

Le document traite de l'organisation démocratique du pouvoir de l'État, en mettant l'accent sur le principe de la séparation des pouvoirs, essentiel dans les États démocratiques. Il explore les conceptions de John Locke et Montesquieu, qui ont théorisé la séparation des pouvoirs, ainsi que l'évolution de ce principe dans les rapports entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Enfin, il aborde les interprétations de la séparation des pouvoirs dans les régimes parlementaires et présidentiels.

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Cours Droit Constitutionnel 2 Titre 2 Chapitre 4

Le document traite de l'organisation démocratique du pouvoir de l'État, en mettant l'accent sur le principe de la séparation des pouvoirs, essentiel dans les États démocratiques. Il explore les conceptions de John Locke et Montesquieu, qui ont théorisé la séparation des pouvoirs, ainsi que l'évolution de ce principe dans les rapports entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Enfin, il aborde les interprétations de la séparation des pouvoirs dans les régimes parlementaires et présidentiels.

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Université Assane SECK de Ziguinchor

Unité de Formation et de Recherche


des Sciences économiques et sociales

Département de sciences
juridiques

Droit
constitutionnel

Licence 1
Semestre 2
Cohorte A
2022-2023

Dr. Abdoulaye GUISSE


Droit constitutionnel

CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION DÉMOCRATQUE DU POUVOIR DE


L’ÉTAT

L’organisation démocratique du pouvoir s’articule, dans les États démocratiques, autour


du principe de la séparation des pouvoirs qui permet de distinguer les régimes politiques. Un
régime politique peut être défini comme l’ensemble des règles constitutionnelles déterminant
l’organisation et le fonctionnement des institutions politiques d’un État donné. Ainsi, dans ce
titre, l’accent sera mis sur le principe de la séparation des pouvoirs (Section 1) et ses
implications, c’est-à-dire, les régimes politiques (Section 2).

SECTION 1 : LE PRINCIPE DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS

Le principe de la séparation des pouvoirs est un principe fondamental de l’organisation


du pouvoir politique. C’est un principe de référence, un critère de classification des régimes
politiques, indispensable dans le cadre de l’État de droit. Selon l’article 16 de la Déclaration
des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 selon lequel : « toute société dans laquelle la
garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de
Constitution ». Ainsi, il importe de s’intéresser à la formulation théorique du principe
(Paragraphe 1) avant d’apprécier son évolution actuelle (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La formulation théorique du principe

L’idée d’une séparation des pouvoirs ne date pas d’aujourd’hui. On la retrouve déjà chez
les auteurs tels Cicéron (Ier siècle avant J.-C), Polybe (IIe siècle avant J.-C), ou Aristote (IVe
siècle av. J.-C.). Aristote, par exemple, distinguait « l’Assemblée générale délibérant sur les
affaires publiques, les corps des Magistrats et le corps judiciaire »1. Cependant, sa formulation
moderne est récente. En effet, la théorie de la séparation des pouvoirs est née de l’observation
de la réalité historique de l’Angleterre avant d’être systématisée. Deux auteurs sont à l’origine
de l’expression théorique de ce principe. Il s’agit de l’Anglais John Locke et du Français
Montesquieu. Le premier a formulé sa conception dans L’Essai sur le gouvernement civil paru
en 1690 (A) ; le second dans l’Esprit des lois publié en 1748 (B).

1
Politique, IV, 8 ;

[2]
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Droit constitutionnel

A. La conception de John Locke

John Lock est le premier théoricien moderne de la séparation des pouvoirs. Dans son
Traité sur le gouvernement civil, il développe l’idée de séparation des pouvoirs pour justifier la
seconde révolution qui venait de se produire en Angleterre en 1688. Son but est aussi de
prévenir le retour de l’absolutisme et d’instaurer une monarchie contractuelle ou
constitutionnelle. Selon lui, il existe dans l’État trois pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif et le pouvoir fédératif qui « est chargé de la sécurité et des intérêts extérieurs ».
Il constate la nécessité d’une séparation en affirmant : « La tentation de porter la main sur le
pouvoir serait trop grande si les mêmes personnes qui ont le pouvoir de faire les lois avaient
aussi entre les mains le pouvoir de les faire exécuter, car elles pourraient se dispenser d’obéir
aux lois qu’elles font ». Il considère que les pouvoirs exécutif et fédératif, bien que distincts,
sont presque toujours réunis dans les mêmes mains. Cependant, le pouvoir législatif doit être
séparé des autres pour qu’il n’y ait pas d’abus. Le législatif ne doit pas siéger en permanence
pour n’être pas tenté de s’immiscer dans la marche du gouvernement. Le pouvoir exécutif
dispose d’une certaine autonomie dans l’interprétation des lois.

