Grands Arrets Du Droit Des Assurances
Grands Arrets Du Droit Des Assurances
ASSURANCES
Publié au bulletin
Rapp. M. Mazeaud
Av.Gén. M. Chartrou
Av. Demandeur : Me Gaudet
Av. Défendeur : Me Morillot
REPUBLIQUE FRANCAISE
LA COUR,
Ouï, en l'audience publique du 6 décembre 1938, M. le conseiller Mazeaud, en son
rapport ; Mes Gaudet et Morillot, en leurs observations respectives, ainsi que M.
Chartrou, avocat général, en ses conclusions, et après en avoir délibéré en Chambre
du Conseil ;
Attendu que l'exercice de l'action directe contre l'assureur dont la victime d'un
accident trouve la source dans le droit propre qui lui est conféré, exige
nécessairement, en l'absence d'un texte contraire, la présence de l'assuré aux débats
lorsqu'aucune condamnation n'est préalablement intervenue contre lui à l'effet de
fixer contradictoirement entre les parties, d'abord l'existence de la créance de
réparation et son montant, en second lieu l'indemnité due par l'assureur et que ce
dernier sera tenu de verser jusqu'à due concurrence entre les mains de la victime ;
Mais attendu que la créance privilégiée que X... tenait de l'article susvisé ne pouvait
être liquidée à l'encontre de la Compagnie Le Phénix avant que le chiffre des
dommages-intérêts eut été fixé ;
D'où il suit que la présence de Y... dans l'instance étant nécessaire, l'arrêt attaqué a
violé l'article de la loi visé au moyen ;
CASSE.
Cassation
Audience publique du 27 juillet 1948
N° de pourvoi : 48-37523
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Mongibeaux
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me Alcock
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu qu'à bon droit le jugement attaqué décide que l'assurance souscrite par X... pour couvrir la
responsabilité des accidents du travail survenus dans l'exploitation de sa boulangerie a été transmise de
plein droit aux acquéreurs successifs de son fonds de commerce, et en dernier lieu à Y... conformément aux
prescriptions impératives de l'article 19 de la loi du 13 juillet 1930 ;
Attendu, en effet, qu'en visant l'aliénation de la chose assurée, ce texte, disposition générale, ne restreint
pas la transmission de la police au cas d'assurance du risque subi par une chose et doit recevoir application
au cas d'assurance du risque causé par l'exercice de la propriété d'une chose, et comme dans l'espèce, au cas
d'assurance, de la responsabilité encourue dans l'exploitation d'un fonds de commerce déterminé, d'où il
suit que le moyen pris dans sa première branche n'est pas fondé ;
Le REJETTE ;
Attendu que, si la faculté de résiliation de la police réservée à l'acquéreur éventuel de la chose assurée,
auquel ladite police sera transmise de plein droit, ne peut être écartée par une stipulation du contrat
d'assurance, aucune disposition de la loi n'interdit à l'acquéreur de renoncer volontairement à la faculté qui
lui est ouverte, et en particulier de prendre vis-à-vis de son vendeur l'engagement de continuer la police ;
Attendu qu'une telle clause du contrat de vente constitue l'exercice même du droit d'option entre
l'acceptation ou la répudiation de la transmission de la police que l'article 19 ménage à l'acheteur de la
chose, objet d'une assurance ;
Attendu que le jugement attaqué constate que l'acte de vente de la boulangerie acceptée par Y... oblige
celui-ci à prendre en charge les assurances souscrites par les vendeurs ; que, néanmoins, le tribunal
maintient à Y... la faculté de résilier la police d'assurance contre les accidents du travail souscrite à la
Mutuelle-Richelieu, au motif qu'une clause de style ne peut le priver d'un droit qu'il tient de la loi ;
Mais attendu que le jugement attaqué ne conteste pas l'existence de la clause litigieuse claire et précise
dans l'acte de vente et qu'en confondant, ainsi qu'il fait, avec les stipulations du contrat d'assurance
interdites par l'article 2 de la loi de 1930, la convention relative à la continuation de l'assurance intervenue
entre le vendeur et l'acheteur de la boulangerie, au moment même de la vente, le tribunal a violé par fausse
application les textes de loi visés ci-dessus ;
CASSE et ANNULE le jugement rendu entre les parties par le juge de paix de Montreuil-sur-Seine, le 12
janvier 1945, et les renvoie devant le juge de paix de Vincennes.