Aussi, estime-t-il, par ailleurs, qu’il ne devait pas y avoir une séparation absolue des
pouvoirs exécutif, et législatif afin d’éviter le désordre si les deux pouvoirs allaient dans des
sens opposés. C’est pourquoi pense-t-il qu’il faut établir une hiérarchie entre eux. Le pouvoir
législatif est le pouvoir suprême. Le rôle du pouvoir exécutif étant essentiellement d’exécuter
la volonté exprimée par le législatif, lui est subordonné. Cette conception de la séparation des
pouvoir va être développée et systématisée par Montesquieu.

B. La conception de Montesquieu

Montesquieu est le véritable théoricien du principe de la séparation des pouvoirs. C’est


lui qui a développé la pensée de John Locke et a systématisé la théorie. Dans son Esprit des
lois2, il se livre à une observation de la réalité anglaise pour formuler sa théorie en vue d’établir
des armes contre l’absolutisme royal en France. Sa préoccupation est d’éviter que le pouvoir,
établi pour le bien commun, ne débouche sur un absolutisme attentatoire aux libertés
individuelles. Pour lui, la liberté est la chose la plus précieuse pour un citoyen. C’est le bien

2
Chapitre VI DI Livre XI « De la Constitution d’Angleterre ».

[3]
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suprême. Elle dépend du régime politique. C’est le pouvoir qui peut porter atteinte à cette
liberté. Selon lui : « la démocratie et l'aristocratie ne sont point des états libres par leur nature.
La liberté politique ne se trouve que dans des gouvernements modérés. Mais elle n'est pas
toujours dans des gouvernements modérés. Elle n'y est que lorsqu’on n’abuse pas du pouvoir :
mais c'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il
va jusqu'à ce qu’il trouve des limites. Qui le dirait ! La vertu même a besoin de limites »3. Et «
pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses le pouvoir
arrête le pouvoir. »4 Pour cela, il faut diviser le pouvoir. Il distingue, ainsi, trois pouvoirs dans
un État : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des
gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil. Il en découle une
différenciation de trois fonctions :
- la fonction législative par laquelle, « le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps
ou pour toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites. »
- la fonction exécutive par laquelle, « il fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des
ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions »
- la fonction judiciaire par laquelle, « il punit les crimes, ou juge les différends des
particuliers ».

À partir de cette distinction fonctionnelle, Montesquieu opère une distinction organique et


une attribution de chaque fonction à un organe. Car selon lui : « tout serait perdu, si le même
homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois
pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les
crimes ou les différends des particuliers ».
Ainsi, le pouvoir législatif est exercé par l’intermédiaire de la Chambre basse. L’aristocratie
participe au pouvoir législatif par le biais de la Chambre Haute. Le pouvoir exécutif revient au
Roi. Quant au pouvoir judiciaire, il ne doit pas être donnée à un sénat permanent mais exercée
par des personnalités tirées du corps du peuple.

Il faut préciser que Montesquieu admet, néanmoins, un assouplissement de la séparation


des pouvoirs dans une perspective de garantie de leur équilibre. Pour lui, la puissance de juger
est nulle et invisible ; les juges ne sont que la bouche qui prononce des paroles de loi. Ils sont
en quelque sorte des êtres inanimés. Ce sont les pouvoirs législatif et exécutif qui seuls

3
Livre XI Chapitre IV.
4
Livre XI Chapitre IV.

[4]
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comptent réellement sur le plan politique et chacun devrait être doté d'une faculté d'arrêter ou
d'empêcher l'autre. Il conclue en disant que :
« Voici donc la constitution fondamentale du gouvernement dont nous parlons. Le
corps législatif y étant composé de deux parties, l'une enchaînera l'autre par sa faculté
mutuelle d'empêcher. Toutes les deux seront liées par la puissance exécutrice, qui
le sera, elle-même par la législative. Ces trois puissances devraient former un repos
ou une inaction. Mais comme, par le mouvement nécessaire des choses, elles sont
contraintes d'aller, elles seront forcées d'aller de concert ».

L’apport décisif de Montesquieu à la théorie de la séparation des pouvoirs se situe à deux


niveaux. Il lui donne tout d’abord sa formulation moderne en mettant en évidence, à la
différence de Locke, l’existence d’un pouvoir judiciaire qu’il détache de la fonction exécutive.
En second lieu, il assigne à cette division une fonction précise qui est de garantir la liberté
politique.
Dans sa mise en œuvre, la théorie a connu une évolution.

Paragraphe 2 : L’évolution du principe de la séparation des


pouvoirs

L’évolution du principe de la séparation des pouvoirs peut être appréciée, non seulement
dans les rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif (A), mais aussi dans l’importance
accrue du rôle du pouvoir judicaire (B).

A. L’évolution des rapports entre les pouvoirs exécutif et


législatif

Les rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif ont connu une évolution tant du
point de vue fonctionnel que sur le plan organique.
Du point de vue fonctionnel, la réalité contemporaine de la séparation des pouvoirs ne
correspond pas à la théorie classique. Les fonctions exécutive et législative ont évolué.
En ce qui concerne la fonction exécutive, elle est devenue une fonction gouvernementale.
L’exécutif ne se cantonne pas à l’exécution des lois. Il intervient à travers le gouvernement dans
la fonction législative. En effet, il revient à l’exécutif de déterminer une politique qui sera mis
en œuvre par le gouvernement, lequel a besoin de l’intervention du législateur à cet effet. Le

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gouvernement participe à l’élaboration des lois. Il prend des initiatives et assume une partie des
rôles autrefois dévolus au législatif.
De son côté, le pouvoir législatif, perd progressivement une partie de son rôle. Sa tâche se
limite, de plus en plus, à critiquer la politique déterminée par le gouvernement, à contrôler son
application et à discuter sa mise en œuvre. Il assure essentiellement une fonction délibérative.

Du point de vue organique, la séparation entre pourvoir exécutif et pouvoir législatif


disparaissent au profit d’une séparation entre majorité parlementaire et opposition. En effet, le
phénomène majoritaire est une caractéristique générale des démocraties parlementaires
contemporaines. C’est le fait que le Chef de l’exécutif ait systématiquement la majorité au
Parlement. Ce phénomène bouleverse la séparation organique entre l’exécutif et le législatif.
Ainsi, c’est le parti majoritaire qui concentre le pouvoir et bouleverse l’équilibre des pouvoirs
entre les deux organes au détriment de législatif qui devient un pouvoir à la merci du chef de
l’État. L’exemple du Sénégal est illustratif. En effet, de 2000 à 2012, le Président Wade a eu
une majorité confortable avec le PDS (Parti Démocratique Sénégalais) à l’Assemblée nationale.
Depuis 2012, le Président Macky Sall a une majorité confortable avec la Coalition Benno Bokk
Yakar. Cette situation empêche l’assemblée de jouer son rôle de contre-pouvoir. Toutefois, le
pouvoir judiciaire a acquis une importance capitale dans l’exercice de son rôle.

B. L’importance accrue du rôle du pouvoir judicaire

Dans les théories de John Locke et de Montesquieu, le pouvoir judicaire occupe une
place accessoire. Si dans la conception de Lock le pouvoir brille par son absence, il est considéré
comme nul ou inanimé chez Montesquieu. Ils se sont focalisés sur les pouvoirs exécutif et
législatif pour expliquer la nécessité d’une séparation des pouvoirs. Cependant, la réalité
actuelle de la séparation des pouvoirs accorde au pouvoir judiciaire une place, de plus en plus,
importante. Il se révèle un troisième pouvoir et s’érige en gardien de la séparation des pouvoirs.

L’affirmation du pouvoir judiciaire comme un troisième pouvoir égal aux autres trouve
une consécration constitutionnelle dans les États modernes. Au Sénégal, c’est l’article 88 de la
constitution de 2001 qui dispose que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif
et du pouvoir exécutif. Il est exercé par le Conseil constitutionnel, la Cour Suprême, la Cour
des comptes et les Cours et tribunaux ».

[6]
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Outre sa consécration formelle, on note que le pouvoir judiciaire a acquis un rôle important en
s’affirmant comme régulateur du jeu politique et garant de la séparation des pouvoirs. La
fonction de juger devient aussi importante que celle de légiférer ou d’exécuter les lois. Elle ne
se limite pas à la société civile, s’étendant au pouvoir politique lui-même. Il est gardien des
droits et libertés définis par la Constitution et la loi (Article 91 de la constitution sénégalaise).
Au Sénégal, le Conseil constitutionnel, par exemple, s’est vu reconnaître un ensemble de
compétence notamment en matière de contrôle de la constitutionnalité des lois et des
engagements internationaux, de conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif, sans oublier les compétences en matière électorale (Article 92 de la constitution du
Sénégal.
Du reste, la mise en œuvre du principe de la séparation du pouvoir fait l’objet de plusieurs
interprétations.

SCETION 2 : LES RÉGIMES POLITIQUES

La mise en œuvre du principe de la séparation des pouvoirs a donné naissance à deux


interprétations distinctes : une séparation souple qui s’applique dans le cadre du régime
parlementaire (Paragraphe 1) et une séparation rigide qui se réalise dans le cadre du régime
présidentiel (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le régime parlementaire

Le régime parlementaire est né en Angleterre avant de s’étendre au reste de l’Europe et dans


le monde. C’est la forme d'organisation du pouvoir politique la plus répandue dans les
démocraties libérales. Georges Burdeau, le définit comme « celui dans lequel la direction des
affaires publiques appartient au Parlement et au Chef de l’État par l’intermédiaire d’un cabinet
responsable devant le Parlement ». Les caractéristiques (A) ainsi que les différentes formes (B)
du régime parlementaire seront abordées successivement.