N° de pourvoi : 48-35142
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Mongibeaux
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me Coutard
Av. Défendeur : Me Morillot
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que la dame X..., après le suicide de son mari, a assigné la Compagnie
l'Urbaine-Vie en payement des indemnités d'assurances stipulées par le défunt, en
vue de ce risque, dans des contrats conclus par lui en 1932, quoique le payement
des primes eût cessé dès 1933 ;
Attendu que l'arrêt attaqué constate que l'Urbaine a régulièrement mis en demeure
l'assuré défaillant, que le suicide est postérieur à l'expiration du délai de vingt jours
après l'envoi de la lettre recommandée qui, aux termes de l'article 16 de la loi du 13
juillet 1930, suspend l'effet de l'assurance et antérieur à l'achèvement du second
délai de dix jours auquel est subordonnée la faculté de résiliation accordée à
l'assureur ; qu'en conséquence, il déclare les contrats suspendus et déboute la
demanderesse ;
Attendu que celle-ci soutient que la sanction de la suspension est exclue en matière
d'assurance sur la vie par l'article 75, alinéa 2, de la même loi ;
Mais attendu que l'article 16, "disposition générale", applicable aux "assurances en
général", détermine les effets successifs de la mise en demeure d'un assuré en retard
et réglemente les formalités requises pour parvenir à la résiliation, en ayant égard à
l'intervention, dans l'intervalle, d'une suspension de plein droit ;
Attendu que l'article 75, spécial aux assurances sur la vie refuse à l'assureur l'action
en payement des primes, et en déduit, qu'"après l'accomplissement des formalités
prescrites par l'article 16", le défaut de payement n'a pour sanction que la résiliation
pure et simple de l'assurance ou la réduction de ses effets ;
Attendu, en effet, que les alinéas 1er et 3 de l'article 75, concernant la non
exigibilité des primes de l'assurance sur la vie et la réduction de plein droit, sous les
conditions par lui fixées, sont conçus en termes absolus et doivent recevoir
application en cas de suspension de la même façon qu'en cas de résiliation ;
Qu'il suit de là que l'arrêt attaqué, loin de violer les textes de loi visés par le moyen
unique, en a fait une exacte application ;
REJETTE.
Publication : Bulletin 1948 N° 187
Les grands arrêts du droit de l'assurance, Claude J. BERR et Hubert GROUTEL,
Sirey, p. 115. Dalloz 1948 p. 389, note P. L.P.. Jurisclasseur Périodique 1948 II N°
ASSURANCE INCENDIE ET
4527, note A.B..
PRESCRIPTION DE L'ACTION EN
INDEMNITECour de Cassation
Chambre civile
N° de pourvoi : 48-36979
Publié au bulletin
Pdt. M. Lyon-Caen
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rey
Av. Demandeur : Me Alcock, Me Talamon
Av. Défendeur : Me Landousy
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que l'arrêt attaqué, réformant le jugement entrepris qui avait accueilli
l'exception de prescription opposée aux consorts X... par leurs assureurs, condamne
ces derniers à verser les sommes prévues aux polices en cas d'incendie des choses
assurées par X... ;
Mais attendu qu'il résulte des qualités et motifs dudit arrêt que le sinistre est
survenu en 1935, que trois experts ont été désignés par ordonnance de référé du 22
février 1936, lesquels ont déposé leur rapport au greffe du tribunal le 8 décembre
1937, que les compagnies et sociétés d'assurances intéressées ont été assignées par
exploits des 9 janvier, 3, 5, 7, 27 février et 22 avril 1940 ;
Attendu que vainement les juges du second degré invoquent au soutien de leur
dispositif le fait que deux des héritiers X... ont été mobilisés le 1er septembre 1939
et prétendent que la prescription a été en conséquence suspendue en vertu du décret
de même date ; qu'en effet, antérieuremnt au 1er septembre 1939, la prescription
était acquise aux assureurs, le délai de deux ans fixé par l'article 25 de la loi de
1930 ayant couru au jour de la désignation des experts ;
D'où il suit qu'en statuant comme elle l'a fait, la Cour d'appel a violé le texte de loi
ci-dessus visé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il soit besoin de statuer sur le second et le troisième
moyen :
CASSE ET ANNULE l'arrêt rendu entre les parties par la Cour d'appel de Douai, le
14 février 1944 ; les renvoie devant la Cour d'appel d'Amiens.