A. Les caractéristiques du régime parlementaire

Le régime parlementaire est un régime de séparation souple des pouvoirs. Il se


caractérise fondamentalement par la collaboration des pouvoirs (1) et l’existence des moyens
d’action réciproque visant à garantir leur équilibre (2).
[7]
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1. La collaboration entre les pouvoirs

La collaboration entre les pouvoirs notamment entre l’exécutif et le législatif exprime


l’idée d’une interdépendance entre eux. Les deux fonctions législative et exécutive sont bien
confiées à deux organes distincts. Mais chacun des organes a besoin de l’autre pour mener à
bien sa fonction. De ce fait, chaque organe peut intervenir dans l’exercice de la fonction de
l’autre.
L’intervention de l’exécutif dans la fonction législative se réalise dans toute la procédure
législative alors que celle-ci relève normalement de la fonction législative. D’abord, en temps
normale, l’initiative des lois est partagée entre les deux pouvoirs. En période exceptionnelle, le
pouvoir législatif peut habiliter, par une loi, le Président de la République à prendre des mesures
qui sont normalement du domaine de la loi (article 77 de la constitution sénégalaise).
Ensuite, en cours de procédure législative, l’Exécutif intervient à travers le droit
d’amendement, la maîtrise de l’ordre du jour et la possibilité d’imposer un vote bloqué5. Enfin,
l’exécutif intervient après le vote de la loi pour sa promulgation qui relève de la compétence du
Président de la République (article 74 de la Constitution).
L’intervention du législatif dans la fonction exécutive s’analyse à plusieurs niveaux. C’est lui
qui autorise l’utilisation des crédits nécessaires à l’exécution des politiques publiques. Il
intervient dans la procédure de ratification des traités qui est, le plus souvent conditionnée par
la nécessité d’une autorisation parlementaire. Aussi, dispose-il d’un pouvoir de contrôle de
l’action du gouvernement à travers des questions orales et écrites ou par le biais des
Commissions parlementaires (article 85).
Ces interventions réciproques assouplissent la séparation au profit d’une collaboration
nécessaire au fonctionnement des deux pouvoirs qui disposent chacun des moyens d’action
propres.

2. L’existence des moyens d’action réciproque

L’existence des moyens d’action réciproque permet de garantir l’équilibre des pouvoirs.

5
Le vote bloqué est prévu à l’ancien article 82 de la Constitution qui dispose : « Si le Gouvernement le
demande, l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion, en ne retenant
que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement ».

[8]
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Les moyens d’action du législatif sur l’exécutif sont constitués par la question de confiance et
la motion de censure. Ce sont deux procédures de mise en œuvre de la responsabilité du
gouvernement devant le parlement. En effet, il faut rappeler que dans le cadre d’un régime
parlementaire l’exécutif est bicéphale, c’est-à-dire, le pouvoir exécutif est exercé par deux
personnes : un Chef de l’État et un Chef de gouvernement (Premier ministre).
Le Chef de l’État est politiquement irresponsable devant le Parlement. Tout acte du chef de
l’État doit être obligatoirement contresigné par le chef du Gouvernement, qui en prend ainsi la
responsabilité devant le parlement. Le gouvernement étant un organe collégial et solidaire sous
l’autorité du chef du Gouvernement, chaque ministre prend en charge l’ensemble de la politique
gouvernementale et ils en sont tous collectivement responsables.
Cette responsabilité peut être mise en œuvre sur initiative du Premier ministre ou du parlement.
Dans le premier cas, on parle de question de confiance alors que dans le second cas, il s’agit de
motion de censure.

La question de confiance est prévue par l’ancien article 86 de la Constitution du Sénégal.


Selon cette disposition, « le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres,
décider de poser la question de confiance sur un programme ou une déclaration de politique
générale. Le vote sur la question de confiance ne peut intervenir que deux jours francs après
qu’elle a été posée ». Cette disposition est la reprise de l’article 49 alinéa 1 de la Constitution
française. Il faut préciser que si le vote sur la question de confiance n’est pas favorable, le
gouvernement démissionne. C’est ce qui ressort de l’alinéa 2 : « la confiance est refusée au
scrutin public à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale. Le refus
de confiance entraîne la démission collective du Gouvernement. »

La motion de censure est prévue à l’article 86 alinéa 3 de la Constitution du Sénégal et


à l’article 49 alinéa 2 de la Constitution française. Ces articles disposent que « l’Assemblée
nationale peut provoquer la démission du gouvernement par le vote d’une motion de censure ».
Cette disposition a été mise en œuvre contre le gouvernement d’Abdoul Mbaye le 21 décembre
2012, puis récemment contre celui d’Amadou Ba lors de sa déclaration de politique générale,
le 12 décembre, sans aboutir à leur renversement, étant donné que la majorité absolue n’avait
pas été atteinte. Par contre, en 1962, lorsque la crise entre le Président Léopold Sédar Senghor
et Mamadou de Dia a éclaté, l’Assemblée nationale a voté une motion de censure contre le
gouvernement Dia qui a conduit à son renversement.