Publié au bulletin
Rapp. M. Delaire
Av.Gén. M. Bloch-Laroque
Av. Demandeur : Me Coutard
Av. Défendeur : Me Le Sueur
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que si l'action de la victime d'un accident contre l'assureur est subordonnée
à l'existence d'une convention passée entre ce dernier et l'auteur de l'accident et ne
peut s'exercer que dans ses limites, elle trouve, en vertu de la loi, son fondement
dans le droit à la réparation du préjudice causé par l'accident dont l'assuré est
reconnu responsable ;
Qu'il suit de là que la prescription édictée par l'article 25 paragraphe 1er de la loi du
13 juillet 1930 s'applique uniquement dans les rapports de l'assuré et de l'assureur,
mais que l'action de la victime contre ce dernier reste soumise à la prescription de
droit commun ;
Attendu que, victimes, le 22 novembre 1930, d'un accident causé par le camion
automobile de Y..., les consorts X... et Z... ont obtenu contre ce dernier une
condamnation à des dommages-intérêts pour réparation du préjudice par eux subi ;
que, leur débiteur s'étant révélé insolvable, ils ont assigné, le 23 janvier 1935, la
Société italienne d'assurances "l'Assicuratrice", qui l'assurait pour les accidents
causés aux tiers, à l'effet d'obtenir le payement de ladite condamnation ;
D'où il suit qu'en décidant que l'action directe des victimes de l'accident causé par
Y... contre l'assureur de ce dernier se trouve prescrite par deux ans à compter du
jour de l'accident, l'arrêt attaqué a violé par fausse application le texte ci-dessus
visé ;
CASSE.
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Frémicourt
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me de Ségogne
Av. Défendeur : Me Alcock
REPUBLIQUE FRANCAISE
La Cour,
Attendu que l'alinéa 2 de l'article susvisé, qui libère l'assureur de l'obligation de garantie
sans décharger l'assuré de l'obligation de payer la prime qui en constituait la contrepartie,
est une disposition exceptionnelle ;
Et attendu que la suspension de la garantie est subordonnée par ledit alinéa 2, en cas de
non payement à l'échéance de l'une des primes, tant à une mise en demeure spéciale
précisant la date de l'échéance qu'à l'accomplissement d'un délai de vingt jours, que, ces
formalités et ce délai étant exigés pour chacune des primes non payées, il s'ensuit que la
suspension est limitée à la période qui s'écoule entre l'effet de la mise en demeure et
l'échéance d'une nouvelle prime, sauf cessation anticipée de la suspension pour l'avenir,
conformément à l'alinéa 4, si le payement de la prime et des frais intervient avant
l'expiration de la période et sauf résiliation, de telle sorte que, malgré le non payement de
la prime arriérée, le contrat reprend tous ses effets pendant la période suivante dont la
prime a été régulièrement acquittée ;
Attendu qu'il est constant que le contrat d'assurance de responsabilité consenti à Y... et à
la demoiselle X... a été suspendu faute de payement de la prime semestrielle échue le 19
décembre 1931 à la suite d'une mise en demeure régulièrement adressée par leur assureur
"La Mutuelle générale française", qu'ultérieurement la compagnie d'assurances a présenté
à ses assurés la quittance de la prime venant à échéance le 19 juin 1932 et en a reçu le
montant ;
Attendu qu'un accident étant survenu le 29 juillet 1932, l'arrêt attaqué, sans avoir égard
au payement de la prime échue le 19 juin précédent, au motif que la suspension de la
garantie résultant du non payement de la prime antérieure n'avait pas cessé, a débouté les
assurés, assignés par la victime, de leur demande en intervention forcée de l'assureur ;
Mais attendu que, la "Mutuelle générale française" n'ayant pas résilié son contrat avant le
19 juin 1932, la suspension de la garantie résultant de la précédente mise en demeure
avait cessé de plein droit pour l'avenir à l'échéance de la nouvelle prime, d'où il suit qu'en
statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a faussement appliqué et par suite violé le
texte susvisé ;
Sur la seconde branche du moyen unique ;
Attendu qu'au soutien de son dispositif l'arrêt attaqué allègue qu'il n'est pas nettement
établi que l'instance civile actuelle de la victime de l'accident contre les assurés ait été
portée en temps opportun à la connaissance de la compagnie d'assurances ;
Mais attendu que cette circonstance n'est pas de nature à justifer la suspension de la
garantie et que, si la cour d'appel en a voulu déduire implicitement une déchéance
conventionnelle, il lui appartenait de s'expliquer sur les modalités de l'obligation imposée
aux assurés par le contrat d'assurance, sur le délai imparti, et sur la sanction en ayant
égard aux dispositions de la loi du 13 juillet 1930 ;
Qu'en s'abstenant comme il l'a fait de toute précision, l'arrêt attaqué ne fournit pas les
motifs permettant à la Cour de cassation d'exercer son contrôle ;
CASSE.