[9]
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L’exécutif, de son côté, dispose d’une arme juridique puissant contre le pouvoir
législatif qui se traduit par le droit de dissolution. Il constitue un des moyens de pression dont
l’exécutif dispose sur le pouvoir législatif. Il est reconnu au Chef de l’État, lui donnant la
possibilité de mettre fin au mandat de l’Assemblée nationale, entraînant de nouvelles élections.
On retrouve le droit de dissolution à l’article 87 de la Constitution sénégalaise. Selon cet article
: « le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier ministre et celui
du Président de l’Assemblée nationale, prononcer par décret, la dissolution de l’Assemblée
nationale ». Cette dissolution toutefois, ne peut intervenir durant les deux premières années
de législature. Elle débouche sur de nouvelles élections soixante jours au moins et quatre-vingt-
dix jours au plus après la date de publication du décret de dissolution.

On constate alors que l’existence de moyens d’action réciproque est une caractéristique
fondamentale du régime parlementaire. Si la mise en œuvre de la responsabilité du
gouvernement devant le parlement lui permet de se protéger contre les abus de l’exécutif, le
droit de dissolution représente un frein aux dérives éventuelles du législatif.
On se retrouve en face d’un régime de collaboration et d’équilibre de pouvoirs qui se présente,
par ailleurs, sous plusieurs formes.

B. Les formes de régime parlementaire

Le régime parlementaire se présente sous plusieurs formes en raison de la multiplication


des expériences dans le monde et de son adaptation à certaines circonstances locales. Il peut
être moniste ou dualiste (1), rationalisé ou majoritaire (2).

1. Régime parlementaire moniste et régime


parlementaire dualiste

Le régime parlementaire moniste est celui dans lequel le Chef de l’État est effacé. Il ne
détient pas de pouvoir autonome lui permettant de jouer un rôle politique. Il assure le plus
souvent une fonction honorifique ; il règne mais il ne gouverne pas. La responsabilité
gouvernementale incombe essentiellement au Chef du gouvernement qui n’est donc
responsable que devant le Parlement. Les régimes parlementaires en Angleterre, en Inde, au
Canada ou au Pays-Bas peuvent servir d’exemples.

[10]
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Le régime parlementaire dualiste est caractérisé par l’existence d’un exécutif bicéphale : le
Chef de l’État et le Chef du gouvernement. Le Chef de l’État joue un rôle politique important,
tout en étant irresponsable tandis que le Chef du gouvernement est doublement responsable
devant lui et devant le Parlement. C’est le cas au Sénégal.

2. Régime parlementaire rationnalisé et


parlementarisme majoritaire

Le terme « régime parlementaire rationalisé » est dû au constitutionnaliste russe Boris


Mirkine-Guetzevitch pour décrire la constitution allemande de Weimar de 1919. Il est question
de protéger le gouvernement par une série de mécanisme contre l’absence probable d’une
majorité favorable au parlement et prévenir, par des moyens institutionnels, les crises
ministérielles. La « rationalisation » consiste alors, « en quelque sorte à limiter le jeu naturel
des principaux éléments du parlementarisme pour éviter les dérives du système et l’instabilité
gouvernementale »6. Il s’agit de permettre au gouvernement de pouvoir gouverner en l’absence
de majorité. Les techniques habituellement utilisées sont la fixation de l’ordre du jour des
assemblées, le vote bloqué, la règlementation stricte de la motion de censure.
Par exemple, la Constitution allemande prévoit une motion constructive qui organise un lien
entre le renversement du gouvernement et la formation de son successeur. Autrement dit la
Chambre qui vote une motion de censure doit immédiatement élire le successeur du chancelier
déchu. On le retrouve à l’article 67 de la loi fondamentale : « Le Bundestag ne peut exprimer
sa défiance envers le chancelier fédéral qu’en élisant un successeur à la majorité de ses
membres ».

Le parlementarisme majoritaire est un régime parlementaire dans lequel le pouvoir


exécutif dispose d'une majorité cohérente et stable au Parlement et relativement homogène,
pour gouverner. Il repose ainsi sur une logique majoritaire, par le jeu naturel des partis et du
mode de scrutin. Il suppose une discipline de vote de la part des députés fidèles au
gouvernement. Les deux organes sont ainsi liés à travers la majorité parlementaire avec
prédominance de l’exécutif. La collaboration des pouvoirs devient ainsi une sorte de confusion
des pouvoirs au profit de l’exécutif. C’est le cas de la France ou encore du Sénégal.

6
Favoreu, Louis,Gaïa, Patrick,Ghevontian, Richard, Droit constitutionnel, Ed. 21, Dalloz, 2019, p. 428.

[11]
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Quelles que soient ses variantes, le du régime parlementaire reste un régime de collaboration
des pouvoirs. C’est qui n’est pas le cas pour le régime présidentiel.

Paragraphe 2 : Le régime présidentiel

Le régime présidentiel est apparu aux États-Unis vers la fin du XVIIIe siècle. C’est un
régime de séparation rigide des pouvoirs. L’exécutif et le législatif sont aux mains de deux
organes différents et indépendants qui n’ont l’un sur l’autre aucun moyen d’action. Ses
caractéristiques (A) ainsi que ses différentes formes (B) seront étudiées.

A. Les caractéristiques

En tant que régime de séparation stricte des pouvoirs, le régime présidentiel se caractérise
par une séparation organique et fonctionnelle rigide (1) avec l’absence de moyens d’action
réciproque (2).

1. Une séparation organique et fonctionnelle rigide

Dans le régime présidentiel, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont organiquement


et fonctionnellement indépendants. Comme le souligne Georges Burdeau, « le régime
présidentiel est celui qui en assurant au maximum l’indépendance des pouvoirs, réalise leur
séparation la plus complète »7.
L’exécutif est confié au Président de la république élu au suffrage universel. Selon Marcel
Prélot, « l'essentiel du régime présidentiel réside (...) dans l'élection populaire du chef de l'État
qui est en même temps chef du gouvernement »8. Autrement dit, le Président tire sa légitimité
directe du peuple indépendamment du législatif. Il représente l’exécutif. Il est, à la fois, le chef
de l’exécutif et le chef du gouvernement. Il dispose de la totalité de sa fonction exécutive ;
celle d’exécuter la loi. Il ne participe pas à son élaboration. Il n’a ni le droit d’initiative
législative encore moins la possibilité d’intervenir au cours de la procédure.

7
Georges Burdeau, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, 1972, p. 157.
8
Marcel Prélot, Institutions politiques et droit constitutionnel, 5e éd., Paris, 1971, p.p. 87 et s.

[12]
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Il exerce ses fonctions avec l’assistance d’une administration constituée d’auxiliaires ou des
secrétaires chargés des divers secteurs, et demeurant sous sa seule autorité.

De son côté, le législatif est constitué d’une ou deux assemblées élues et indépendantes
vis-à-vis de l’exécutif. Il dispose, également, de la totalité de sa fonction et l’assure pleinement.
Il élabore et vote la loi sans l’intervention de l’exécutive dans la procédure et sans possibilité
de déléguer son pouvoir.

On constate, ainsi, que chaque organe a ses compétences propres dans l’exercice desquelles
l’autre n’intervient pas. Il y a par conséquent, une absence de collaboration des pouvoirs. Mais
en plus, il n’existe pas des moyens d’action réciproque comme dans le cadre du régime
parlementaire.

2. Une absence des moyens d’action réciproque

Contrairement au régime parlementaire, il n’existe pas, dans le régime présidentiel, de


moyens d’action permettant de remettre en cause l’existence d’un pouvoir par l’autre. Il
n’existe pas de responsabilité politique de l’exécutif devant le législatif qui pourrait être mise
en jeu ou mise en cause par l’un ou par l’autre pouvoir. Par conséquent, il n’existe ni de
question de confiance, ni de motion de censure ou de défiance. En effet, l’exécutif n’a pas
besoin de la confiance du parlement pour gouverner. C’est pourquoi, affirme Maurice Hauriou
« ...les organes du pouvoir exécutif ne sont pas obligés de gouverner avec la confiance du
pouvoir législatif, ce qui se traduit par cette conséquence que les secrétaires d'État ne sont pas
responsables devant le Congrès »9. Ainsi, les ministres ou les secrétaires d’États, étant des
agents de l’exécutif, ne sont responsables que devant le Président qui peut mettre fin à leurs
fonctions.