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Frémicourt
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me Labbé
Av. Défendeur : Me Talamon
REPUBLIQUE FRANCAISE
La Cour,
Attendu qu'il résulte tant des motifs adoptés par l'arrêt attaqué que des motifs propres de
celui-ci, que Y..., conduisant sa voiture en marche arrière, a renversé, le 8 avril 1936, la
dame X..., que la victime aussitôt relevée parut être dans son état normal, qu'elle ne
portait pas de traces de contusions et n'a pas signalé la fracture du poignet que sa chute
lui avait causée, qu'elle a tenu à regagner son domicile par ses propres moyens, que Y...
n'a eu connaisance de ladite fracture que le 16 mai 1936 lors de son interrogatoire sur la
plainte déposée par la victime ;
Attendu que les juges du fond ont pu déduire de ces faits souverainement constatés que
l'avis du sinistre, envoyé à l'assureur de responsabilité le 16 mai 1936, plus de cinq jours
après l'accident, avait été donné sans retard, l'assuré n'étant pas en mesure avant cette
date de conjecturer personnellement les conséquences préjudiciables de la collision, que
l'attitude de la dame X... l'autorisait à tenir pour négligeables ;
Attendu, en effet, que la clause de déchéance écrite dans l'article 3 des conditions
générales de la police litigieuse ne peut intervenir que dans les limites fixées par le texte
impératif de l'article 15, 4° de la loi du 13 juillet 1930, duquel résulte que le délai
maximum de cinq jours imparti à l'assuré pour aviser la compagnie d'assurances a pour
point de départ la connaissance du sinistre par l'assuré, c'est-à-dire la connaissance à la
fois de l'événement et de conséquences éventuellement dommageables de nature à
entraîner la garantie de l'assureur de responsabilité ;
D'où il suit que l'arrêt attaqué n'a pas violé les textes visés par le premier moyen ;
Rejette ce moyen ;
Attendu que la cour d'appel, après avoir repoussé l'exception de déchéance opposée à
Y..., a condamné la compagnie "Le Soleil" à payer à son assuré 1500 francs à titre de
dommages-intérêts pour réparer les conséquences de son refus injustifié de prendre la
défense de celui-ci devant les juridictions correctionnelles saisies sur la plainte de la
victime ;
Mais attendu qu'il appartenait aux juges du fond d'établir au préalable l'obligation de la
compagnie d'assurances de défendre l'assuré en justice, malgré l'existence d'une
contestation sérieuse sur la déchéance alléguée contre ce dernier, alors que la compagnie
d'assurances ne pouvait exécuter l'une de ces prestations d'assurance sans renoncer par là-
même au bénéfice de la déchéance litigieuse ;
Attendu que la police souscrite par Y... et produite par la compagnie "Le Soleil", qui
comprend dans la garantie les honoraires et frais de toute nature occasionnés par les
instances judiciaires et qui consent à l'assureur le pouvoir de diriger le procès au nom de
l'assuré, ne détermine pas en termes clairs et précis qui pourraient soutenir le dispositif de
l'arrêt attaqué que le mandat conféré à l'assureur dans son intérêt et dans l'intérêt commun
devrait être exercé dans l'intérêt de l'assuré, même lorsqu'il serait contraire à l'intérêt de
l'assureur ;
D'où il suit qu'en statuant comme elle l'a fait la cour d'appel n'a pas fourni les motifs de
sa décision et qu'elle doit être déclarée nulle en la forme ;
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Frémicourt
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me Labbé
Av. Défendeur : Me Defert
REPUBLIQUE FRANCAISE
LA COUR,
Attendu qu'en l'état de ces constatations de fait souveraines, la cour d'appel a fait à bon
droit application du texte susvisé ;
Attendu que la réduction de l'indemnité d'assurance accordée à l'assureur par l'article 22,
alinéa 3 susvisé, dans le cas de la constatation après réalisation du sinistre d'une réticence
non frauduleuse de la part de l'assuré, susceptible d'avoir exercé une influence sur
l'opinion du risque, n'est subordonnée qu'à la seule condition d'une aggravation du risque
par rapport aux déclarations de l'assuré, cette aggravation justifiant, quels que soient le
caractère de l'assurance et les tarifs des primes, une majoration de la prime normale
prévue par la police, majoration qu'il appartient aux juges du fond d'évaluer
équitablement en fait ;
Attendu cependant que l'arrêt attaqué condamne, malgré la réticence de X..., la
compagnie "La Participation" à verser aux ayants droit de l'assuré l'indemnité garantie,
sans envisager une réduction, aux motifs qu'en matière d'assurance individuelle
l'omission de la déclaration des assurances cumulatives n'est pas de nature à influencer
l'opinion du risque et que les primes en fonction desquelles est calculée l'indemnité sont
immuables ;
CASSE.
N° de pourvoi : 47-33699
Publié au bulletin
Pdt. M. Laroque
Rapp. M. Rossignol
Av.Gén. M. Dorel
Av. Demandeur : Me Marillot
Av. Défendeur : Me Texier
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que, sauf conventions contraires, les risques terrestres garantis par une
police d'assurance maritime, en considération du voyage de mer, sont soumis aux
règles de l'assurance maritime ;
Attendu que des qualités et des motifs de l'arrêt attaqué il résulte que la Compagnie
de Construction de Fours a fait transporter par la Compagnie de Navigation Busck,
de France à l'usine à gaz du Hamma à Alger, des briques réfractaires qui parvinrent
avariées ;
Mais attendu que la police énonçait expressément que le contrat constituait une
assurance maritime sur facultés et qu'aux termes de son article 27, les
marchandises, moyennant une surprime, étaient couvertes pour la partie non
maritime du voyage depuis l'expédition de l'intérieur jusqu'à l'arrivée au point
extrême de destination ;
Que dès lors, ce contrat, qui régissant en son entier, le transport litigieux, était
soumis aux règles du droit maritime et notamment à celles de l'article 435 du Code
de commerce non exclues par la police couvrant les cinq premières expéditions ;
Que la forclusion édictée par ce texte avait été justement opposée par la Compagnie
d'assurance, faute par le chargeur d'avoir, à son égard, fait suivre ses protestations
d'une demande en justice, dans le mois de leur date ;
D'où il suit qu'en statuant comme elle l'a fait à l'encontre de la Compagnie La
Union et le Phenix Espagnol, la Cour d'appel a violé le texte ci-dessus visé ;
ASSURANCE
Décision attaquée : Cour d'Appel de Paris, 1940-10-22
N° de pourvoi : 47-33468
Publié au bulletin
P.Pdt M. Mongibeaux
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rey
Av. Demandeur : Me Rouvière
Av. Défendeur : Me Célice
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Sur le moyen unique :
Attendu que l'arrêt attaqué condamne, d'une part, la compagnie l'Europe, assureur
du risque locatif de X..., assignée par la compagnie L'Union, assureur du bailleur de
l'immeuble sinistré, à lui rembourser, dans les limites du contrat d'assurance de
responsabilité, l'indemnité par elle versée à son assuré Léon Y..., père de X...,
d'autre part X... aux dépens de l'instance en déclaration d'arrêt commun dirigée
contre lui ; attendu que la cour d'appel constate pour soutenir sa décision que X...
ne vit pas habituellement au foyer de son père ; que la police souscrite par ce
dernier réserve à la compagnie L'Union le droit d'exercer contre l'assureur du risque
locatif de son fils le recours qu'elle renonce à exercer contre le fils personnellement
;
Mais attendu que les enfants bénéficiaires de la dérogation prescrite par l'alinéa 3
de l'article 36 le sont en cette seule qualité, qu'ils vivent ou non au foyer de
l'assuré ; et attendu que l'assureur de dommages auquel est refusée, par une
disposition d'ordre public, la subrogation dans les droits de leur assuré contre un
fils responsable ne saurait prétendre à la garantie de l'assureur de la responsabilité
du fils parce qu'à défaut de l'attribution légale de l'indemnité due à ce dernier il
n'est investi d'aucun droit propre contre lui et qu'en vertu de l'article 50 de la loi de
1930 la garantie à laquelle est obligé l'assureur de responsabilité est subordonnée à
une réclamation émanant de la personne lésée ou de ses ayants droit ;
D'où il suit qu'en statuant comme il l'a fait, l'arrêt attaqué viole les textes de loi ci-
dessus visées ;
CASSE.