Réciproquement, le Président ne dispose pas de droit de dissolution. Il n’a pas pouvoir de


dissoudre la ou les Chambres qui constituent le législatif.
C’est dire que chaque organe reste autonome vis-à-vis de l’autre sans risque de voir son
existence remise en cause. Aucun organe ne peut mettre fin à la fonction de l’autre ; ni exercer
une pression sur l’autre. Ils en découlent l’égalité et l’équilibre des pouvoirs. Cet équilibre est

9
Maurice Hauriou, Précis de droit constitutionnel, 2e édition, Dalloz, 2015, p. 359.

[13]
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garanti par l’existence des mécanismes de freins et contrepoids (checks and balances) prévu,
par exemple, par la constitution américaine.
L’application du régime présidentiel révèle l’existence de plusieurs formes.

b. Les formes du régime présidentiel

Le régime présidentiel est différemment appliqué dans les États qui l’adoptent. Du
modèle américain (1) émergent des variantes résultant de sa déformation (2).

1. Le modèle américain

C’est le modèle idéal et original du régime présidentiel. Pour reprendre Georges Vedel,
c’est « le modèle le plus parfait, et peut-être le seul… »10. En effet, le régime présidentiel est
né avec la Constitution des États-Unis de 1787. Celle-ci a mis en place trois organes distincts
et indépendants : le Président, le Congrès et la Cour suprême.
Le Président représente l’organe exécutif et dispose seul de la fonction exécutive. Il est élu au
suffrage universel indirect par un collège de grands électeurs qui sont désignés, dans les États
par les électeurs au suffrage universel.
Le congrès est composé deux chambres (la chambre des représentants qui représente les
citoyens des États-Unis en tant que tels et le Senat qui représente les États membres eux-
mêmes). Il dispose de la fonction législative.
La Cour suprême détient le pouvoir judiciaire au niveau de la Fédération. Il surveille l’ensemble
de l’appareil judiciaire fédéral, contrôle la constitutionnalité des lois et arbitre les litiges entre
le Président de la République et le Congrès.
Chaque organe dispose de la totalité de sa fonction et l’exerce pleinement en toute
indépendance. Aucun des pouvoirs n’a de prise sur l’autre. Le Président n’est pas responsable
devant le Congrès qui ne peut donc le censurer, réciproquement il ne peut pas dissoudre le
Congrès. C’est dire que la séparation est stricte. L’indépendance et la spécialisation des
pouvoirs est garantie.

Toutefois, la constitution américaine établit une interaction entre les deux pouvoirs à
travers des mécanismes de freins et contrepoids, appelés « système de check and balance ».

10
G. VEDEL « Le régime présidentiel », Encyclopædia Universalis, 1995.

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Droit constitutionnel

L’objectif est non seulement d’éviter la paralysie mais aussi et surtout de préserver l’équilibre
des pouvoirs. En effet, l’article II, Section III de la Constitution américaine demande au
Président de « renseigner périodiquement le Congrès sur l’état de l’Union ». Il s’adresse ainsi
chaque année au Congrès. C’est une occasion d’infléchir l’action législative du Congrès dans
la mesure où ce message comporte des orientations précises et projets spécifiques. Ce message
se faisant en début de législature, peut servir à attirer l’attention sur des lois dans tel ou tel
domaine. Il propose une sorte de programme législatif.

Le Président de la République dispose, aussi, d’un droit de veto à l’égard des lois
adoptées par le Congrès. C’est le pouvoir reconnu à l’exécutif de s’opposer aux lois votées par
le Congrès. Ce qui correspond à la faculté d’empêcher chez Montesquieu.
Le droit de veto est prévu à l’article 1 Section 7, clause 2 de la Constitution américaine selon
lequel « tout bill voté par les deux chambres doit être soumis pour signature au Président ». Ce
veto est sélectif, il ne peut concerner qu’une partie, et non l’intégralité du texte. Sans doute, le
Congrès peut-il surmonter ce veto par un vote des 2/3 de chaque chambre.
À côté de ce veto, il existe un deuxième veto qui n’est pas prévu par la Constitution : c’est le
veto de poche. Ce veto ne peut intervenir qu’à la fin d’une session parlementaire. En effet, il
est prévu un délai de 10 jours impartis au Président pour renvoyer au Congrès les textes
auxquels il entend opposer un veto. Si durant ce délai, la session se termine sans que le Président
n’ait pas fait connaître son avis, la loi adoptée devient caduque. On considère que le Président
a gardé le veto dans sa poche et ainsi le Congrès doit reprendre toute la procédure.

De son côté, le congrès dispose de moyens qui lui permet de contrôler l’action de
l’exécutif.
Il se manifeste, d’abord, à travers l’autorisation préalable du Congrès en matière budgétaire
(vote de budget), militaire (décision de recourir à la force) mais aussi par la confirmation
obligatoire par le Sénat des nominations proposées par le Président de la République11.
Ensuite, le Congrès a des pouvoirs d’investigation qui lui permettent de mettre en place des
Commissions chargées d’enquêter sur les actions spécifiques de l’Exécutif. Enfin, le Congrès
dispose d’un pouvoir de sanction sur les autorités exécutives à travers la procédure de
l’« impeachment ». Cette procédure est » prévu par la Constitution des États-Unis12. Elle vise

11
C’est ce qui ressort de l’article 2 Section II selon lequel « le Président nomme les ambassadeurs et les
fonctionnaires, après avis et consentement du Sénat ».
12
Constitution américaine, article II, Section IV,

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Droit constitutionnel

le Président, le Vice-Président et tous les fonctionnaires civils et juges fédéraux.