ASSURANCE
Décision attaquée : Cour d'Appel de Bourges 1940-02-14
N° de pourvoi : 48-37523
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Mongibeaux
Rapp. M. Lerebours-Pigeonnière
Av.Gén. M. Rateau
Av. Demandeur : Me Alcock
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu qu'à bon droit le jugement attaqué décide que l'assurance souscrite par X...
pour couvrir la responsabilité des accidents du travail survenus dans l'exploitation
de sa boulangerie a été transmise de plein droit aux acquéreurs successifs de son
fonds de commerce, et en dernier lieu à Y... conformément aux prescriptions
impératives de l'article 19 de la loi du 13 juillet 1930 ;
Le REJETTE ;
Attendu qu'une telle clause du contrat de vente constitue l'exercice même du droit
d'option entre l'acceptation ou la répudiation de la transmission de la police que
l'article 19 ménage à l'acheteur de la chose, objet d'une assurance ;
CASSE et ANNULE le jugement rendu entre les parties par le juge de paix de
Montreuil-sur-Seine, le 12 janvier 1945, et les renvoie devant le juge de paix de
Vincennes.
Publication : Bulletin 1948 N° 241
Les grands arrêts du droit de l'assurance, Claude J. BERR et Hubert GROUTEL,
Sirey, p. 36. Dalloz 1948 p. 565, note P. L.P..
Décision attaquée : Juge de paix de Montreuil-sur-Seine, 1945-01-12
N° de pourvoi : 53-41272
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Picard
Rapp. M. Betolaud
Av.Gén. M. Gavalda
Av. Demandeur : Me Célice
Av. Défendeur : Me Coutard
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que l'article 17 de la loi du 13 juillet 1930, s'il réglemente les formes et les
conséquences de la déclaration d'une aggravation survenue pendant le cours du contrat
d'assurance, ne comporte aucune disposition concernant le cas de réticence ; que l'article
22 de la même loi sanctionne par la généralité de ses termes toute omission non
intentionnelle de la part de l'assuré d'une déclaration dont il était tenu ;
Attendu qu'il ressort de l'arrêt attaqué que, postérieurement à la signature des polices
assurant leurs bâtiments industriels à un certain nombre de compagnies, les
Etablissements Rochet-Schneider ont mis en communication des locaux contigus qui
étaient assurés moyennant des taux différents ; que cette aggravation du risque ayant été
constatée par l'inspecteur d'une des Compagnies, une majoration de prime fut demandée
en vertu d'avenants d'augmentation, auxdits établissements ; que ceux-ci refusèrent de
consentir la surprime et déclarèrent la police résiliée, bien que les Compagnies
d'Assurances eussent par la suite renoncé à toute majoration ;
Mais attendu que l'article 22 de la même loi, seul applicable en la cause, subordonne la
résiliation du contrat à l'accomplissement d'un délai après la notification de la volonté de
l'assureur par lettre recommandée à charge de restituer la portion de la prime payée pour
le temps où l'assurance ne court plus ; qu'ainsi la résiliation est une faculté que la loi
réserve au seul assureur, lorsque l'assuré, ayant omis de déclarer une aggravation des
circonstances spécifiées dans la police, n'accepte pas un nouveau taux de prime ; que
l'assuré, continuant à bénéficier jusque là de la garantie, ne saurait prendre l'initiative de
la rupture du contrat ; que, dès lors, en statuant comme il l'a fait, l'arrêt attaqué a violé les
textes susvisés ;
CASSE ET ANNULE l'arrêt rendu entre les parties par la Cour d'Appel de Chambéry, le
27 novembre 1945.
Publication : Bulletin 1953 N° 2
Les grands arrêts du droit de l'assurance, Claude J. BERR et Hubert GROUTEL, Sirey, p.
105.
Décision attaquée : Cour d'Appel de Chambéry, 1945-11-27
N° de pourvoi : 56-02121
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Battestini
Rapp. M. Astié
Av.Gén. M. Jodelet
Av. Demandeur : Me Copper-Royer
Av. Défendeur : Me Coulet
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que X..., blessé par un véhicule appartenant aux Etablissements Pletsch,
assurés contre les accidents à la compagnie "Eagle Star", ayant exercé contre celle-
ci l'action directe et obtenu une indemnité, cette compagnie a assigné l'assuré en
remboursement des sommes par elle versées en se fondant sur la déchéance prévue
au contrat en cas de déclaration tardive du sinistre ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué d'avoir déclaré cette action
irrecevable comme dérivant du contrat d'assurance, et atteinte dès lors par la
prescription biennale, alors que l'action directe trouvant sa source dans la loi et non
dans le contrat, l'action récursoire de l'assureur ne découle pas davantage de ce
contrat, mais du payement effectué et n'est donc pas soumise à la prescription
biennale ;
En conséquence :
Attendu que l'événement qui donne naissance à l'action de l'assureur contre l'assuré
en remboursement des sommes qu'il a versées à la victime d'un accident ayant
exercé à son encontre l'action directe est le fait même du payement ainsi effectué ;
CASSE ET ANNULE, mais dans la limite du second moyen, l'arrêt rendu entre les
parties par la Cour d'appel de Paris le 9 juillet 1952, et les renvoie devant la Cour
d'appel d'Orléans.