L’impeachment permet la destitution du Président de la République et autres personnalités de
l’Exécutif, en cas de « haute trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».

b. Les déformations du régime présidentiel

L’application du régime présidentielle en dehors des États-Unis se caractérise par sa


déformation. On peut identifier deux formes dénaturées du régime présidentiel : le régime
présidentialiste et le régime semi-présidentiel.
Le régime présidentialiste désigne la dénaturation du régime présidentiel par la concentration
du pouvoir entre les mains du Président de la République. L’équilibre des institutions, à la base
du régime présidentiel, est inexistant. La séparation tranchée des pouvoirs s’efface. Le Chef de
l’État domine tout le système.
On retrouve ce type de régime en Amérique latine, voire en Afrique. En effet, s'inspirant du
régime présidentiel américain, défini par une séparation stricte des pouvoirs, les États
d’Amérique latine s'en écartent par une prédominance du Président de la République et par un
déséquilibre des pouvoirs au détriment du législatif qui joue un rôle effacé. Cette situation est
plus ou moins accentuée suivant les États.
On peut, citer, l’exemple du Brésil. La constitution de 1988, institue un régime présidentiel. Le
Président, chef de l’exécutif, participe à la fonction législative. Il peut prendre l’initiative des
lois, et dispose du droit de veto. Il peut exercer directement la fonction législative dans certain
cas lorsque le congrès le charge d’élaborer des lois. Ainsi, en cas d’urgence, il peut prendre des
décrets ayons force de loi qui doivent être ensuite confirmés par le Congrès.
Le fonctionnement de tous ces régimes en Amérique latine n’est pas conforme à celui de leur
modèle, puisqu'ils sont caractérisés par une grande instabilité.

En Afrique, après les indépendances, les États après avoir souvent tenté d'adopter
d'abord des institutions analogues à celles de leurs anciens colonisateurs européens, se sont eux
aussi intéressées au modèle américain. Mais comme le précise L. DUBOUIS : « Le régime
présidentiel africain dégénère en présidentialisme : tous les pouvoirs sont concentrés entre les
mains du chef de l’exécutif, le président… »13. C’est le cas, par exemple, du Benin qui
revendique ouvertement le caractère présidentiel de son régime politique. En effet, l’article 54

13
L. DUBOUIS, « Le régime présidentiel dans les nouvelles constitutions des États africains d’expression
française », Penant, n°691, avril-mai 1962, p. 222.

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Droit constitutionnel

alinéa 1 de la Constitution béninoise dispose que « le président de la République est le détenteur


du pouvoir exécutif. Il est le Chef du Gouvernement et, à ce titre, il détermine et conduit la
politique de la nation ».
Il en est de même pour le Congo. La nouvelle Constitution, adoptée par référendum en 2002,
institue un régime présidentiel, avec exécutif monosépale et un parlement bicaméral. Elle
dispose sans ambiguïtés, en son article 114 : « Le Président de la République ne peut dissoudre
l’Assemblée Nationale. L’Assemblée Nationale ne peut démettre le Président de la
République ».

C’est aussi le cas du Sénégal qui, avec la révision constitutionnelle du 4 mai 2019,
adopte un régime présidentiel avec la suppression du poste de premier ministre et des moyens
d’action réciproque (motion de censure, question de confiance, droit de dissolution). Il faut
noter que ce n’est pas une première expérience pour le Sénégal. En effet, en 1963 Léopold
Sédar Senghor a instauré un régime présidentiel à parti unique jusqu'en 1976. Il en est de même
avec Abdou Diouf, de 1983 à 1991.

Le régime semi présidentiel, à la différence du régime présidentialiste ne revendique pas


formellement un caractère présidentiel mais comporte un ensemble d’éléments relevant à la fois
du régime parlementaire et du régime présidentiel. C’est un régime mixte.
Le caractère parlementaire résulte du fait que non seulement de l’exécutif est bicéphale mais
qu’il existe des moyens d’action réciproque. Le gouvernement est responsable devant un
parlement qui peut le pousser à la démission par une motion de censure et le Président dispose
d’un droit de dissolution du parlement. Leur caractère présidentiel est relatif au fait que le Chef
de l’État est élu au suffrage universel et est irresponsable devant le parlement. C’est l’exemple
du régime sénégalais. C’est aussi le cas du Gabon, du Burkina, du Mali, du Cameroun, encore
de la France…

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