Publié au bulletin
P.Pdt. M. Battestini
Rapp. M. Astié
Av.Gén. M. Jodelet
Av. Demandeur : Me Lemanissier, Me Célice
Av. Défendeur : Me Copper-Royer
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Et d'abord sur la recevabilité de l'intervention formée devant la Cour de Cassation par l'Association
nationale des Avocats :
Attendu qu'une partie, n'ayant pas figuré dans l'instance qui donne lieu au pourvoi, est recevable à
intervenir devant la Cour de Cassation à la condition de justifier de circonstances exceptionnelles et de son
intérêt ;
Attendu que l'Association, que des statuts autorisent "à ester en justice pour y défendre les intérêts
généraux de la profession lorsqu'ils seront lésés", est fondée à intervenir dans un litige relatif à un contrat
de défense en justice dont les clauses limitent la liberté de souscripteurs dans le choix de leurs avocats ;
Attendu qu'il est fait grief à la Cour d'avoir déclaré l'appel de la Société Boulogne-Marée recevable, au
motif qu'il s'agissait d'une demande en nullité d'un contrat, donc indéterminée alors que l'action du Lloyd
Contentieux tendait au payement d'une somme de 13280 francs, inférieure au taux du dernier ressort et que
la société n'a invoqué la nullité de la convention que par voie d'exception ;
Mais attendu que le moyen de défense tend directement à éviter la condamnation réclamée, et que par la
demande reconventionnelle, le défendeur poursuit une condamnation du demandeur à son profit ; que si en
l'obtenant, il évite celle qui le menaçait lui-même ce n'est là qu'une conséquence indirecte ; qu'en la cause,
la Société Boulogne-Marée invoquant la nullité du contrat litigieux formulait une demande
reconventionnelle, qui portant sur l'ensemble des prestations dudit contrat, était indéterminée ; qu'ainsi,
l'appel était recevable et que le moyen n'est donc pas fondé ;
Attendu qu'il est encore reproché à la Cour d'appel d'avoir accueilli l'intervention de l'Ordre des avocats à
la Cour de Paris, alors qu'il ne justifie pas d'un intérêt propre et direct le rendant recevable à intervenir et
que le contrat litigieux n'est pas de nature à porter atteinte aux droits, prérogatives et privilèges de cette
corporation ;
Mais attendu que les clauses de défense en justice devant les juridictions civile, commerciale,
administrative ou répressive auxquelles la Cour s'est référée retirent aux souscripteurs la liberté dans le
choix de leurs avocats ; que les juges du second degré, ayant rappelé que l'Ordre "a dans ses attributions la
défense des droits des avocats" qui pouvaient ainsi être menacés, ont justement accueilli l'intervention du
Conseil de l'Ordre ;
Attendu que, selon le pourvoi, l'arrêt infirmatif attaqué aurait, à tort, prononcé la nullité du contrat litigieux
qu'elle a considéré, en ce qui concerne la défense en justice, comme une convention d'assurance, alors que
la clause relative à cet objet n'est qu'un élément accessoire d'un contrat d'entreprise et de mandat salarié et
que les éléments d'un contrat d'assurance ne se retrouvent pas en l'espèce ;
Mais attendu tout d'abord, que la Cour a relevé l'existence d'un risque constitué par le payement des frais
de procès, événement futur, incertain, indépendant de la volonté des parties, risque que ne supprime pas la
clause d'arbitrage ; qu'elle a reconnu également l'existence du payement d'une "somme fixe et forfaitaire ...
qui présente bien le caractère d'une prime", et d'une "prestation de l'assureur ... représentée par le
remboursement des honoraires des avocats et des dépens taxables qui constitue bien un dédommagement et
par suite, une indemnité" ; qu'en l'état de ces constatations, elle a pu considérer, sans dénaturation, ni
contradiction, que les dispositions susvisées constituaient une convention d'assurance et en prononcer la
nullité, pour inobservation des prescriptions du décret-loi du 14 juin 1938 ;
Attendu enfin, que par une interprétation souveraine du contrat litigieux et de la commune intention des
parties, les juges du second degré ont décidé que les autres clauses, relatives à des prestations de services,
n'étaient "que l'accessoire de la convention principale de défense aux procès qui est le but du contrat", que
c'est donc, à bon droit, qu'ils les ont déclarées "atteintes par la nullité générale de la convention" ; qu'ainsi
le troisième moyen n'est pas mieux fondé que les deux premiers ;
D'où il suit que l'arrêt attaqué, qui est motivé, a légalement justifié sa décision ;
N° de pourvoi : 74-12918
Publié au bulletin
M. Bellet
M. Fardel
M. Granjon
Demandeur MM. Spinosi, Cail, Goutet
Défenseur M. Boré
REPUBLIQUE FRANCAISE
QUE LE MEME ARRET, MOTIF PRIS DE CE QUE D. AVAIT COMMIS DES FAUTES
INTENTIONNELLES, L'A DEBOUTE DES RECOURS EN GARANTIE QU'IL AVAIT DIRIGES CONTRE
LES COMPAGNIES LA WINTHERTHUR ET MUTUELLE GENERALE FRANCAISE
ACCIDENTS,ASSUREURS DE SA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE;
QU'IL RELEVE, ENCORE QU'IL N'A RIEN FAIT POUR SAVOIR SI LES GARANTIES OFFERTES
AVAIENT UNE VALEUR QUELCONQUE;
SUR LE SECOND MOYEN : ATTENDU QU'IL EST ENCORE FAIT REPROCHE A L'ARRET ATTAQUE
D'AVOIR REJETE LA DEMANDE EN GARANTIE QUE D. AVAIT FORMEE CONTRE
SON CONFRERE DASSY " AU MOTIF QU'IL N'EST PAS DEMONTRE QUE LA VICTIME AURAIT SUBI
UN PREJUDICE SI LE DEFENDEUR N'AVAIT PAS LUI-MEME COMMIS UNE FAUTE ALORS QUE LA
SEULE CONDITION EXIGEE POUR L'EXERCICE D'UN APPEL EN GARANTIE CONTRE UN TIERS
EST LA PREUVE D'UNE RELATION DIRECTE ENTRE LE FAIT GENERATEUR DE LA
RESPONSABILITE ET LA FAUTE RELEVEE A L'ENCONTRE DU TIERS ET NON PAS LE MANQUE
D'IMPUTABILITE DU PREJUDICE AU DEFENDEUR EN RESPONSABILITE ";
MAIS ATTENDU QUE LES JUGES DU FOND QUI, A BON DROIT, N'ONT RELEVE AUCUNE FAUTE
CONTRE DASSY, ONT, PAR LA MEME, JUSTIFIE LEUR DECISION;
D'OU IL SUIT QUE LE SECOND MOYEN N'EST PAS MIEUX FONDE QUE LE PRECEDENT;
PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU LE 16 AVRIL 1974
PAR LA COUR D'APPEL DE DOUAI
Publication : Bulletin des arrêts Cour de Cassation Chambre civile 1 N. 287 P. 240
Note A.B. Rev. Gén. Ass. Terr. 1976 p. 189
Décision attaquée : Cour d'Appel Douai (Chambre 1 ) 1974-04-16
Titrages et résumés ASSURANCE EN GENERAL - Garantie - Exclusion - Faute intentionnelle ou dolosive -
Définition - Volonté de provoquer le dommage.
L'arrêt qui constate qu'un notaire, chargé par un de ses clients de réaliser un prêt garanti par une hypothèque de
premier rang, a utilisé les fonds pour rembourser le premier porteur de deux grosses créées en son étude assorties
de sûretés de second et de quatrième rang et a transmis ces grosses à son client sans s'assurer que les garanties
ainsi offertes avaient une valeur quelconque, alors que deux jours plus tard lui parvenait une sommation
préalable à la saisie hypothécaire, en déduit, sans se contredire, pour écarter la garantie de l'assureur du notaire,
que cet officier public n'a pas commis une simple négligence, mais a sacrifié en connaissance de cause les
intérêts de son client.
Précédents jurisprudentiels : CF. Cour de Cassation (Chambre civile 1) 1973-02-20 Bulletin 1973 I N. 66 (2) p.
62 (REJET) . CF. Cour de Cassation (Chambre civile 1) 1974-06-12 Bulletin 1974 I N. 181 (2) p. 158 (REJET)
ET LES ARRETS CITES